Le Calame : Vous avez suivi certainement la conférence de presse de l’ancien président de la République Mohamed Abdel Aziz. Celle-ci intervient quelques semaines après son interview dans Jeune Afrique et une lettre adressée à l’opinion publique mauritanienne. Diriez-vous que sa dernière sortie n’a rien apporté de nouveau par rapport aux premières ou qu’il a peaufiné sa stratégie de riposte ? Que cherche Ould Abdel Aziz à travers cette campagne de communication tout azimut ?
Saleh Ould Hanena : La dernière sortie de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz (je tiens à l’appeler ainsi par respect à la chère République Islamique de Mauritanie qu’il a eu, malheureusement, à diriger pendant plus de dix ans) n’a rien apporté de nouveau sauf la distribution des accusations et des injures, ce qui signifie qu’il est énervé par les actes commis lorsqu’il était président de la République. Cette situation lui permet de connaitre la souffrance qu’il a occasionnée pour ses adversaires politiques d’antan. Aujourd’hui il se débat pour revenir sur la scène politique et pour essayer de s’ériger, aux yeux de ceux qui ne le connaissent pas, en opposant politique visé par son jugement pour la gabegie et le détournement des deniers publics. Il est aujourd’hui victime de ses actes malintentionnés, de sa gabegie, de sa dictature et du non-respect des textes et des droits fondamentaux qui ont caractérisé sa période au pouvoir. Il est en train de payer le prix de sa vision obscurantiste des choses.
-A chaque fois que l’ancien président tente d’organiser une conférence de presse, c’est la croix et la bannière. Pourquoi ses prises de paroles agitent-elles tant le pouvoir ? Ne donne-t-il pas l’impression de redouter les capacités d’Ould Abdel Aziz ? La gestion du dossier de la décennie ne donne-t-elle l’impression qu’Ould Abdel Aziz est le seul visé des 13 inculpés ?
-Les capacités de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz sont pratiquement insignifiantes face à ces crimes perpétrés contre notre cher peuple dont il a détourné les biens de tous genres et l’a privé de tout type de liberté. En ce qui concerne le dossier de la décennie, c’est d’abord et avant tout le dossier de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz en sa qualité de premier responsable sans l’accord duquel les autres exécutants ne peuvent pas oser faire ce qu’ils ont fait.
-La majorité et l’opposition sont à la recherche des voies et moyens pour la tenue d’un dialogue national inclusif. Quelles sont selon vous les conditions qu’il faudrait réunir pour que ce projet aboutisse et pour que les recommandations qui en sortiront soient mises en œuvre ?
-Pour qu’il y ait un dialogue national inclusif ou une concertation nationale, il faut une très bonne préparation des dossiers à traiter. Il faut aussi impliquer tous les acteurs politiques, sociaux et des droits de l’homme tout au long du processus. Il faut enfin poser tous les problèmes sur la table et essayer de leur trouver des solutions qui dépassent toutes sortes de rancunes et de tabous.
-Dans ces sorties, l’ancien président a formulé des accusations graves contre les députés qui selon lui auraient été payés pour approuver la création de la commission d’enquête parlementaire. Qu’en pensez-vous ?
L’ancien président Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz a distribué les accusations à tort et à travers (région, tribu, élus et autres). Il a affirmé que les députés ont été corrompus pour approuver la création de la Commission d’Enquête Parlementaire. Personnellement, je pense que la Chambre des députés est composée d’une élite de ce peuple qui doit être respectée de tous et en particulier de l’ancien président de la République.
Propos recueillis par Dalay Lam
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