Pour ces raisons, Ghazouani ne fera pas un autre mandat
Quand on voit ses sorties, ses expressions et une certaine distance par rapport à la vie médiatique mauritanienne, on réalise que le chef de l’Etat semble désabusé. On dirait que devenu président, il a découvert plus que quiconque qu’il n’y a rien à espérer de l’élite mauritanienne qui tient se pays ou qui s’oppose au pouvoir et sans laquelle il n’y a pas de stabilité à moins d’user de la force d’un régime militaire et de la violence psychologique des dictateurs depuis 1978.
Il semble avoir découvert que tout ce que les uns et autres veulent c’est de l’argent ou un poste pour eux ou quelqu’un de leur famille. Ghazouani sait que ce peuple et les clans qui tiennent ce pays ne respectent qu’un dirigeant comme Aziz qui méprisait la presse, dirigeait tout d’une main de fer et faisait trembler l’administration mais même quelqu’un comme ça n’est pas à l’abri de finir comme il a fini.
Ghazouani a voulu être président dans la lignée de la mutation des trajectoires militaires à l’heure de la démocratie domestiquée. Après Ghazouani, viendra un autre militaire civilisé et plus rien ne pourra changer cette dynamique. Reste qu'il semble ne prendre aucun plaisir particulier à être président comme si dès le départ, il avait été profondément blessé. Quelque chose a gâché son mandat depuis le départ et depuis, il ne s’en remet pas car c’est quelqu’un de très sensible et ce n’est plus un jeune homme même s’il est encore dans la force de l’âge.
Tous ceux qui l’ont rencontré sont sortis conquis par le personnage. Ce n’est pas une affaire d’argent, ce n’est pas une affaire de promesse, c'est juste une affaire d’humanité. Quand vous rencontrez Ghazouani, vous êtes tout de suite frappé par sa volonté de régler le problème qui vous mène jusqu’à lui. Il ne fera pas traîner les choses.
Avant d’arriver à lui, vous aurez affaire à toute la hiérarchie hétéroclite qui filtre l'accès certains avec de bonnes intentions afin de ne pas submerger le président de problèmes mineurs et d’autres avec une mauvaise foi insondable visant à couper le président des réalités et le manipuler de sorte qu’il reste à l’écoute d’une seule source.
Si votre problème n’a pas pu être réglé par tous ceux qui sont censés s’occuper de ces affaires mineures par rapport à ce qui peut occuper l’esprit d’un chef d’Etat chez nous, si vous arrivez jusqu’à lui, il vous écoutera en ayant déjà été briefé par son cabinet mais il ne fera confiance qu’à sa connaissance de l’âme du mauritanien. Il vous regardera droit dans les yeux avec une expression que n’oublieront jamais ceux qui ont voulu le berner et s’il ne compte rien faire car il a compris que votre affaire n’est pas claire, il dira « très bien » pour dire « j’ai compris » et vous laissera partir mais s’il sent que vous êtes de bonne foi, il vous demandera d’abord ce qui peut être fait pour régler votre problème quel qu’il soit et en fonction de votre réponse, il fera le nécessaire sur-le-champ en donnant un coup de fil et vous partirez en laissant votre place à quelqu’un d’autre avec un autre problème.
C’est ainsi qu’il a réussi à pacifier l’opposition et mettre quasiment tout le monde de son côté car il est clair pour tout le monde qu’il cherche à bien faire avec la marge dont il dispose de sorte que régler votre problème n’en créé pas de plus grands.
Ceux qui n’ont aucun rapport avec la présidence croient aux bêtises qu’on dit à son sujet. Les blogueurs ont fait courir une rumeur selon laquelle il serait un dormeur qui se réveille tard comme si d’ailleurs c’était incompatible avec l'efficacité car si j’étais président, je travaillerais tard sur les dossiers au risque de sacrifier la matinée. Cela dit, la vérité est ailleurs. Demandez à celles et ceux qui ont une audience à la présidence à quelle heure, ils sont arrivés. Le président reçoit tôt jusqu’à tard en fonction de ses disponibilités. Tout ce qu’on raconte au sujet de sa paresse n'est que calomnie.
Ghazouani veut bien faire mais il est profondément blessé d’abord par le procès d’Aziz. Essayez de prononcer le nom d’Aziz devant lui et vous verrez son regard se transformer quasiment en celui de son avocat qui vous dit en vous regardant de très haut « de quoi tu te mêles pour oser prononcer ce nom devant moi ». Tout ça dans un silence glacial. Et là, on comprend que cette affaire azizienne ne lui fait pas plaisir car il en sait les conséquences d'abord humaines ensuite militaires et politiques. Il aurait préféré que ce procès n’arrive jamais et qu’Aziz mène une vie d’ancien président sans avoir à déclarer la guerre au régime dont il est issu sans épargner l’armée dans un accès d'inconscience qui ne peut pas rester sans une réponse ferme de sa cible. Tous les anciens présidents sont tenus à un devoir de réserve même quand ils écrivent leurs mémoires bien après avoir été au pouvoir, que dire qu'un ancien président chez nous issu de l'armée qui veut s'en prendre à l'armée...
A part l'affaire Aziz, ce qui a dû le blesser plus que tout, ce sont les audios avec une voix qui ressemble à la sienne mais qui n’a pas été authentifiée or de nos jours avec des logiciels, tout est possible. Reste que même faux, ces audios ont dû le blesser non pas en tant que général ou même en tant que mari juste en tant que père. On n’a jamais su qui est le fumier à l’origine de cette diffusion criminelle.
S’il ne fait pas de conférence de presse en direct avec la presse, c’est qu’il redoute sans doute qu’un journaliste impoli n’en profite pour lui poser une question à propos de ces audios juste pour faire le buzz.
Toujours est-il que Ghazouani semble ne pas prendre plaisir à gouverner ce monde autour du pouvoir, ce monde qui tient le pouvoir. Il semble désabusé par tant de mauvaise foi et d'appât du gain. Voilà pourquoi il me semble qu’il ne fera pas de second mandat. Il partira après avoir pacifié la scène politique, après avoir fait ce qu’il a pu pour calmer les tensions ethniques, augmenter les salaires là où il a pu, l’assurance maladie pour le plus grand nombre et la fin de la primature comme siège des tensions de pouvoirs entre les clans.
Il ne fera jamais une chasse aux sorcières comme ferait n’importe quel nouveau dirigeant dans un pays comme le nôtre. Il gouverne en essayant de dompter la soif d’enrichissement des uns et la soif de révolution des autres. Il gouverne en marabout avec l’esprit de paix en ayant la rigueur de la justice et des forces armées à disposition au cas où.
Ghazouani découvre la solitude du pouvoir dès qu’on prend le pouvoir surtout dans un pays comme le nôtre. Ce ne doit pas être de tout repos ni toujours passionnant pour quelqu’un qui aime consulter, gouverner en équipe et déléguer au maximum. Il est train de faire l’expérience du sommet du pouvoir chez nous, taillé pour trancher dans le vif, là où lui ne veut blesser personne. Ironie du sort, il est plus taillé pour diriger une démocratie qu’un régime autoritaire...
Ghazouani partira après un mandat et le prochain président s’occupera de la suite à donner à l’affaire Aziz même après la fin du procès car Aziz ne restera jamais tranquille. L’ivresse du pouvoir ne lui laisse d’autre choix qu’à continuer à se brûler de plus en plus pour tenter de brûler ce qu’il peut.
VLANE AOSA
Il semble avoir découvert que tout ce que les uns et autres veulent c’est de l’argent ou un poste pour eux ou quelqu’un de leur famille. Ghazouani sait que ce peuple et les clans qui tiennent ce pays ne respectent qu’un dirigeant comme Aziz qui méprisait la presse, dirigeait tout d’une main de fer et faisait trembler l’administration mais même quelqu’un comme ça n’est pas à l’abri de finir comme il a fini.
Ghazouani a voulu être président dans la lignée de la mutation des trajectoires militaires à l’heure de la démocratie domestiquée. Après Ghazouani, viendra un autre militaire civilisé et plus rien ne pourra changer cette dynamique. Reste qu'il semble ne prendre aucun plaisir particulier à être président comme si dès le départ, il avait été profondément blessé. Quelque chose a gâché son mandat depuis le départ et depuis, il ne s’en remet pas car c’est quelqu’un de très sensible et ce n’est plus un jeune homme même s’il est encore dans la force de l’âge.
Tous ceux qui l’ont rencontré sont sortis conquis par le personnage. Ce n’est pas une affaire d’argent, ce n’est pas une affaire de promesse, c'est juste une affaire d’humanité. Quand vous rencontrez Ghazouani, vous êtes tout de suite frappé par sa volonté de régler le problème qui vous mène jusqu’à lui. Il ne fera pas traîner les choses.
Avant d’arriver à lui, vous aurez affaire à toute la hiérarchie hétéroclite qui filtre l'accès certains avec de bonnes intentions afin de ne pas submerger le président de problèmes mineurs et d’autres avec une mauvaise foi insondable visant à couper le président des réalités et le manipuler de sorte qu’il reste à l’écoute d’une seule source.
Si votre problème n’a pas pu être réglé par tous ceux qui sont censés s’occuper de ces affaires mineures par rapport à ce qui peut occuper l’esprit d’un chef d’Etat chez nous, si vous arrivez jusqu’à lui, il vous écoutera en ayant déjà été briefé par son cabinet mais il ne fera confiance qu’à sa connaissance de l’âme du mauritanien. Il vous regardera droit dans les yeux avec une expression que n’oublieront jamais ceux qui ont voulu le berner et s’il ne compte rien faire car il a compris que votre affaire n’est pas claire, il dira « très bien » pour dire « j’ai compris » et vous laissera partir mais s’il sent que vous êtes de bonne foi, il vous demandera d’abord ce qui peut être fait pour régler votre problème quel qu’il soit et en fonction de votre réponse, il fera le nécessaire sur-le-champ en donnant un coup de fil et vous partirez en laissant votre place à quelqu’un d’autre avec un autre problème.
C’est ainsi qu’il a réussi à pacifier l’opposition et mettre quasiment tout le monde de son côté car il est clair pour tout le monde qu’il cherche à bien faire avec la marge dont il dispose de sorte que régler votre problème n’en créé pas de plus grands.
Ceux qui n’ont aucun rapport avec la présidence croient aux bêtises qu’on dit à son sujet. Les blogueurs ont fait courir une rumeur selon laquelle il serait un dormeur qui se réveille tard comme si d’ailleurs c’était incompatible avec l'efficacité car si j’étais président, je travaillerais tard sur les dossiers au risque de sacrifier la matinée. Cela dit, la vérité est ailleurs. Demandez à celles et ceux qui ont une audience à la présidence à quelle heure, ils sont arrivés. Le président reçoit tôt jusqu’à tard en fonction de ses disponibilités. Tout ce qu’on raconte au sujet de sa paresse n'est que calomnie.
Ghazouani veut bien faire mais il est profondément blessé d’abord par le procès d’Aziz. Essayez de prononcer le nom d’Aziz devant lui et vous verrez son regard se transformer quasiment en celui de son avocat qui vous dit en vous regardant de très haut « de quoi tu te mêles pour oser prononcer ce nom devant moi ». Tout ça dans un silence glacial. Et là, on comprend que cette affaire azizienne ne lui fait pas plaisir car il en sait les conséquences d'abord humaines ensuite militaires et politiques. Il aurait préféré que ce procès n’arrive jamais et qu’Aziz mène une vie d’ancien président sans avoir à déclarer la guerre au régime dont il est issu sans épargner l’armée dans un accès d'inconscience qui ne peut pas rester sans une réponse ferme de sa cible. Tous les anciens présidents sont tenus à un devoir de réserve même quand ils écrivent leurs mémoires bien après avoir été au pouvoir, que dire qu'un ancien président chez nous issu de l'armée qui veut s'en prendre à l'armée...
A part l'affaire Aziz, ce qui a dû le blesser plus que tout, ce sont les audios avec une voix qui ressemble à la sienne mais qui n’a pas été authentifiée or de nos jours avec des logiciels, tout est possible. Reste que même faux, ces audios ont dû le blesser non pas en tant que général ou même en tant que mari juste en tant que père. On n’a jamais su qui est le fumier à l’origine de cette diffusion criminelle.
S’il ne fait pas de conférence de presse en direct avec la presse, c’est qu’il redoute sans doute qu’un journaliste impoli n’en profite pour lui poser une question à propos de ces audios juste pour faire le buzz.
Toujours est-il que Ghazouani semble ne pas prendre plaisir à gouverner ce monde autour du pouvoir, ce monde qui tient le pouvoir. Il semble désabusé par tant de mauvaise foi et d'appât du gain. Voilà pourquoi il me semble qu’il ne fera pas de second mandat. Il partira après avoir pacifié la scène politique, après avoir fait ce qu’il a pu pour calmer les tensions ethniques, augmenter les salaires là où il a pu, l’assurance maladie pour le plus grand nombre et la fin de la primature comme siège des tensions de pouvoirs entre les clans.
Il ne fera jamais une chasse aux sorcières comme ferait n’importe quel nouveau dirigeant dans un pays comme le nôtre. Il gouverne en essayant de dompter la soif d’enrichissement des uns et la soif de révolution des autres. Il gouverne en marabout avec l’esprit de paix en ayant la rigueur de la justice et des forces armées à disposition au cas où.
Ghazouani découvre la solitude du pouvoir dès qu’on prend le pouvoir surtout dans un pays comme le nôtre. Ce ne doit pas être de tout repos ni toujours passionnant pour quelqu’un qui aime consulter, gouverner en équipe et déléguer au maximum. Il est train de faire l’expérience du sommet du pouvoir chez nous, taillé pour trancher dans le vif, là où lui ne veut blesser personne. Ironie du sort, il est plus taillé pour diriger une démocratie qu’un régime autoritaire...
Ghazouani partira après un mandat et le prochain président s’occupera de la suite à donner à l’affaire Aziz même après la fin du procès car Aziz ne restera jamais tranquille. L’ivresse du pouvoir ne lui laisse d’autre choix qu’à continuer à se brûler de plus en plus pour tenter de brûler ce qu’il peut.
VLANE AOSA
Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable
Partager
