Des dizaines de personnes ont été blessées dans la nuit à Beyrouth dans des affrontements entre des membres des forces de sécurité et des partisans de deux mouvements chiites, a rapporté mardi la défense civile libanaise.
Des dizaines de jeunes partisans du Hezbollah et d'Amal, les deux partis chiites du pays, ont attaqué vers minuit des camps de manifestants antigouvernementaux dans le centre la capitale, déserts à cette heure de la nuit, selon un photographe de l'AFP.
Ces jeunes en colère, venus à pied ou à moto, s'en sont alors pris aux forces de sécurité en leur jetant des pierres, des engins explosifs ou en incendiant des voitures. La police a répliqué en faisant usage de gaz lacrymogènes et les heurts se sont poursuivis tard dans la nuit, selon la même source.
Ces heurts semblent avoir été provoqués par la diffusion sur les réseaux sociaux d'une ancienne vidéo dont le contenu a été jugé "offensant et humiliant" par des membres de la communauté chiite.
Ces affrontements ont fait au mois 23 blessés, qui ont été hospitalisés, selon la défense civile, qui n'a précisé s'il s'agissait de membres de forces de sécurité ou des manifestants chiites. Quarante-trois autres personnes ont été soignées sur place, d'après la même source.
A Saïda (sud), des jeunes encagoulés ont aussi attaqué dans la nuit des camps de manifestants, détruisant certains d'entre eux, également inoccupés, selon un correspondant de l'AFP.
Le Liban vit depuis deux mois au rythme d'un mouvement de contestation inédit contre l'ensemble de la classe dirigeante, accusée de corruption et d'incompétence, ayant entraîné la démission dès le 29 octobre du Premier ministre Saad Hariri.
La mobilisation contre la classe politique s'est globalement déroulée dans le calme, mais ces derniers jours les accrochages se sont multipliés, faisant des dizaines de blessés chaque soir. Les forces de sécurité ont plusieurs fois eu recours à la force contre les manifestants.
Des consultations parlementaires prévues lundi pour permettre d'avancer vers le choix d'un nouveau Premier ministre ont de nouveau été repoussées, à jeudi.
Le mouvement de contestation réclame le départ de l'ensemble de la classe politique actuelle, et la nomination d'un gouvernement composé uniquement de technocrates et de personnalités indépendantes des partis politiques confessionnels.
Mais le dialogue politique semble dans l'impasse, sur fond de situation économique et sociale jugée critique.
AFP