Depuis quelques jours, des résultats de la campagne d’adhésion de l’UPR circulent dans la capitale. Les commissions de supervision dépêchées à l’intérieur du pays et dans les différentes Moughataa de la capitale ont remis leurs copies, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les chiffres sont plus que surprenants ; ils dépassent même l’endentement.
En effet, si en décidant de redynamiser son parti, le président Aziz voulait, en même temps l’assainir en le dégraissant, avec un nombre d’adhérents respectable et crédible, c’est semble-t-il raté. Parce que, selon différents chiffres avancés, ça y est là, le nombre d’adhérents a atteint près de 1, 2 millions. Le défunt PRDS n’aurait pas fait mieux. Les rumeurs placent à la tête du palmarès, le Hodh El Gharbi où le premier ministre se serait fait battre par l’actuel Wali du Brakna, au niveau de son fief, Djigueni, en nombre d’unités de base. Arrive en 2e position, la Wilaya du Brakna où le bouillant ministre de l’économie et des finances, Moctar Ould Diaye livrerait une rude bataille contre le camp du général Meguet, directeur de la Sûreté.
Résultat des courses, la Moughtataa de Maghta Lahjar, fief du premier, aurait triplé le nombre des inscrits lors des dernières municipales et législatives. Il en va de même presque pour Aleg où les proches du général ont battu le rappel des troupes. Il semble que les différents acteurs ou rivaux politiques du pays n’ont pas lésiné sur les moyens dans la mobilisation des citoyens. La question que l’on est en droit de se poser est de savoir si, comme annoncé à la veille du démarrage de la campagne d’adhésion, la présence physique des candidats a été appliquée. En tous les cas, les acteurs politiques qui se sont livrés à une rude compétition risquent de se retrouver avec un sérieux problème, le jour de vote pour la constitution des unités de base, dans la mesure où, certains se seraient inscrits ailleurs pour le compte de leur terroir ou de leurs amis. Les adhérents doivent être présents pour voter.
Autre question que se pose l’opinion, quelques jours avant la mise en place des instances de base, c’est de savoir si le président Aziz va se laisser rouler dans la farine en acceptant de passer la moisson que les missions lui ont rapportée, avec des chiffres que certains, même au sein de l’UPR n’hésitent pas à qualifier de « fantaisistes » et d’ « inacceptables » . Leur crédibilité est fortement mise en doute par de nombreux observateurs lesquels de demandent si le Rais ne porte pas, lui-même une part de responsabilité face à cette ruée vers son parti. En Effet, en laissant croire qu’il prendrait la tête de ce parti, après la fin de son mandat en 2019, ou que les unités de base conditionneraient désormais toute promotion ou enfin qu’il n’entend pas tout simplement lâcher le pouvoir, mieux, qu’il en contrôlerait l’essentiel, le président Aziz n’aurait-il pas lui-même contribué à fausser le jeu ?
Plus inquiétant, ce chiffre d’inscrits qui circule à Nouakchott et un peu partout, montre qu’il n’existe pas de place pour l’ensemble des autres partis politiques de la majorité et de l’opposition. Dès lors, on peut se demander si les élections en vue ne viendraient pas les achever complètement, si tant est que tous ces adhérents votent pour ce parti. Un véritable danger pour la démocratie mauritanienne. Rappelons que le nombre d’inscrits mauritaniens n’avait pas atteint 800 mille lors des dernières élections locales.
Enfin, face à cette situation, le président Mohamed Ould abdel Aziz se laissera-t-il abuser? Le report au lundi prochain du dîner qui devrait être organisé au profit des présidents des commissions de supervisions serait-il un signe annonciateur ? En tout cas, ils sont nombreux, au sein même de l’UPR , ces mauritaniens qui attendaient une dose de crédibilité pour ce parti-état, et qui se retrouvent, avec ce résultat, complètement déçus, voire dégoutés. Leurs regards sont tournés vers le palais, seul recours. Que dira le président Aziz ?
Wait and see !
source lecalame.info