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Les ressources halieutiques en Mauritanie : Un avenir incertain pour un secteur vital

Jeudi 10 Avril 2025 - 22:09

Depuis plusieurs mois, le secteur de la pêche mauritanien traverse une crise sans précédent. La baisse drastique des captures, notamment de petits pélagiques dont le potentiel est pourtant estimé à plus d’un million deux cent mille tonnes, inquiète les professionnels et les autorités. Ce déclin met en péril l’équilibre économique, social et écologique du pays.

La Mauritanie, riche d’un littoral exceptionnel, s’est longtemps imposée comme l’un des principaux pôles halieutiques de la région ouest-africaine. Le secteur contribue de manière significative au produit intérieur brut (PIB), génère des milliers d’emplois et constitue une source essentielle de devises. Pourtant, les indicateurs récents sont alarmants : les usines de traitement ferment ou réduisent leur activité, les captures chutent et les navires rentrent au port les cales vides.

 

Une crise aux multiples facettes
 

La baisse des captures concerne en particulier les petits pélagiques – sardines, chinchards, maquereaux – qui constituent le cœur de la pêche industrielle mauritanienne. Cette situation compromet non seulement l’approvisionnement des marchés mais aussi la survie de nombreuses unités industrielles à terre. L’impact économique est direct: perte d’emplois, baisse des revenus, diminution des exportations.

Les causes de cette crise sont multiples. D’abord, une surexploitation persistante de la ressource, alimentée par une pression accrue de la flotte industrielle nationale et étrangère, souvent accusée de ne pas respecter les quotas ni les périodes de repos biologique. Ensuite, une pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN), parfois menée par des navires identifiés comme récidivistes, opérant dans des zones interdites, y compris des aires de reproduction.

À ces facteurs humains s’ajoutent les conséquences du changement climatique. Le refroidissement des eaux, les modifications des courants marins et la perturbation des écosystèmes bouleversent les cycles de migration et de reproduction des espèces. Résultat : les poissons se font plus rares, ou se déplacent vers d’autres zones, hors de portée des flottilles traditionnelles.

 

Un impact économique et social massif
 

Les répercussions de cette crise dépassent largement le secteur de la pêche. À Nouadhibou, Nouakchott et dans les zones côtières, des milliers d’emplois sont menacés. Les usines de transformation tournent au ralenti, les revenus des pêcheurs chutent, et la précarité gagne du terrain. L’apport en devises diminue, affectant la balance commerciale nationale.
De plus, la raréfaction du poisson pourrait avoir des conséquences sur la sécurité alimentaire, en réduisant l’accessibilité d’un aliment de base pour de nombreuses familles mauritaniennes.

 

Quelles solutions pour un avenir durable ?
 

Face à cette situation, l’heure est à l’action. La première urgence est de renforcer la gouvernance du secteur : surveillance accrue des activités en mer, transparence dans l’attribution des licences, application rigoureuse de la réglementation. Il est également crucial de reposer les décisions sur une base scientifique, en évaluant régulièrement l’état des stocks et en ajustant les quotas en conséquence.
Une meilleure valorisation locale des produits de la mer, via la transformation sur place, permettrait de créer davantage d’emplois et de valeur ajoutée. La diversification des activités marines (aquaculture, écotourisme, recherche) est aussi une piste à explorer pour réduire la dépendance à la pêche traditionnelle.
Enfin, l’implication des acteurs locaux, notamment les pêcheurs artisanaux, les communautés côtières et les industriels, est essentielle pour bâtir une gestion participative et durable des ressources.
 

Un choix de société
 

L’avenir des ressources halieutiques en Mauritanie est à la croisée des chemins. La mer peut continuer à nourrir le pays et à soutenir son économie, mais cela ne sera possible qu’au prix d’une gestion responsable, équitable et fondée sur le long terme. La préservation du capital halieutique est aujourd’hui un enjeu de souveraineté, de développement et de justice sociale.

 

                                                                        Ahmed khoubah
lecalame

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