La question du départ du président Mohamed Ould Abdel Aziz occupe le devant de la scène reléguant du coup à l’arrière plan les autres sujets plus importants pour les populations. A savoir les problèmes sociaux avec leurs déterminants économiques. Le président Aziz n’est pas à son premier coup de maitre. A chaque fois que ses opposants vont en escalade contre son gouvernement, que le pouvoir d’achat des consommateurs dégringole, il trouve un stratagème pour se soustraire de l’emprise des revendications.
C’est pour couper court au discours politique de ceux qui s’opposent farouchement à son « plan de conservation » du fauteuil présidentiel au-delà de 2019 et détourner les esprits sur tous les maux qui gangrènent le pays que Mohamed Ould Abdel Aziz s’est tourné vers la communication médiatique pour atténuer les pressions et disposer d’un moment de souffle pour voir plus clair. Sachant que la gestion du pouvoir est plus douloureuse en fin de règne, il coupe l’herbe sous les pieds de ses opposants en anticipant sur les événements. Le temps de mijoter une nouvelle stratégie pour isoler les leaders politiques incisifs. Le temps de sécuriser son départ éventuel et céder son fauteuil à un présumé dauphin –protecteur.
Sans prendre la peine de décrypter l’entretien du président avec Jeune Afrique, la classe politique se focalise plus sur l’annonce de ne pas briguer un troisième mandat que sur les conditions nécessaires à la tenue d’élections transparentes garantissant une alternance crédible.
En effet, le départ du président est moins important que l’assainissement du climat politique actuel caractérisé par une rupture totale de dialogue entre les acteurs du camp de la majorité et ceux de l’opposition radicale après plusieurs échecs à instaurer un cadre de concertation en vue de sortir d’une impasse qui n’a que trop duré . La fronde des sénateurs a porté un coup psychologique fatal à l’autorité présidentielle ouvrant ainsi la voie à une autre crise qui s’est ajoutée à une situation très délétère. Dès lors où les blocages subsistent il est plus que nécessaire pour les acteurs politiques de lever les différents écueils, apaiser le climat intérieur afin de favoriser un changement dans la stabilité.
Il est clair qu’en l’absence d’un débat démocratique véritable, aucun simulacre de dialogue ne saurait tenir lieu de solution de sortie de crise pré-électorale. Les propos d’un président sortant doivent plus être considérés comme une « rhétorique politicienne » visant à occuper les acteurs politiques de tous bords qui vont se cristalliser sur des échéances électorales avant l’heure pendant que l’homme fort du pays peaufine discrètement son plan qui dévoilera un jour ses secrets.
CTD