Le président américain Donald Trump a joué mercredi la carte de l'apaisement après des tirs de missiles iraniens sur des bases abritant des soldats américains en Irak, se félicitant que Téhéran "semble reculer" et se disant prêt à la paix.
S'il a annoncé l'imposition immédiate de nouvelles sanctions économiques contre la République islamique, il n'a pas évoqué de réponse militaire, éloignant pour l'heure le spectre d'une escalade même si la tension reste palpable et de nombreuses questions en suspens.
Rassurée par ces développements, la Bourse de New York a terminé en hausse: le Nasdaq a pris 0,67% pour s'établir à 9.129,24 points, un nouveau record.
"L'Iran semble reculer, ce qui est une bonne chose pour toutes les parties concernées et une très bonne chose pour le monde", a lancé le milliardaire républicain depuis la Maison Blanche lors d'une allocution d'une dizaine de minutes au ton plutôt mesuré.
L'opération "Martyr Soleimani" a été lancée par l'Iran au beau milieu de la nuit en représailles à l'élimination par Washington du général Qassem Soleimani à Bagdad. Selon le Pentagone, 11 missiles tirés par l'Iran ont touché la base aérienne de Aïn al-Assad (ouest) et un celle d'Erbil (nord), où sont stationnés certains des 5.200 soldats américains déployés en Irak. Téhéran avait de son côté parlé de 22 missiles.
"Aucun Américain n'a été blessé dans les attaques de la nuit dernière", s'est félicité d'entrée le président américain lors de son discours.
Le tempétueux locataire de la Maison Blanche n'a pas présenté d'initiative diplomatique mais conclu par un message à l'adresse du peuple iranien et de ses dirigeants: "Les Etats-Unis sont prêts à la paix avec tous ceux qui la veulent".
- "Riposte irakienne" -
Un peu plus tôt, le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, avait estimé qu'il fallait que "la présence corrompue des Etats-Unis dans la région prenne fin", alors que l'axe pro-Iran profite depuis vendredi d'un regain de sentiment anti-américain en Iran, mais aussi en Irak et au Liban.
"Nous ne cherchons pas l'escalade ou la guerre, mais nous nous défendrons", avait de son côté affirmé Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne, affirmant que les représailles "proportionnées" de la nuit étaient "terminées".
Si la riposte iranienne est close, reste la "riposte irakienne", qui ne sera "pas moins importante", ont déjà promis les factions armées pro-Iran dans le pays.
Elle se poursuivra "jusqu'au départ du dernier soldat" américain, ont ajouté ces factions, que Washington accuse d'être derrière les dizaines de roquettes qui ont déjà visé leurs soldats et leurs diplomates ces derniers mois.
Mercredi soir, deux roquettes se sont abattues sur la Zone verte de Bagdad, où se trouve l'ambassade américaine, a indiqué à l'AFP un responsable des services de sécurité.
Pour Phillip Smyth, spécialiste des groupes chiites armés, les tirs iraniens marquent une "nouvelle phase". L'Iran "a envoyé une réponse publique et d'ampleur", "un signal". La suite, affirme-t-il à l'AFP, pourrait être confiée "aux agents de l'Iran".
A ce sujet, le vice-président américain Mike Pence a indiqué mercredi avoir reçu "des renseignements encourageants selon lesquels l'Iran envoie des messages" à des milices pro-Iran "pour qu'elles ne visent pas des cibles ou des civils américains", dans une interview accordée à la chaîne CBS.
Au Congrès américain, nombre d'élus démocrates ont continué à dénoncer la frappe militaire "disproportionnée et provocatrice" ayant visé Qassem Soleïmani et l'absence de consultation préalable avec les élus.
"Nos inquiétudes n'ont pas été levées" a déclaré Nancy Pelosi, chef des démocrates, en annonçant que la Chambre des représentants se prononcerait jeudi sur un projet de loi visant à "limiter les actes militaires du président à l'égard de l'Iran".
Le texte a d'abord une dimension symbolique, car il a peu de chances d'être adopté au Sénat, contrôlé par le camp républicain.
Le chef du Pentagone Mark Esper a de nouveau défendu mercredi ce raid, qui a selon lui "rétabli un certain niveau de dissuasion" vis-à-vis de l'Iran.
- "Violation de souveraineté" -
Après la riposte iranienne, le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi a dénoncé "une violation de la souveraineté de l'Irak", sans toutefois utiliser les termes sévères qu'il avait réservés aux Etats-Unis, dont le Parlement irakien réclame désormais la fin de la présence militaire sur son sol.
M. Abdel Mahdi passe pour être plus proche des pro-Iran que le président Barham Saleh et le chef du Parlement Mohammed al-Halboussi qui, eux, ont "condamné" et "dénoncé" la riposte iranienne sur leur sol.
Les compagnies aériennes américaines ont interdit le survol de l'Irak, de l'Iran et du Golfe après que les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique iranienne, ont menacé "des gouvernements alliés" des Etats-Unis, en premier lieu les Etats du Golfe, pris entre Iran et Irak, et Israël. Air France ou encore Lufthansa ont pris des mesures similaires.
Avant même les frappes iraniennes de la nuit, plusieurs Etats membres de la coalition avaient annoncé sortir leurs soldats d'Irak.
Si la France et l'Italie disent rester, Canadiens et Allemands ont redéployé une partie de leurs troupes vers la Jordanie et le Koweït. L'Otan a décidé de retirer temporairement une partie de son personnel et "exhorté l'Iran à s'abstenir de toute nouvelle violence".
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AFP