Depuis que Sherpa a commencé à dénoncer certains abus dans la gouvernance économique de la Mauritanie, certaines plumes au service du pouvoir sont montées au créneau pour épingler cette organisation et son président l’avocat William Bourdon. Ce ténor du barreau parisien eut droit à toutes sortes d’insultes et de sobriquets sur la base de jeux de mots souvent, du plus mauvais goût. Dans sa dernière interview au Magazine Jeune Afrique, Ould Abdel Aziz lui même, a affirmé que sans la Mauritanie, Sherpa, entièrement financée par Bouamatou, n’existerait pas. Ignorant ou feignant d’ignorer que cet avocat ne boxe pas dans la même catégorie que Jemal Taleb Mohamed du cabinet Clyde&co que le président Aziz a nommé ambassadeur itinérant et auquel il confie des dossiers publics importants (SNIM, BUMI, Sonimex etc). Celui-ci et son mentor Eric Diamantis ne manque aucune occasion pour s’en prendre à leur confrère pour le présenter aux yeux des autorités mauritaniennes comme un avocat sans envergure et en mal de sensationnel.
Mais le magazine spécialisé Gentleman’s Quaterly qui publie annuellement un classement des trente meilleurs avocats de la place parisienne vient de leur infliger un démenti cinglant. En effet, dans son édition de Mars 2018, William Bourdon occupe la première place dans ce classement qui est une référence.
Quand à l’assertion consistant à dire que Sherpa et William Bourdon ne s’intéressent qu’à la Mauritanie et à son régime, jugeons-en !
Sherpa, l'ONG qu'il préside, spécialisée dans la défense des victimes de crimes économiques, avait porté plainte contre Xavier Huillard, le PDG du géant français du BTP Vinci pour des faits d'esclavage au Qatar.
Le concept des biens mal acquis,
Dans le gotha des avocats depuis 1980, engagé à gauche, l'ancien secrétaire général de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) avait pour idoles : les avocats humanistes Robert Badinter et Henri Leclerc. Sa première grande affaire : le dictateur chilien Augusto Pinochet, jugé post mortem. Depuis, il ne cesse de plaider pour les causes « justes ». Face aux difficultés des justices nationales à poursuivre ces nouveaux criminels, William Bourdon a dû faire montre de créativité en lançant en 2007 sa nouvelle arme imparable anti despotes et kleptocrates : les BMA, ces fameux biens mal acquis qui recherchent à répertorier le patrimoine de dirigeants africains achetés sur le territoire français avec de l'argent public détourné. Et ce sont ces BMA qui permettent aujourd’hui d'ouvrir des enquêtes judiciaires depuis la France. Trois familles régnantes sont aujourd'hui ses principales cibles: les Bongo, au Gabon ; les Obiang, en Guinée équatoriale ; et Sassou-Nguesso, en République du Congo.
En 2001Bourdon claque la porte de la FIDH et fonde Sherpa. Et d'un coup, le domaine de la lutte s'étend à d'autres tyrans : les grandes entreprises. Dès 2002, il s'en prend à Total pour ses agissements en Birmanie. En 2003, c'est Areva qui fait les frais de son acharnement pour son activité au Niger et au Gabon. Plus récemment, maître Bourdon s'est attaqué à Auchan pour son implication en 2013 dans la tragédie de l’effondrement de l'immeuble Rana Plaza au Bangladesh, causant la mort d'un millier d'ouvrières. Il fait continuellement parler de lui en ralliant à son cabinet tout ce que le capitalisme mondialisé compte de lanceurs d'alerte, ces salariés de grandes firmes témoins d'actes frauduleux. Il assaille le Crédit agricole, UBS, et HSBC pour des lanceurs d’alerte qui osent dénoncer des abus de l’intérieur de ces institutions. Bourdon fait aussi partie des avocats chargés de la défense d'Edward Snowden contre les services secrets américains de la NSA.
Issu de la grande bourgeoisie
Son cabinet rue de Rivoli, avec vue sur Le Fumoir, café chic en face du Louvre, où il conserve quelques habitudes est plutôt un haut de gamme. William Bourdon est classé dans la catégorie " aisée ". N'est-il pas bien né ? Arrière petit-fils du fondateur de l'empire des pneumatiques Edouard Michelin, né à Neuilly-sur-Seine et scolarisé au lycée huppé Janson-de-Sailly, c’est un grand bourgeois entend on souvent chez quelques confrères. « Je vis comme tout le monde du fruit de mon travail. " préfère-t-il répondre
Le fruit de son travail lui rapporte en tout cas entre 20 000 et 30 000 euros d'honoraires mensuels. Une somme qu'il ne tire pas de Sherpa contrairement à ce que distillent le gouvernement mauritaniens et ses conseils.
Ce qu'ils disent de lui
Renaud Van Ruymbeke, premier vice-président au TGI de Paris : " Il est très apprécié ici. Fiable et sérieux, il ne raconte pas de salades, contrairement à d'autres… Nous partageons la foi du Palais, cette confiance qui autorise la discussion hors procédure. "
Henri Leclerc, avocat : " Tout feu, tout flamme, il est courageux et inventif. Il ne ménage pas ses confrères et cela ne me dérange pas. Il a un côté donneur de leçons qui fait sans doute partie de ses qualités. Ce qui lui vaut un nombre incalculable de médisances. "
Paul Boury, lobbyiste : " Il a un ego très développé et de l'humour, cela fait un cocktail de charme. Il est courageux : quand on voit tous ses dossiers, c'est un Mediapart à lui tout seul ! "
Georges Kiejman, avocat : " C'est l'un des plus brillants avocats de sa génération, qui a très bien su surfer sur l'extension nouvelle du droit avec la compétence universelle des tribunaux. Mais il trouve rarement des égaux parmi ses confrères. "
Dominique Senequier, présidente d'Ardian (ex-Axa Private Equity) : " Il traite nos dossiers les plus compliqués. Fin psychologue et redoutable négociateur, il a toujours gagné ou trouvé une solution formidable. C'est aussi un homme de convictions qui défend en général une bonne cause, et c'est très important pour moi. "
source maurweb.info