Pour beaucoup d’observateurs, l’opposition aurait disparu comme par enchantement avec le début du mandat de l’actuel Chef d’Etat. J’aimerais pour ma part nuancé cette appréciation. Je préfère concrètement juger le comportement actuel des responsables de cette opposition devenue virtuelle et qui aurait rentré subitement ses griffes.
Commençons par les candidats à la présidentielle de 2019. Que sont-ils devenus ? Tout d’abord Ould Boubacar, très discret depuis les résultats des élections, vient de faire parler de lui en acceptant une fonction d’assesseur, des supplétifs aux juges, dans une ténébreuse institution arabe d’arbitrage (Sic). Une déception selon moi pour quelqu’un qui a été par deux fois Premier ministre et candidat à la dernière présidentielle avec un score honorable.
Et Kane Hamidou Baba ? Il est temps de lancer un avis de recherche le concernant ! Il aurait disparu de tous les écrans de contrôle. Si quelqu’un a de ses nouvelles, prière nous informer.
Intéressons-nous au doyen de l’opposition ? Le respectable Ould Maouloud. Qu’est-il advenu de lui ? Sans doute en compagnie d’une grappe d’intellos en train de disserter sans fin sur la dialectique et tutti quanti.
Reste Biram Abeid. Qu’on l’aime ou le déteste, il paraît le seul à incarner l’opposition ou ce qui en reste. Avec un style et une nouvelle tonalité qui dérange ou étonne plus d’un observateur. Certains le critiquent pour s’être rapproché du Raïs actuel. Il faut reconnaître à ce dernier d’avoir inauguré un style de relations avec l’opposition en totale contradiction avec son prédécesseur. Quand ce dernier accablait Biram parce qu’il était incapable de le controler préférant souvent l’emprisonner pour un oui ou un non, Mr Ghazouani, lui, le respecte, le reçoit et ne lui met jamais les bâtons dans les roues.
Dans ces conditions il est normal que Biram, le seul à occuper un terrain abandonné par ses collègues de l’opposition, continue son travail de sape auprès de ses partisans et se révèle le seul opposant crédible au système qui dirige le pays depuis plus de quatre décennies. Quelque part c’est aussi la rançon d’un engagement politique véritable ainsi que d’un courage admirable pour s’être toujours dressé contre l’ancien président et les injustices sociales d’une décennie de tous les abus.
Béchir Fall ( juriste)
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