Encore une fois, on nous casse les tympans, par la célébration de la semaine de la francophonie, comme on le fait chaque année, hélas, tambours battants. Et cette minorité de ‘’têtes de mules’’, qui se croient en Auvergne, en Occitanie, ou en Normandie, ne cesse de nous offenser et offusquer. Faut-il leur rappeler, et à chaque fois, qu’ils sont à Nouakchott ? C’est-à-dire non loin de la localité de ‘’Tidra’’, lieu de retraite sacrée et hautement symbolique des ‘’Mourabitounes’’ qui, -faut-il encore le sonner aux oreilles de ces ‘’alouettes’’-, sont les ‘’Maures’’, arabes conquérants de l’Espagne, et derniers bâtisseurs de la civilisation Andalouse. Faut-il encore le rappeler à ces ‘’bornés’’ de ‘’franco-fous’’,- car, à ce que je sache, il n’y a pas de ‘’francophones’’ chez nous- ; et quand bien même, en ‘’francophonisés-formatés-aliénés-affidés’’, ils s’acharnent à nous agacer, nous leur rappellerons qu’ils n’ont pas leur place dans le pays des sommités intellectuelles de la langue arabe qu’est la Mauritanie. Terre et patrie de Mokhtar Ould Bouna qui, à lui seul constitue la référence pour tout le monde arabe, pour avoir apporté mille autres questions, sous forme de règles grammaticales en vers classiques à ElViyatu IBnu Malik ; terre de Mohamed Benu Tolba El Ya’aqubi, qui, dans chaque coin et recoin de ‘’Tiris’’ a su revivre le ‘’saoul’’ , l’esprit vif, le verbe authentique, et le souffle poétique bédouin et pur de l’Arabie ‘’Jahéléenne et islamique’’ ; et enfin, terre du feu Mohamed Salem Ould Addoud, qui a toujours rappelé de son vivant, -qu’Allah le Tout Puissant l’agrée dans son saint Paradis-, qu’il n’est pas francophone, et en ces termes : « Je ne suis pas francisant, ni francisé » et Dieu seul sait, que cet homme-là représentait à lui seul toute la ‘’Oumma’’, ou nation arabe. Rappelons tout juste, une série d’entretiens, sous forme d’émissions culturelles enregistrées par la télévision jordanienne avec Addoud, série que les jordaniens ont bien tenus, et à juste titre, à intituler ‘’Oummatoune vi rajoul’’, littéralement ‘’Une Nation en un homme’’. Addoud et bien d’autres d’éminents érudits mauritaniens, ont su tenir tête et résister vaillamment à une ‘’francophonisation’’ rampante, hégémonique, négatrice d’un legs multiséculaire de culture et de civilisation arabe jalousement gardé et transmis par les mauritaniens, à travers nos ‘’Mahadras’’. Cette sorte ‘’d’académies nomades’’ qui ne cesse de créer des émules dans tout le reste de notre monde arabo-musulman.
Bref, c’est vous dire qu’ ‘’il n’y a de sourds mieux bouchés que celui qui ne veut rien entendre’’, comme l’écrivait Lanza Del Vasto. Idem pour ces prétendus ‘’francophones’’ dans notre pays, qui nous obligent, chaque année à leur rappeler que le simple fait de dire à un mauritanien authentique qu’il est ‘’francophone’’ est doublement une offense et une contre vérité cruelle. Car la Mauritanie, et c’est là la différence, est le ‘’réceptacle’’, le légataire et l’héritier légitime, j’ose dire ultime, de la langue arabe. Voilà vraiment là où le bât blesse : être les héritiers de Abu El Aswed Adduali, de Khalil Bnu Amed El Varahidi, de Sibawayhi, d’ El Asmai, d’El Kissai, d’ E’Tha’alibi, d’Ibnu Duraid, de Ibnu Hicham, de Zubeydi, de El Feyruzabadi, et de Ibn Mandhur ; et nous traiter de ‘’francophones’’. Quelle offense ! Quel aveuglement ! Quelle ignorance ! Car une langue, n’en déplaise aux mystificateurs, ne peut jamais être un ‘’outil neutre de communication’’. Une langue est avant tout une âme collective, le véhicule de toutes les valeurs communes à un peuple ou une nation donnée, la marque de civilisation distinctive d’une nation, la manière propre de raisonner, de répliquer, de questionner, d’agir et d’échanger entre les membres d’un groupe d’individus.
Dites aux allemands de remplacer l’allemand par le Français, dites aux Anglais de remplacer chez eux la langue de Shakespeare par le français, dites surtout à un français de remplacer le français par n’importe quelle autre langue au monde, et vous verrez la réplique ! Que cette hypocrisie qui consiste à dire que la langue n’est qu’un moyen de communication cesse, et on en a assez de l’entendre sur la bouche des ‘’franco-fous’’ de chez nous. Notre relation avec le français, nous mauritaniens, ne peut être que conflictuelle. Car c’est la langue étrangère qui s’est imposée et s’impose de manière agressive à notre peuple, dans l’administration, dans l’enseignement, à la poste, dans les hôpitaux, dans les pharmacies, au marché, au bureau, dans les sociétés, dans les fabriques, dans les usines, en taxi, dans la rue, dans le quotidien. Une langue qui nous rend vraiment étrangers chez nous. A vous de mesurer le degré de frustration, de déception, de révolte même que cela puisse faire naître chez un individu. Combien de temps nos pauvres mômes n’ont-ils perdus pour comprendre l’énoncé d’un simple exercice d’arithmétique? Combien de temps avons-nous perdu à expliquer des connaissances utiles en physique, en chimie, en maths, en médecine, en économie, en comptabilité, en gestion, en droit ; mille fois plus faciles à transmettre en arabe ? Et l’obligation se fait sentir, ici, de rappeler au passage à nos ‘’franco-fous’’, que toutes ces disciplines existent bel et bien en arabe. Que l’arabe est une langue vivante, savante, structurellement la plus élaborée et la plus ‘’finie’’, à jamais capable de transmettre toutes les connaissances humaines.
Combien de jeunes dans notre pays, ont souffert de la marginalisation du simple fait que leur langue de formation est l’arabe. Combien de cadres sérieux, compétents, intelligents et surdiplômés avons-nous perdus pour la simple raison qu’ils ont leurs diplômes en langue arabe. Voilà le vrai problème du français chez nous. C’est dire combien le français a été instrumentalisé par quelques-uns pour stigmatiser, indexer, marginaliser, écarter, tous ceux qui ne sont pas prêts à en faire leur langue de travail. Et tant que le français continue à jouer ce rôle, il constituera un élément perturbateur, un obstacle, une menace même à la cohésion, l’unité et l’entente de notre peuple.
Ce que nous venons de dire, suffira comme réplique à ceux qui, par mystification et hypocrisie manifestes, ou par débilité et inadvertance inouïs, veulent nous faire avaler des couleuvres, en prétendant que la présence du français chez nous est tout à fait normale et que, après tout, le français n’est qu’un moyen de communication !. A ceux-là nous disons : basta !
La question de langue ne peut jamais être prise à la légère. Et tout mauritanien de pure souche, ne peut jamais accorder un statut privilégiant une langue étrangère à la sienne, car la sienne n’est pas n’importe quelle langue, mais l’arabe. Langue savante, la plus élaborée, la plus structurée, la plus belle et la plus subtile au monde.
Alors, ce premier argument, qui prétend que la langue n’est qu’un moyen de communication, suffisamment battu en brèches, passons à un autre, sans cesse mis en avant par nos ‘’franco-fous’’. A savoir, que le français est une langue d’ouverture, qui nous permet de communiquer avec le reste du monde. Quelle imposture ! Au moment où les français eux-mêmes quittent le français pour l’anglais, ils nous bâillent bonne leur langue comme langue d’ouverture ! Alors, pour parler vrai et couper court à toute polémique à ce sujet, disons que si vraiment le but est que nous ayons une langue d’ouverture au reste du monde pour notre jeunesse et nos étudiants, le choix devrait logiquement porter sur l’Anglais. Pourquoi ? Parce que, de un, l’Anglais est la langue de la science moderne. De nos jours, les Maths, c’est en Anglais, l’Informatique, c’est tout en anglais, l’économie et la finance c’est en Anglais. Et parce que, de deux, l’Anglais nous permet de mieux communiquer avec le reste des pays arabes comme l’Egypte, l’Irak, la Syrie, la Jordanie, ainsi que les pays du Golfe. L’Anglais nous permet aussi de mieux communiquer et de nous ouvrir plus sur des grands pays africains comme l’Afrique du Sud ou le Nigéria. Il nous permet de mieux communiquer avec la Chine, le Japon, l’Indonésie, la Malaisie le Pakistan et l’Inde. Pour ne citer que ces pays-là. Et alors, langue d’ouverture, l’Anglais ou le Français ? Qu’ils aillent au diable les mystificateurs ! Et si le microcosme des ‘’franco-fous’’ prétend que le choix de la langue française comme langue d’ouverture pour notre pays est le choix à défendre, ce n’est pas par force d’argument, mais parce qu’ils veulent pernicieusement nous l’imposer, et lui accorder la place qui revient normalement à l’arabe. Et ils nous imposent le français, comme c’est le cas, de facto, fort malheureusement come seule langue de travail.
Mais la vérité est autre. La vérité est qu’il est grand temps pour notre pays de donner à l’arabe la place qui lui revient. En faire la langue unique d’un enseignement moderne enfin unifié, où tous les mauritaniens reçoivent leur formation dans une même langue, travaillent avec une même langue, se partagent et aiment la même langue, l’arabe. Mais aussi apprennent et maîtrisent, au choix, l’Anglais, le Chinois, l’Espagnol, le Russe, le Français, l’Allemand, le Portugais ou l’Italien. Voilà une situation normale dans laquelle nous pourrons entretenir des relations apaisées avec le français, comme n’importe quelle langue étrangère ; et non pas cette situation que nous vivons aujourd’hui, marquée par une hégémonie et une invasion inadmissibles et insupportables du français dans notre pays
Ceci dit, notons enfin que le choix du siège du Patronat mauritanien, avant-hier, le 17/03/2018, pour la célébration de la journée de la ‘’franco-folie’’ dans notre pays, était tout sauf innocent. En effet, le choix de ce lieu est un message adressé à tout le monde, pour dire que : voilà, en Mauritanie, les affaires, l’économie, le monde du business, c’est en Français. Et c’est malheureusement vrai. Tout le gratin de la fine fleur des affaires de chez nous, était présent. Les premiers décideurs économiques et officiels de l’Etat, ceux du Privé, les hommes d’affaires, les grands commerçants, les directeurs de sociétés et des entreprises, les banquiers, les assureurs et les industriels ; chacun tenait à marquer sa présence. Mais oui, l’ambassadeur de la France et les premiers responsables de l’AFD dans notre pays, n’étaient-ils pas présents !?
Pourtant un seul mot de vérité imbattable me vient à la bouche, pour m’adresser à tous ces gens-là : vos affaires seront plus florissantes avec l’arabe comme langue de travail. Votre comptabilité, votre gestion, vos achats, vos ventes, sont plus faciles à tenir en arabe. Votre premier client, le commun des citoyens mauritaniens, est arabophone. Le pays que vous êtes appelés à développer n’est pas Mayotte. C’est la Mauritanie. Et c’est par la langue arabe que vous devez le faire. A bon entendeur salut !