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un grain de sable pour secouer la poussière...

Malgré 34 ans au coeur du haut pouvoir militaire, Ghazouani cible de leçons d’autorité et de politique…

Samedi 3 Juillet 2021 - 16:20

 
Quand on entend les discussions de salons qui s’alimentent des sorties de blogueurs ou celle d’un Ahmed Haroun Cheikh Sidiya, Ghazaouni serait un dormeur pour les uns et pour l’autre un innocent un peu borné à qui le premier venu peut donner des leçons de politique et même de mesures à prendre pour éviter à la Mauritanie un coup d’Etat ou des émeutes sanglantes.
Vu sa discrétion, combien peuvent dire qu’ils connaissent Ghazouani ? Pourtant il suffit d'approcher son CV pour comprendre l’ineptie de vouloir lui donner des leçons de sécurité ou de politique.
Avant de parler de sa politique, voyons juste l’aspect sécuritaire. Qui peut croire qu’un monsieur qui a un tel parcours puisse ne pas maîtriser son sujet au moins pour assurer ses arrières ? Sous prétexte que l’homme n’a pas des manières autoritaires, il faudrait croire qu’il puisse ignorer ce qu’on appelle le sens du commandement et l’art de se faire respecter par ses hommes ?
Il y a 34 ans, dès 1987 il était déjà aide de camp du président ; c’est-à-dire le trait d’union entre le président et les affaires militaires. Depuis ce moment il n’a jamais quitté le haut commandement militaire : commandant du bataillon blindé puis chef du 2ème bureau jusqu’au coup d’Etat contre Taya où il devint membre du CMJD, puis, après le second coup d’Etat, membre du Haut Conseil d’Etat. Puis 3 ans directeur général de la sûreté nationale, ensuite 5 ans chef d’Etat-Major national, président du conseil de défense et enfin 5 autres années chef d’Etat-major général des armées.
Ainsi l’appareil sécuritaire n’a aucun secret pour cet homme qui a eu tout le temps de participer activement aux avancements des uns et des autres. La réussite fut telle qu’il a pu remplacer celui qui pensait être le chef suprême d’une armée privée à savoir Aziz et lui faire subir le sort que l’on sait sans que rien ne bouge.
 

Malgré 34 ans au coeur du haut pouvoir militaire, Ghazouani cible de leçons d’autorité et de politique…
Ahmed Haroun Cheikh Sidiya se trompe en pensant que les militaires mauritaniens ont peur des coups d’Etat à cause de la «  communauté internationale ». Il suffit pour s’en convaincre de voir combien de chefs d’Etat ont pu triturer les constitutions pour avoir droit à d’autres mandats même en tirant sur leur peuple sans que cela ne change rien dans leurs rapports avec cette fameuse communauté internationale qui se résume à une poignée d’Etats toujours les mêmes chacun ayant son pré carré dans une région du monde. 

De même pour les coups d’Etat : pour la forme il y a une condamnation «  internationale « mais il suffit à la nouvelle équipe de prouver qu’elle tient l’appareil sécuritaire, assure la paix civile et qu’elle ne touchera pas aux intérêts des uns et des autres pour que le coup d’Etat passe. Ensuite il suffit d‘annoncer que la nouvelle équipe jouera le jeu du théâtre démocratique à savoir de nouvelles élections après une transition militaire et tout passe surtout si l’équipe a le soutien d’un membre du conseil de sécurité de l’ONU avec le fameux droit de véto. On voit par exemple le Mali se tourner vers la Russie…

Cela dit à propos de coup d’Etat, seuls des gens à côté de la plaque peuvent penser que Ghazouani et le haut commandement militaire mauritanien dorment et qu’ils ne savent pas qui serait en mesure de faire un tel coup. Seuls les militaires mauritaniens savent qui peut faire quoi et surtout quels sont les rapports et les intérêts entre les uns et les autres, aucun civil n’en sait quelque chose, pas même le pape d’Ahmed Haroun Cheikh Sidya à savoir feu Bredeleil.

Il faut donc laisser aux militaires le chapitre des coups d'État, eux seuls savent qui peut le faire et qui aurait intérêt à le faire. Ghazouani est le dernier à être un ignorant à ce sujet.

 

Malgré 34 ans au coeur du haut pouvoir militaire, Ghazouani cible de leçons d’autorité et de politique…
Quant au volet politique : la méthode Ghazouani a la faiblesse de priver les mauritaniens de leur jeu favori : le complot et l’intrigue politique. Aziz jouait le jeu, en laissant la sécurité à Ghazouani et deux ou trois autres. Les mauritaniens étaient occupés par la politique, les intrigues avec des PM et ministres forts parfois tyranniques et un parti qui faisait bloc face à une opposition qui avait le mérite d’exister.

Aujourd’hui les mauritaniens sont privés de ce théâtre et ils sentent un grand vide. Personnellement je pense que c’est une erreur d’en finir avec ce théâtre politique mais peut-on donner une leçon de politique à un régime qui fait disparaître l’opposition sans violence juste avec quelques intérêts ? Politiquement c’est bien joué. S’il n’y a pas d’opposition, il faut aller se plaindre chez les opposants.

De là à estimer que le pouvoir en est affaibli et qu’il y a un risque d’émeutes ou de révolution, c’est prendre ses rêves pour des réalités. Même si culturellement le mauritanien est formaté pour encaisser l’injustice et la misère, il finira par se manifester surtout en sachant qu’il n’y a plus de raison d’avoir peur mais on ne s’improvise pas émeutier et nous ne sommes que 4 millions éparpillés sur un vaste territoire et les forces de l’ordre ont les moyens de gérer tout ça dans l’oeuf. 

S’il devait arriver quelque chose de violent à grande échelle, cela ne pourrait arriver qu’avec le concours des forces de sécurité. On revient donc aux paragraphes plus haut, Ghazouani n’ignore rien de la dynamique des possitbilités hypothétiques.

Tout ça pour dire qu’il faut arrêter de présenter Ghazouani pour un incapable à côté de la plaque comme dirait Bredeloeil. Son CV militaire parle pour lui en matière de commandement quant au volet politique, tout est sous contrôle mais il s’agit d’un mode de gouvernance que nos intellectuels refusent d’analyser car ils n’ont pas les moyens de le faire vu que pour cela il faudrait étaler l’articulation des forces en présence dans l’armée par tête, profil, tribu, région et affinités. 

Ghazouani et ceux qui ont pris le pouvoir des mains d’Aziz ont réussi un tour de force : faire partir le chef sans toucher à rien ou presque. Croire que le pouvoir est faible, c’est n’avoir rien compris. La seule faiblesse c’est que le régime de Ghazouani est encore trop jeune, il lui manque l’habillage politique d’une scène politique vivante. Il n’en veut pas, c’est son style, il faudra faire avec en attendant l’avenir pour savoir s’il récoltera les fruits de cette politique ou s’il en paiera le prix…

En attendant, il devrait s’intéresser à la faillite de la communication censée s’occuper de son image. Peut-être qu’il n’est pas au courant…

VLANE A.O.S.A

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