Tel était l’objectif de la convocation, le 12 Juillet, des partis politiques par le ministre de l’Intérieur. Déroulé dans une « bonne ambiance », nous dit-on, ce premier tour de table a permis, selon un communiqué de presse publié au sortir de la réunion mais aussi divers responsables de partis, d’échanger autour des prochaines élections municipales, régionales et législatives, prévues en 2023. Premier point d’importance :la refonte ou le réajustement de la composition de la Commission nationale indépendante (CENI), chargée d’organiser, superviser et proclamer les résultats provisoires des consultations électorales. Car cette cheville ouvrière doit être revue et corrigée : convenue d’un commun accord par les participants au dialogue de 2016,sa composition ne colle plus à la réalité politique actuelle ; jadis membres de l’Opposition, certains partis ont rejoint avec armes et bagages la majorité. Seule l’Alliance Populaire Progressiste (APP) de Messaoud Boulkheir est restée sur ses positions.
Mohamed Vall ould Bellal, l’actuel président de la CENI, a d’ailleurs exprimé, dans une récente interview accordée à nos confrères de l’AMI, la détermination de son institution à mettre tout en œuvre pour assurer les meilleurs préparatifs aux prochaines échéances. Et d’insister sur la volonté du ministère de l’Intérieur – du gouvernement, donc – d’y contribuer avec diligence. Celui-ci a déjà mis en place deux commissions chargées respectivement de plancher sur les aspects réglementaires et logistiques.
Le ministre et les partis politiques ont également évoqué le problème du fichier électoral dont l’audit s’impose. Une vieille revendication de l’opposition…On a aussi abordé la question des cartes d’identité nationale dont plusieurs milliers sont arrivées à expiration en 2022. Comment l’agence nationale de l’état-civil compte-t-elle faire face à cette situation ? Renouvellement de toutes les cartes périmées ou prorogation de leur durée de validation ? Dans le premier cas, l’ANRPTS devra disposer de temps et de moyens pour assurer le fonctionnement de tous ses Centres d’Accueil des Citoyens (CAC) dans les capitales régionales, départementales et communales. Bien peu d’entre eux sont fonctionnels ; pour la plupart fermés ou ouverts au compte-gouttes, sinon à l’humeur du chef de centre qui peut se réveiller tard alors que poireautent depuis des heures les citoyens, en rang dès l’aurore. Certains de ceux-ci n’hésitent pas à passer la nuit en l’espoir d’obtenir enfin leur droit le plus élémentaire, le papier d’état-civil.
Autre point abordé : les votes de la diaspora. Une question délicate, explique le ministre, car il faut d’abord connaître, pour faciliter le devoir civique de ses membres, combien de sièges leur seront-ils attribués. On se rappellera ici que les autorités se méfient du vote extérieur pour la bonne et simple raison qu’il est réputé proche de l’opposition.
À en croire certaines sources, le MIDEC aurait suggéré d’anticiper les élections. Ce qui a poussé certains à monter sur leurs grands chevaux en accusant le ministre de l’Intérieur d’empiéter sur les prérogatives de la CENI. Toujours est-il qu’après la réaction des partis politiques au terme de la réunion, le ministre de l’Intérieur a demandé à tous de réfléchir et de formuler des propositions pour une prochaine rencontre.
Absences des uns, retour d’un autre
Il faut noter que ces premières discussions auront été marquées par de notables absences et non des moindres. Le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) d’Ahmed Daddah, l’Union des Forces du progrès (UFP) de Mohamed Maouloud et l’Alliance pour la Justice et la Démocratie, Mouvement pour la Refondation de (AJD/MR) d’Ibrahima Moctar Sarr, l’ancien bagnard de Oualata, ont en effet choisi de boycotter le cénacle pour marquer leur désapprobation de la suspension unilatérale du processus de préparation du dialogue. Il faut rappeler que ces partis ont beaucoup œuvré pour la tenue de celui-ci. C’est à la veille de la rencontre qu’ils ont fait part de leur décision, à travers une lettre adressée au MID. Une lettre également signée par Tawassoul qui a cependant choisi ultérieurement de prendre part aux débats du 12 Juillet. Parti d’élections par excellence et leader de l’opposition, le parti islamiste a estimé utile d’y assister, afin d’y exprimer, de vive voix au ministre, toute sa réprobation et, partant, exiger la reprise du processus pour gérer de manière inclusive la question des élections.
Prenant note de ces absences, le ministre de l’Intérieur a annoncé que « la porte reste ouverte aux autres partis ». Mais qu’entend-il par « autres » ? S’agit-il des trois récalcitrants – RFD, UFP et AJD/MR – et/ou de partis non reconnus, comme le RAG de Biram Dah Abeid ou les FPC de Samba Thiam ? Alors qu’on a noté, au cours de cette rencontre du 12 Juillet, la participation de nombreux « partis-cartables » et autres partis dissous parce qu’ils n’avaient pas obtenu 1% lors des précédents scrutins ou pris part à deux élections successives… Autre fait marquant, le retour de l’APP dont le président avait boudé le comité de dialogue, dédaignant toutes les tentatives de le ramener à la table des discussions. Le ministère peut aujourd’hui s’en réjouir… en attendant la suite des évènements.
Dalay Lam
lecalame