L'avocat français Jean-Pierre Mignard a interpellé le président Emmanuel Macron sur le sort du sénateur mauritanien Mohamed Ould Ghadda. Cet opposant au référendum constitutionnel du président Mohamed Ould Abdel Aziz est incarcéré depuis bientôt onze mois.
Jean-Pierre Mignard, l'avocat français du sénateur mauritanien Mohamed Ould Ghadda, a interpellé le président Emmanuel Macron à l'occasion de l'ouverture du sommet de l'Union africaine à Nouakchott, la capitale mauritanienne, ce 1er juillet. Ce sénateur, farouche opposant au référendum constitutionnel du président Mohamed Ould Abdel Aziz est incarcéré depuis le 10 août 2017, soit bientôt onze mois.
Dans ce dossier, douze autres sénateurs, quatre journalistes, deux syndicalistes et deux hommes d'affaires sont aussi dans le collimateur des autorités, les uns accusés de corruption, les autres d'avoir perçu de l'argent dans le cadre de la campagne menée contre le référendum. Depuis huit mois, le dossier est au point mort, selon la défense, qui s'inquiète.
« Nous ne demandons pas aux autorités français de s’ingérer dans les affaires de la Mauritanie, explique Me Mignard. La France et la Mauritanie sont des alliées politiques et militaires. La France, comme d’ailleurs l’ensemble des Etats du G5 Sahel, a d’abord intérêt à ce que le maximum de respect des droits soit assuré dans chacun des pays, puisque c’est quand même bien au nom du droit que ces pays se battent contre les jihadistes ».
« Nous sommes un Etat souverain »
« Deuxièmement, ce qui est indispensable, c’est l’unité de chaque pays, poursuit l'avocat de Mohamed Ould Ghadda. L’unité nationale de la Mauritanie est indispensable pour la réconciliation. Cela passe par le respect du droit et que toutes ces personnes puissent retrouver leur complète liberté de mouvement. Pour lutter sérieusement dans le Sahel contre le jihadisme, nous avons besoin d’une Mauritanie réunifiée, réconciliée et qu’on arrête ces poursuites contre toutes ces personnes parce que c’est une division du pays ».
Dans une interview accordée à la chaîne de télévision France 24, le président mauritanien a quant à lui fait comprendre qu'il n'avait pas l'intention de se conformer aux recommandations du groupe de travail des Nations unies sur les détentions arbitraires qui a invité le gouvernement à libérer immédiatement le sénateur Mohamed Ould Ghadda.
« Nous sommes un État souverain, ce ne sont pas des gens situés à 4 000 ou 5 000 kilomètres qui vont nous donner des instructions, a déclaré Mohamed Ould Abdel Aziz. C'est à la justice mauritanienne de dire s'il doit être libéré ou pas ».
Par RFI
source lecalame.info