ls sont 27,5 millions aujourd'hui à ne bénéficier d'aucun remboursement de frais de santé dans un pays où le coût moyen des soins est de loin le plus élevé au monde, et à craindre une catastrophe: être atteint par le coronavirus.
Les experts en santé publique s'inquiètent souvent plutôt de la propagation de pandémies dans des pays en développement ou sous-développés, où le système de santé est généralement insuffisant pour faire face.
Mais des épidémiologistes considèrent les Etats-Unis comme un pays à part parmi les nations développées, où le risque de propagation est accru par une série de facteurs spécifiques.
Outre les Américains non assurés médicalement, il faut prendre en compte "les gens qui ont peur d'aller à l'hôpital pour des questions d'immigration", craignant d'être interpellés puis expulsés, explique Brandon Brown, épidémiologiste à l'université de Californie à Riverside.
"Il est possible que la propagation, si elle se poursuit, souligne les disparités en matière d'accès aux soins que nous connaissons déjà mais que nous n'avons pas réussi à réduire", dit Brian Garibaldi, directeur médical de l'unité de confinement biologique de l'université Johns Hopkins.
"J'hésiterais clairement à aller chez le médecin, parce que les factures sont dingues", dit Danjale Williams, barmaid à Washington. "Je n'ai pas assez d'économies pour me soigner quoi qu'il arrive."
Une loi votée en 1986 par le Congrès américain garantit la prise en charge d'un malade aux urgences, même si l'hôpital ne peut avoir la preuve qu'il est solvable.
Mais cela n'empêchera pas le patient de se voir réclamer le paiement des soins par la suite. "Donc on doit vraiment être très vigilant sur les coûts dans chaque situation", explique Abigail Hansmeyer, qui vit dans le Minnesota et n'a pas de couverture médicale.
- Aller travailler malade -
A tout cela s'ajoute la culture américaine du travail à tout prix, où les arrêts-maladie sont souvent mal vus et où tous les Etats n'interdisent pas à l'employeur de licencier un salarié malade.
Une philosophie qui pourrait se trouver en contradiction avec l'incitation à l'auto-confinement des autorités américaines, notamment du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC), qui suggère aux malades de rester chez eux si les symptômes ne nécessitent pas l'hospitalisation.
"Beaucoup de gens, selon leur emploi, leur statut, ne peuvent pas faire ça", prévient Brandon Brown au sujet des mesures d'auto-confinement, car menacés par une perte de revenus ou un licenciement.
Même si de nombreux Etats américains ont adopté des textes en ce sens, les Etats-Unis sont, en effet, le seul pays développé à ne pas avoir inscrit dans la loi au niveau national le congé maladie avec maintien de salaire.
Un sondage national publié en octobre par le cabinet Robert Half a montré que 90% des employés interrogés disaient être déjà allés travailler enrhumés ou sujets à des symptomes grippaux.
Un tiers des sondés affirmaient même aller systématiquement travailler dans ce cas.
L'arsenal des mesures de prévention pourrait, à moyen terme, inclure la vaccination.
La course au vaccin contre le coronavirus est lancée. Mais une fois le produit sur le marché, sera-t-il accessible à tous, dans un pays où le coût des médicaments est le plus élevé du monde?
"Nous voudrions nous assurer que nous travaillons à le rendre abordable, mais nous ne pouvons pas contrôler le prix, car nous avons besoin que le secteur privé investisse" dans la recherche menant au développement du vaccin, a déclaré le ministre américain de la Santé, Alex Azar, lors de son audition au Congrès, cette semaine.
"Personne n'a dit que les profits étaient interdits", a écrit l'éditorialiste Ed Silverman sur le site spécialisé Pharmalot, "mais devrions-nous laisser mourir des Américains atteints du virus parce que le prix (du vaccin) est trop élevé?"
AFP