Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, réitère sa ferme volonté de respecter la Constitution en ne briguant pas de 3e mandat en 2019, dans un entretien exclusif avec l’hebdomadaire panafricain «Jeune Afrique» paru ce lundi.
Par la même occasion, le chef de l’Etat mauritanien déclare ne pas avoir de dauphin, tout en confirmant sa volonté de conserver un regard attentif et intéressé sur le jeu politique national après son départ de la présidence.
Lors d'une sortie précédente dans les médias français en 2016, le Premier magistrat de Mauritanie déclarait déjà: «Je n’ai jamais dit que j’allais modifier la Constitution pour me représenter. J’ai prêté deux serments pour la respecter. Ils sont plus forts que tout ce que je pourrais dire à l’avenir».
L’article 28 de la Constitution mauritanienne de juillet 1991, modifiée par voie référendaire le 25 juin 2006, prévoit que «le président de la République est rééligible une seule fois».
L’article 29 stipule «avant d’entrer en fonctions, le président élu prête serment en ces termes: je jure par Allah l’unique de bien et fidèlement remplir mes fonctions, dans le respect de la constitution et des lois, de veiller à l’intérêt du peuple mauritanien, de sauvegarder l’indépendance et la souveraineté du pays, l’unité de la patrie et l’intégrité du territoire national.
Je jure par Allah l’unique de ne point prendre ni soutenir, directement ou indirectement, une initiative qui pourrait conduire à la révision des dispositions constitutionnelles relatives à la durée du mandat du président de la République et au régime de son renouvellement, prévus aux articles 26 et 28 de la présente Constitution».
Mais au-delà des dispositions gravées dans le marbre, le débat continue dans les salons de Nouakchott. Certains «soutiens» du président continuent à réclamer un troisième mandat, alors qu’une partie de l’opinion reste sceptique quant au respect de la constitution par le président.
Réagissant à cette nouvelle déclaration, Lô Gourmo, vice-président de l’Union des forces du progrès (UFP), exhorte ses camarades de l’opposition à prendre Mohamed Ould Abdel Aziz au mot, tout en restant «vigilants». Sur les réseaux sociaux, il a écrit que «le chef de l’Etat confirme ne pas se présenter en 2019 pour un 3e mandat. Cela est clair et sans aucune ambiguïté.
En 2019, une situation nouvelle se présentera dans le pays. Aux Mauritaniens de tous horizons d’agir de concert, dès maintenant, pour une alternance démocratique authentique et apaisée, dans le respect de l’ordre constitutionnel et des libertés démocratiques. Il en va de l’intérêt de notre patrie».
Une perspective «d’alternance démocratique» à laquelle ne semble pas trop croire maître Ahmed Salem Ould Bouhoubeiny, ex-bâtonnier de l’Ordre national des avocats (ONA).
Cet avocat s’est exprimé dans les colonnes du Quotidien de Nouakchott ce lundi, dans lequel il met à nue les carences «d’une opposition qui n’a jamais réussi à s’unir sous une même bannière politique, tout comme elle a échoué à concevoir une stratégie crédible pouvant sauver le navire et le conduire à bon port, qui a échoué lamentablement à tirer les enseignements des épreuves qu’elle a enduré dans le passé». Selon lui, l’opposition actuelle ne représente pas une alternative crédible.
Par notre correspondant à Nouakchott