Depuis quelques semaines, la Mauritanie, pays à l’histoire politique très riche en complots réels ou supposés, envoie les signaux inquiétants d’un retour de ses vieux démons.
Une tendance illustrée par cette fracassante révélation du site d’information en ligne Al Akhbar selon laquelle «les autorités de Nouakchott préparent un dossier comportant des accusations relatives à des activités subversives» contre le banquier Mohamed Ould Bouamatou, un richissime homme d’affaires mauritanien en exil au Maroc depuis 6 ans.
En plus du célèbre banquier, d’autres individus, qui lui sont proches, seraient dans le viseur du pouvoir, notamment le sénateur frondeur Mohamed Ould Ghaddah.
Citant des sources sécuritaires, Al Akhbar indique que le dossier en question a été instruit sur la base «d’informations recueillies à partir d’un ordinateur portable saisi sur Mohamed Ould Debagh, vers le 15 mai dernier, alors qu’il voyageait de Nouakchott vers Dakar».
Ce dernier est un proche de Mohamed Ould Bouamatou et assure la présidence du groupe BSA depuis que l’ancien PDG de la Générale de banque de Mauritanie (GBM) s’est retiré du côté de Marrakech. Debagh lui-même n’a plus remis les pieds à Nouakchott depuis l’incident de la saisie de cette machine, attribué «à des ordres venus de très haut».
Par ailleurs, d’autres éléments ajoutés à ce dossier auraient été tirés du téléphone cellulaire du sénateur Mohamed Ould Ghadda, mis sous scellé à la faveur de l’arrestation de l’élu par la gendarmerie de Rosso (Sud), suite à un accident mortel de circulation.
Ces éléments ont été largement étalés sur les réseaux sociaux, à l’instigation de milieux proches du pouvoir, selon la thèse des sénateurs frondeurs.
Toutefois, malgré la nouvelle agitation liée à la thèse d’un plan subversif contre le régime de Nouakchott, une bonne partie de l’opinion mauritanienne reste sceptique.
Car, les messages tirés du téléphone cellulaire du sénateur Mohamed Ould Ghadda, et impudiquement étalés sur les réseaux sociaux, en violation de la disposition constitutionnelle relative à la protection de la vie privée et des données personnelles, portent sur le financement des activités de l’opposition (marches, meetings, soirée musicale de la sénatrice Maalouma Mint El Meidah,.ect.).
Des faits qui ne semblent jusque là, revêtir aucun caractère criminel ou délictuel dans un système de démocratie pluraliste, qui devrait même prévoir un mode de financement public des partis politiques.
Cependant, les Mauritaniens se souviennent que le président Mohamed Ould Abdel Aziz leur avait promis de nombreuses révélations et surprises au début la campagne référendaire qui s’achève ce vendredi. Mais, rien pour le moment.
Le terme de «complot» a souvent été utilisé dans la rhétorique des régimes militaires qui ont marqué l’histoire politique de la Mauritanie.
L'exemple le plus cocasse dans le domaine de la subversion imaginaire est une pantalonnade des services du régime de Maaouya Ould Ahmed Taya, ex-patron de Mohamed Ould Abdel Aziz, après l’élection présidentielle de novembre 2003.
Le pouvoir inventa alors «le Plan GRAP» pour arrêter le candidat Mohamed Khouna Ould Haidallah, lui-même ex-chef de l’Etat.
Si la nouvelle histoire révélée par la presse se confirme, la Mauritanie aura le sentiment de prendre un nouveau départ vers le passé. Une mauvaise publicité qui ne contribuera pas à rendre le pays attractif aux yeux des investisseurs.
Cheikh Sidya
source afrique.le360.ma
Cheikh Sidya
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