La société française Amesys, au coeur d'une enquête pour du matériel de surveillance fourni à la Libye de Kadhafi, fait l'objet d'une nouvelle plainte déposée jeudi à Paris, visant la vente d'un système similaire à l'Égypte, en pleine vague répressive, ont annoncé la LDH et la FIDH.
Dans leur plainte remise au pôle crimes contre l'humanité du Parquet de Paris, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) et de la Ligue des droits de l'homme (LDH), s'interrogent sur une possible "participation" d'Amesys (devenue Nexa Technologies) "aux opérations de répression menées par le régime (du général) Al-Sissi, via la vente de matériel de surveillance", ont expliqué les ONG dans un communiqué.
"Nous souhaitons que la justice française ouvre le plus rapidement possible une enquête sur des faits de complicité de torture et disparitions forcées pour pouvoir ensuite auditionner d'éventuelles victimes égyptiennes", ont déclaré à l'AFP Patrick Baudoin et Clémence Bectarte, avocats de la FIDH.
"Il est de la responsabilité de la justice française de déterminer dans quelles modalités ce contrat a été passé et si le système a été effectivement mis à la disposition des autorités égyptiennes comme instrument au service de la répression", ont-ils ajouté.
La plainte s'appuie sur une enquête du magazine Télérama de juillet qui révélait la vente, en mars 2014, par d'ex-dirigeants d'Amesys, opérant derrière deux nouvelles entités, d'"un système d'écoute à 10 millions d'euros pour lutter - officiellement - contre les Frères musulmans", l'opposition islamiste en Égypte.
Selon le journal, ce programme baptisé "cerebro" est considéré comme la "copie actualisée" d'Eagle, le programme vendu en 2007 par Amesys, à l'époque filiale de Bull, au régime libyen de Mouammar Kadhafi, et également accusé d'avoir facilité la traque d'opposants. La FIDH et la LDH avaient dénoncé la "persistance de l'impunité" de l'entreprise.
Dans cette précédente affaire révélée par le Wall Street Journal en 2011, une plainte des ONG avaient débouché un an plus tard sur une enquête confiée à des juges d'instruction au pôle crimes contre l'humanité du tribunal de grande instance de Paris.
En 2013, des victimes libyennes du régime de Kadhafi avaient raconté aux juges français comment elles avaient été identifiées puis interpellées et torturées. Dans ce dossier toujours en cours, Amesys a été placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté le 30 mai pour "complicité d'actes de torture".
"Alors que le président égyptien vient d'être reçu en grande pompe par le président français, on ne peut qu'être sidéré de l'attitude des gouvernements français successifs", qui ont "fermé les yeux sur la vente d'outils permettant d'identifier puis arrêter les opposants de la société civile", a déploré le président d'honneur de la LDH Michel Tubiana.
Depuis la destitution du président islamiste Mohammed Morsi en 2013, le pouvoir égyptien dirigé par Abdel Fattah al-Sissi a violemment réprimé toute opposition, d'abord islamiste, puis la jeunesse laïque et libérale qui avait mené la révolte de 2011 contre Hosni Moubarak lors du Printemps arabe.
Selon le Cairo Institute for Human Rights Studies, qui soutient la démarche des ONG, cette vague répressive s'est concrétisée par des "centaines de disparus" et des "dizaines de milliers de prisonniers politiques actuellement en détention".
nal/alh/mw/sba
ATOS
(©AFP / 09 novembre 2017 12h23)
Dans leur plainte remise au pôle crimes contre l'humanité du Parquet de Paris, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) et de la Ligue des droits de l'homme (LDH), s'interrogent sur une possible "participation" d'Amesys (devenue Nexa Technologies) "aux opérations de répression menées par le régime (du général) Al-Sissi, via la vente de matériel de surveillance", ont expliqué les ONG dans un communiqué.
"Nous souhaitons que la justice française ouvre le plus rapidement possible une enquête sur des faits de complicité de torture et disparitions forcées pour pouvoir ensuite auditionner d'éventuelles victimes égyptiennes", ont déclaré à l'AFP Patrick Baudoin et Clémence Bectarte, avocats de la FIDH.
"Il est de la responsabilité de la justice française de déterminer dans quelles modalités ce contrat a été passé et si le système a été effectivement mis à la disposition des autorités égyptiennes comme instrument au service de la répression", ont-ils ajouté.
La plainte s'appuie sur une enquête du magazine Télérama de juillet qui révélait la vente, en mars 2014, par d'ex-dirigeants d'Amesys, opérant derrière deux nouvelles entités, d'"un système d'écoute à 10 millions d'euros pour lutter - officiellement - contre les Frères musulmans", l'opposition islamiste en Égypte.
Selon le journal, ce programme baptisé "cerebro" est considéré comme la "copie actualisée" d'Eagle, le programme vendu en 2007 par Amesys, à l'époque filiale de Bull, au régime libyen de Mouammar Kadhafi, et également accusé d'avoir facilité la traque d'opposants. La FIDH et la LDH avaient dénoncé la "persistance de l'impunité" de l'entreprise.
Dans cette précédente affaire révélée par le Wall Street Journal en 2011, une plainte des ONG avaient débouché un an plus tard sur une enquête confiée à des juges d'instruction au pôle crimes contre l'humanité du tribunal de grande instance de Paris.
En 2013, des victimes libyennes du régime de Kadhafi avaient raconté aux juges français comment elles avaient été identifiées puis interpellées et torturées. Dans ce dossier toujours en cours, Amesys a été placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté le 30 mai pour "complicité d'actes de torture".
"Alors que le président égyptien vient d'être reçu en grande pompe par le président français, on ne peut qu'être sidéré de l'attitude des gouvernements français successifs", qui ont "fermé les yeux sur la vente d'outils permettant d'identifier puis arrêter les opposants de la société civile", a déploré le président d'honneur de la LDH Michel Tubiana.
Depuis la destitution du président islamiste Mohammed Morsi en 2013, le pouvoir égyptien dirigé par Abdel Fattah al-Sissi a violemment réprimé toute opposition, d'abord islamiste, puis la jeunesse laïque et libérale qui avait mené la révolte de 2011 contre Hosni Moubarak lors du Printemps arabe.
Selon le Cairo Institute for Human Rights Studies, qui soutient la démarche des ONG, cette vague répressive s'est concrétisée par des "centaines de disparus" et des "dizaines de milliers de prisonniers politiques actuellement en détention".
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(©AFP / 09 novembre 2017 12h23)