Il n’y a plus de limites une fois les bornes dépassées. Le pouvoir ethno-racial de Mauritanie ne fixe plus aucune limite à son programme éliminationniste. C’est de plus en plus clair. Concours bidonnés et recrutements arrangés se suivent et se ressemblent obéissant à la même implacable logique : toujours les mêmes! D’ailleurs, pourquoi encore cette mascarade ?
Monsieur Ghazouani est allé en deux ans plus loin dans le blanchiment et l’ethnicisation de l’Etat que tous ses prédécesseurs qui, pourtant, n’y allaient pas de main morte. Tous les verrous ont sauté. Il n’est plus question de faux-semblants. L’éliminationnisme est devenu plus que jamais ouvertement un projet d’Etat. Il est conduit sans complexes par un Etat qui ne prend même plus de gants et ne s’embarrasse plus d’apparences. La voie vers la solution ultime est pavée.
Le message est clair. Les Négro-africains doivent assimiler une fois pour toutes qu’ils n’ont plus leur place en Mauritanie. Sans s’être concertés, certains, dont des représentants des pouvoirs « publics» se chargent de le leur rappeler très régulièrement. Ainsi, le député Idrissa Camara s’est vu expulser d’un commissariat et refuser le dépôt d’une plainte au motif qu’il ne parlait pas hassania. Comme si le Hassania n’était pas qu’une des quatre langues nationales du pays.
Pour s’être s’exprimé en français, l’élu a été tout bonnement éconduit au motif que le français n’était pas une langue du pays. De retour au commissariat, il « surprit» pourtant les policiers censeurs devisant tout naturellement en français. Classique ! Dans le même ordre d’idées, par un courageux communiqué du 22 mars, le Syndicat National des Etudiants mauritaniens rapporte le comportement discriminatoire d’un enseignant à l’université de Nouakchott qui, le 8 mars dernier, se permit de stigmatiser en plein amphithéâtre un étudiant négro-africain.
« Si tu ne parles pas hassania, ce n’est pas ta place ici » proféra l’enseignant. Un fait non anodin, ce dernier dispensait le plus tranquillement du monde son cours de comptabilité des sociétés en hassanya alors que ce cours devait être dispensé en français. L’histoire ne dit pas si les étudiants ne parlant pas les autres langues «afro-mauritaniennes» avaient leur place au sein de l’amphi et dans le pays ou si l’exigence ne vaut que dans un sens.
Ce n’est pas davantage la rubrique concours, recrutements, nominations et promotions qui apportera du réconfort comme l’illustrent quelques exemples tirés d’une actualité plus ou moins récente.
En août 2019, une campagne de recrutement de l’armée « nationale» aboutit au recrutement de 47 personnes appartenant toutes à la communauté maure.
Le 11 juin 2020, un site mauritanien réputé publiait la liste de dix gradés nommés par le nouveau chef d’Etat-major des armées (lui-même maure comme les chefs des 3 armes, de la police, de la gendarmerie de la garde…) pour diriger des commandements et des régions militaires. Les dix promus sont maures.
L’armée, dirigée des années durant par l’actuel chef de l’Etat, est de toutes les institutions celle où le blanchiment et l’éliminationnisme ont été les plus radicaux. Les récentes manœuvres militaires dites « Zemour II» ont permis de visualiser à quel point cette institution censée participer de l’intégration nationale est devenue monocolore, mono-ethnique, renfermée sur elle et sur une communauté.
Le 21 mars 2021, la direction générale de la police nationale publiait les résultats d’un concours interne. Trente « admis » et trente maures. Pour une fois, comme s’il s’agissait d’un fait de trop, la chose donna lieu à des réactions indignées, bien qu’isolées, de compatriotes maures. Nous ne pouvons évidemment que nous réjouir de ce début d’évolution et nous espérons qu’il gagnera en ampleur car nous croyons au combat commun.
Heureusement que par sa réussite notre sélection nationale de football est là pour nous mettre du baume au cœur et prouver que, pluriel, notre pays est plus attrayant et plus performant parce qu’il sollicite tous ses talents. Cet épisode heureux ne nous fera hélas pas oublier un quotidien fait d’exclusions et d’humiliations à l’image de celles infligées récemment à Kankossa à une concitoyenne bafouée, injuriée, traitée avec une vulgarité inqualifiable pour avoir voulu tout simplement exercer son droit à l’enrôlement.
Que dire du sort des paysans de Feralla qui, tel David face à Goliath, se battent avec l’énergie du désespoir pour que leurs terres ne leur soient pas confisquées au profit d’exploitants puissants et véreux? Les FLAM appellent à ce propos l’attention de nos concitoyens et celle de l’opinion démocratique internationale sur les manipulations et l’instrumentalisation habituelles par les pouvoirs publics visant à dresser les unes contre les autres des communautés qui ne demandent qu’à vivre ensemble en bonne intelligence.
Nous savons à quoi ces entreprises meurtrières ont conduit notre pays dans le passé et appelons tous les responsables politiques à la vigilance pour contrer les plans diaboliques en cours.
Chers concitoyens. Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous dressons un tableau sombre de notre pays. Il est hélas, vous le savez, en deçà de la réalité. Les choses sont allées trop loin et cela ne date pas d’aujourd’hui. D’aucuns pourraient légitimement penser qu’un point de non-retour a été atteint. Il appartient à chacun de nous et à nous tous collectivement de faire en sorte qu’il en aille différemment. Nous en appelons à un sursaut patriotique. L’avenir et la survie du pays en dépendent.
Département de la communication des FLAM
Le 04/04/2021