L’erreur monumentale commise par les organisateurs, selon les journalistes présents, est d’avoir justement ouvert la porte à un public contrasté aux sensibilités différentes. Réunir dans une même salle un tel cocktail Molotov de personnes qui se haïssent allègrement et dont les démêlées ont dépassé les frontières de la Mauritanie pour se répandre chaque année dans les allées huppées de Genève, Banjul ou encore New York, fut une véritable gageure.
Résultat, la conférence de presse organisée dans ces conditions, le lundi 12 février 2018, se termina dans le chaos, quelques minutes après son ouverture. Ce fut juste après les exposés présentés par Eric Goldstein et Candy Ofimesur le contenu du Rapport, le contexte dans lequel les enquêtes ont été menées ainsi que les conditions de leur réalisation. Le clash éclata dès les premières remarques jugées provocatrices qui mettaient en doute le sérieux du rapport et son impartialité. La question qui fâcha se rapportait en effet sur les Harratines dont les intervenants niaient le caractère majoritaire que le rapport voulait leur donner.
Le reste de la conférence sera ainsi noyé dans une pluie d’invectives avant de s’achever dans un pugilat verbal entre les activistes présents, notamment ceux de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) et certaines organisations accusées d’être à la solde du gouvernement mauritanien et dont l’objectif serait justement de saborder la conférence. Ce qu’elles réussirent de forts bruyantes manières, alors que pour les activistes d’IRA, «le message était passé», à savoir l’image étalée d’un régime qui non seulement se complait dans la violation des droits de l’homme et dans la répression de ses défenseurs, mais qui saborde aussi le travail des organisations internationales comme Human Rights Watch.
Cheikh Aïdara
source aidaramondoblog.org