Un homme avait un mouton sur lequel il avait accroché tous ses espoirs.
Un jour qu’il était particulièrement tenaillé par le besoin, il décida de vendre sa bête au marché.
Malheureusement il fut aperçu de loin, par quatre voleurs professionnels, sortant de l’académie internationale du vol polytechnique.
Les quatre larcins après une consultation tactique rapide se positionnèrent, à des points différents, sur le bord de la route.
Quand l’homme passa au niveau du premier larron, il le salua et fut surpris quand le malfrat lui lança : « Mais pourquoi donc tu traine un chien derrière toi ? ».
Il sourit et répliqua, confiant et tranquille, un rien moqueur : « Ce n’est pas un chien, mais un mouton que je compte vendre au marché. ». Il continua son chemin, pensant secrètement : « cet homme est aveugle. »
Il ne tarda, cependant, pas à passer au niveau du second filou, qui, répondant à son salut à son tour, s’étonna : « Qu’as-tu à trainer ce pauvre chien derrière ton dos. »
L’homme répondit de la même manière qu’au premier voleur : « Ce n’est pas un chien, mais mon mouton que je veux vendre au marché. » cependant le doute commençait sournoisement à filtrer vers son esprit.
Le front soucieux, il poursuivit son chemin, quand un autre fripon, assis religieusement sur le bord du chemin, un chapelet à la main, répondit à son salut, mais ajouta, les yeux écarquillés : « Mais ce n’est pas bien de tirer ce sale chien de la sorte, il risque de souiller tes habits avant la prière. »
Notre ami, cette fois-ci avait senti un peu de fièvre gagner son corps.
Astaqfiroullah dit-il, estomaqué et continua, malgré tout, titubant et hésitant, quand il tomba nez à nez avec le quatrième bluffeur.
« Waleykum Salam, répondit le dupeur ! Mais « qu’qu’ on » ne va pas voir » avec ces peuples de la fin des temps ? Pourquoi tu tires cette bête derrière toi ? ».
C’est à ce moment que notre pauvre homme, n’eut plus de doute : il trainait un chien, et non un mouton.
Il n’est pas logique que quatre hommes, quatre témoins à des endroits éloignés et différents, soient tous des menteurs.
Il se tourna vers le voleur et lui dit : « Vous avez raison. J’étais un peu pressé et j’ai pris le chien pour un mouton. Je voulais le vendre au marché. Je viens juste de remarquer que c’est un chiens, balbutia-t-il confus et honteux. »
Il libéra le « mouchien » et retourna précipitamment vers son logis, pour tâtonner l’existence de moutons éventuels.
Les voleurs se saisirent du mouton et s’éloignèrent en chuchotant entre eux de la grande efficacité du mensonge, de la ruse de la calomnie et de la diffamation.
C’est ainsi que se créent les opinions publiques et c’est ainsi qu’on manipule les masses, pour en faire des moutons.
La duperie et les désinformations, sont en passe de devenir des armes maitresses pour constituer les ingrédients moteurs de l’orientation des opinions. Un joker pour jouer sur les consciences et modeler les opinions.
Des spécialistes de ces sports malhonnêtes foisonnent désormais dans toutes les sociétés du mondes, pour que les vérités ne soient plus vérités et que la voix du faux soit la plus forte.
Les états-majors de l’information sont désormais des régiments redoutables, pour écraser les certitudes et pour tourner les faits dans les directions d’intérêts et de stratégies, souvent très loin de la vérité, de la raison et de la justice.
La création de scènes, les imitations, les falsifications, la simulation, les duperies, le jeu avec les cerveaux, sont en passe de gouverner le monde.
Un défi au Seigneur des mondes.
Une seule certitude : le mouton est parti avec les voleurs et le chien a nidifié et s’est endormi dans l’esprit du pauvre éleveur.
Reste à prouver que les quatre escrocs ne se nourrissent pas de viande de chiens, pensant consommer la viande de mouton.
Il est une grande perte de laisser nos convictions, notre culture, notre patrimoine et nos intérêts profonds à la merci de voleurs. Surtout les voleurs de consciences.
Mohamed Hanefi. Koweït.