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La colonisation espagnole du territoire du Sahara occidental a débuté en 1884. L’occupation espagnole a duré 91 ans, et n’ont quitté le territoire désertique qu’en 1975, après la signature de l’accord de Madrid par l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie.
Vers la fin des années 50, plusieurs pays dans le monde se libéraient du joug de la colonisation. Après avoir retrouvé son indépendance des Espagnols (région du Rif) et des Français en 1956, le Maroc réclamait le départ des troupes espagnoles sur d'autres territoires occupées : enclaves et Sahara occidental.
Cependant, le Maroc n’était pas le seul pays à demander à ce que l’Espagne se retire du Sahara, la Mauritanie ndépendante depuis 1960, réclamait également ce territoire. Pour Nouakchott, le Sahara allait permettre de compléter son unité territoriale, et rassembler les Bidanes (groupe ethnique mauritanien) qui sont une composante essentielle de la société mauritanienne.
L’Algérie a exprimé sa neutralité dans le dossier et n’a fait que soutenir le Maroc et la Mauritanie dans sa lutte pour retrouver l’indépendance de cette région du joug espagnol. Ceci s’est passé lors d’une conférence organisée à Nouadhibou (Nord-ouest de la Mauritanie), en 1970, en présence du roi Hassan II, du président de la Mauritanie Ould Daddah et du président algérien Houari Boumédiène.
Au même moment naissaient plusieurs mouvements locaux au Sahara occidental, dont certains en faveur du Maroc, d’autres pour la Mauritanie. Mais un troisième groupe a émergé de cette période, en faveur de l’indépendance du Sahara, dirigé par le front Polisario fondé en mai 1973 et marqué à gauche.
Le début de la fin
Des signes avant-coureurs dénotaient de la fin de la colonisation espagnole, tels que la maladie du général Franco et son âge avancé, ainsi que l’assassinat de son bras droit et président du gouvernement Luis Carrero, par l’organisation indépendantiste basque d'extrême gauche ETA, le 20 décembre 1973.
C'est dans ce contexte que le Maroc a déposé une demande au secrétaire général des Nations unies et au gouvernement espagnol le 23 septembre 1974. Objectif : récupérer sa légitimité sur le territoire et renvoyer le dossier à la Cour internationale de La Haye (Pays-Bas) pour qu’elle émette un avis consultatif. L’assemblée générale a accédé à la demande du Maroc et a renvoyé le dossier à la Cour internationale. Cette dernière a organisé 27 séances publiques entre le 25 juin au 30 juillet 1975, avant d’émettre son avis consultatif le 16 octobre dans un document d’une soixantaine de pages.
La Cour internationale a constaté l’existence de liens sociaux, spirituels et politiques entre les habitants du territoire, le Maroc et la Mauritanie. L’organisme judiciaire onusien a affirmé que le territoire n’était pas vide avant l’occupation espagnole et que les relations entre les locaux, le Maroc et la Mauritanie n’avaient pas atteint la souveraineté pour que cela influe sur le choix des locaux sur leur avenir politique.
Le jour de l’annonce du rapport de la Cour internationale, le roi Hassan II avait adressé un discours à la télévision nationale où il invitait les Marocains à organiser la Marche verte en direction du Sahara, appelé à l’époque «Sahara espagnol». Le 6 novembre a eu lieu la Marche verte qui a connu la participation de 350 000 personnes.
Signature de l’accord de Madrid
L’Espagne connaissait à ce moment-là une instabilité au niveau de son gouvernement (le président du pays était mourant), et craignait le déclenchement d’une guerre avec le Maroc suite à tous ces événements. D’autant plus que son voisin, le gouvernement du Portugal s’est fait renverser, suite aux guerres coloniales au Mozambique et en Angola. L’Espagne craignait de tomber dans le même piège.
Ainsi, pour préserver le maximum d’intérêts dans la région, l’Espagne a accepté d’entamer des négociations directes avec le Maroc et la Mauritanie. Après deux jours de négociations, les trois partis ont signé l’accord de Madrid, le 14 novembre 1975. L’accord indiquait que le Sahara allait être divisé en deux parties entre le Maroc et la Mauritanie. Cette dernière s’est vu octroyer la région de Oued Eddahab, et le Maroc a pris la région de Sakia El Hamra. En contrepartie, l’Espagne a continué d’exploiter le phosphate dans les mines de Boukraâ et a pu conserver des bases militaires face aux îles canaries.
L’après accord de Madrid
Le front Polisario, soutenu par l’Algérie, la Libye et des régimes socialistes de par le monde a entamé sa guerre contre le Maroc et la Mauritanie, après la signature de l’accord de Madrid.
En juillet 1978, retournement de situation. La Mauritanie connaît un coup d’Etat militaire : Mokhtar Ould Daddah, allié du Maroc perd son poste de président, à sa place au pouvoir, le chef de l’armée Mohamed Ben Mohamed Essalek. Les dirigeants de Nouakchott à ce moment décident de se soustraire des obligations signées lors de l’accord de Madrid.
L’Algérie intervient et organise des négociations entre le front du Polisario et la Mauritanie les 3 et 4 août 1979. Les deux partis signnt un accord de paix, où la Mauritanie se retire officiellement de l’accord de Madrid. Les autorités mauritaniennes ont ordonné à leur armée de se retirer de la région d’Oued Eddahab pour la laisser aux milices du Polisario.
Les FAR se déploient à travers Oued Eddahab
Devant cette nouvelle situation politique, le Maroc devait intervenir rapidement. Le roi Hassan II a ainsi ordonné aux Forces armées royales d’entrer dans la région d’Oued Eddahab pour faire échouer le plan du Polisario et son allié algérien. Avant même que l’encre de l’accord entre le front séparatiste et le pays voisin ne sèche, les Forces armées royales se déployaient déjà à Oued Eddahab.
Le 14 août 1979, un certain nombre de Oulémas et de chefs de tribus de Oued Eddahab se sont rendus à la capitale Rabat pour prêter allégeance à feu le roi Hassan II.
Six jours plus tard, le ministère de l’Intérieur a sorti le décret numéro 2.79.659 qui indiquait la création de la municipalité Oued Eddahab. Le 4 mars 1980, Hassan II s’est dirigé vers Dakhla, capitale de la région, et y a organisé la cérémonie d’allégeance qui a lieu lors de la fête du Trône. A travers cet acte, le Maroc envoyait plusieurs messages forts au front Polisario et à l’Algérie.