La Mauritanie vit une crise de légumes sans précédent. La fermeture d’El Guergueratt, unique passage de plusieurs camions transportant les fruits, les légumes et autres produits alimentaires, voire industriels par les éléments du Polisario a occasionné non seulement le manque en légumes à Nouakchott mais en même temps, la flambée de ses produits vitaux dans le marché. Comme tout le monde le sait, nos commerçants, connus pour leur promptitude à faire valser les étiquettes à chaque «crise » n’ont pas hésité à profiter du malheur des consommateurs pour augmenter le prix des légumes. Les nombreux camions qui descendent du Maroc pour approvisionner la Mauritanie et les pays ouest africains sont bloqués à Guergueratt.
En moyenne, 150 camions transportant des marchandises empruntent chaque jour ce passage vers la Mauritanie et l’Afrique de l’Ouest avant de remonter vers le royaume chérifien.
Le blocage du poste frontalier a eu de grosses conséquences sur le marché mauritanien de légumes et sur le panier de la ménagère. Les hangars de stockage des marocains situés au marché de la SOCIM également appelé marché mosquée marocaine, sont presque tous vides ; les nombreuses revendeuses de la banlieue qui prennent d’assaut ce marché pour approvisionner leurs quartiers respectifs sont dépitées. Elles ne savent plus à quel saint se vouer. Les quelques rares commerçants disposant de quelques stocks ont rapidement fait monter les prix. Les petits commerçants venant essentiellement du Brakna ( Boghé) et du Trarza ne pèsent pas lourd devant la demande de la capitale. Et face à cette situation qui perdure, les mauritaniens demeurent suspendus à la réouverture du passage de Guergueratt sur lequel gouvernement n’a semble-t-il aucune prise.
Et la question que l’on se pose depuis cette crise de légumes est de savoir pourquoi les autorités mauritaniennes n’ont pas sollicité leurs homologues du Mali et du Sénégal pour approvisionner le marché mauritanien et partant endiguer la flambée des prix. Pourquoi les commerçants mauritaniens ne partent pas s’approvisionner dans ces deux pays frères ? La production locale de légumes en provenance des régions du sud du pays ou des régions oasiennes ne suffisent pas à répondre à la demande des consommateurs. En cette période d’automne, ces deux pays peuvent constituer une alternative en attendant de régler ce problème de Guergueratt qui étrangle le marché mauritanien. Cette crise vient rappeler aux autorités mauritaniennes que l’autosuffisance en ceci ou cela n’est pas qu’un slogan. Elle doit se matérialiser à travers une production conséquente en produits vitaux.
Les milliards annoncés à chaque lancement de la campagne agricole n’ont visiblement pas permis de satisfaire les besoins du pays en riz encore moins en légumes alors que le pays dispose et de la terre, de l’eau et des bras. Le gouvernement serait bien avisé en créant les conditions pour les agriculteurs traditionnels à diversifier et accroitre leurs productions afin d’approvisionner le marché national et lui éviter de pareils désagréments que nous vivons depuis que Guergueratt est fermé. Jusqu’à quand va durer cette pénurie en légumes ? Quelques heures avant de coucher ces lignes, une source de la presse annonce l’arrivée au PANPA d’un bateau en provenance du Maroc, transportant des légumes. Cette rotation va-t-elle permettre de régler le problème ou c’est tout simplement une solution provisoire ?
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