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un grain de sable pour secouer la poussière...

Halte aux Mensonges et à la Démagogie

Mercredi 5 Janvier 2022 - 16:51

Suite à l’hospitalisation, somme toute normale, de l’Ex Président, on a entendu tout et n’importe quoi. La démagogie poussée, à un niveau ridicule, aura été le dénominateur commun aux réactions de tous.

On a vite oublié les ravages de la décennie avec son lot de brutalité et de mépris. Rappelez-vous, il y a à peine plus de deux ans, les mauritaniens, quasi en chœur, dénonçaient un président despote, vindicatif et népotiste. Bien avant la publication des résultats de la Commission d’Enquête Parlementaire constituée d’honorables Députés (opposition et majorité confondues), on savait le pays malade. Il a perdu tous ses repères. Le soigner était à la fois une urgence et une exigence.

Dix années durant, à coups de démagogie et de cynisme, l’Ex Président a divisé notre pays. Il l’a garroté et fragmenté en en amplifiant pêle-mêle clivages, failles et fractures. Et, l’un des principes bien connu de la tectonique des plaques (écartement) a fait le reste. Il a laisséune société mauritaniennesous forme de radeaux, sans repère et sans erre. C’est l’un des pires héritages de l’Ex Président Aziz. A un leader hrâtin qu’il recevait il lui affirmait, sans vergogne, assis dans son bureau de Président de la République, « tous vos malheurs viennent des autres communautés ». Au chef des FlAM reçu une heure après, il affirmait l’exact contraire. Et, aux autres(entendez ici les bidhanes), il conseillait :« préparez-vous à la guerre pour défendre votre patrie contre les deux autres franges ». De quel Chef ou leader parle-t-on ?

Chacun s’est rendu compte que le fiel fruit de l’arbitraire et du cynisme aura été érigé en principe de gouvernance. Comment peut-on oublier un tel bilan désastreux ! D’autant plus que la Commission d’Enquête Parlementaire a éclairé l’opinion sur l’immense réseau de détournement, d’enrichissement illicite et de blanchissement d’argent. Un tel héritage ne saurait être oublié : un pays pillé, un édifice social lézardé, une démocratie abîmée et des institutions frappées de vacuité. Voilà la Mauritanie de Mr Aziz. L’histoire a rendu son verdict.D’ailleurs, le sentiment obsidional de l’écrasante majorité des mauritaniens découlait, tout au long du dernier quinquennat de Monsieur Aziz, du dépit de ne pas voir partir ce personnage dont le régime s’est singularisé par un redoutable écheveau de mécanismes d’injustice et d’arbitraire.

Parmi les arguments utilisés par une faune, sa faune à lui, bien connue enfantée par son régime honni est l’appartenance de l’Ex Président à une frange de la société. C’est grotesque et ridicule. Ce même personnage a fomenté deux putschs contre deux Chefs d’Etat mauritaniens dont, l’un est en exil, et le second décédé depuis, non sans gouter aux coups de boutoir de son Ex Chef d’Etat-major Particulier. Rappelez-vous l’Ex Première Dame, Khattou, trainée dans un Pick-up et accusée de détournement de deniers publics, interrogée devant une commission du Sénat, instrumentalisé pour la circonstance.

Qui plus est, contre toute décence.
A l’un de ses visiteurs, il lui disait, en parlant de Feu Sidi Mohamed OULD CHEIKH ABDALLAHI : s’il nous agace (évoquant un Partenaire Etranger) on va lui remettre le cadavre de ce vieillard grabataire.A-t-on observé ou entendu ceux dont le hasard a fait d’eux leurs parents tenir un discours aussi abject que celui qu’on entend aujourd’hui : tribu et région. L’Etat mauritanien est la négation même de ces appartenances comme tout autre Etat digne de ce nom. Remontons le temps : les Présidents Moctar Ould Daddah, Moustapha Ould Md Saleck, Mohamed Khouna Ould Haidalla. Tous sont passés par la détention. Et, pourtant ils ont les mêmes attaches invoquées pour Aziz tribu et région.

Mais, jamais de telles arguties n’ont été utilisées. Encore, une fois, tout cela renvoie à la conception surannée du pouvoir, de la société et de ses rapports à autrui incarnée par l’Ex Président Aziz.
La même clique évoquée plus haut sous le vocable faune close sur le dossier, la procédure, l’instrumentalisation de toutes les institutions de la République, du Parlement à l’institution judiciaire. Les faits documentés par la Commission d’Enquête Parlementaire sont là. L’intéressé doit prouver le contraire. S’abriter derrière une immunité factice est un leurre.Les chefs d’accusation égrenées par le pôle de l’instruction soulignent l’ampleur de la gestion désastreuse.

Les Députés représentant les différentes sensibilités parlementaires de l’Opposition comme de la Majorité ont accompli, en toute indépendance, un travail sérieux et responsable. L’instruction conduite par un pôle de magistrats compétents a abouti, après de longs mois, ponctués, semble-t-il, de confrontations, à des mises en accusation claires. Personne ne conteste ces faits hormis les Conseils de l’Ex Président. C’est leur droit. Mais le plus gênant pour Aziz et ses amis se situe ailleurs. Ils ne peuvent concevoir encore moins accepter un retour à un fonctionnement eurythmique d’un Etat de Droit où l’injustice et l’arbitraire sont bannis. Plus de passe-droit. Le recours à des normes identiques, pour tous sort, du champ de sa vision de la chose publique. Il croyait, à tort, que nos institutions, après les avoir foulées au sol, ne se relèveront plus jamais. Erreur grossière et méprise ubuesque mais tout de même conforme, encore une fois, à la conception de ce personnage de l’Etat et des institutions.

Oui votre successeur a commencé à soigner un pays malade en l’apaisant, en le réconciliant et en le rassemblant autour d’institutions aptes à remplir leur double mission : régulation et protection. Oui Mr Aziz le pays a changé, en si peu de temps. Il emprunte désormais le droit chemin celui d’une gouvernance démocratique saine, celui de la construction d’une communauté nationale à bâtir ensemble par-delà les différences, les inégalités et la diversité. Tout cela dans le respect dû à chacun, à chaque institution. Un jour un journaliste de l’hebdomadaire Jeune Afrique a posé une question au Président Ghazouani à propos du dossier de Mr Aziz.

La réponse était claire « je ne suis pas juge pour dire si Mohamed Ould Abdel Aziz est coupable ou non ». Imaginer la même question posée à Monsieur Aziz. Il aurait été le parlementaire, le juge d’instruction et le Président du Tribunal en affirmant de façon péremptoire « oui c’est un voleur, il sera jugé et condamné ». Tout le monde aurait été embastillé. Rappelons-nous l’arrestation du Sénateur Ghade jouissant d’une immunité qui n’a pourtant pas empêché Mr Aziz de faire ce qu’il voulait et souhaitait contre les lois et règlements de la République.A l’époque même le Garde des Sceaux a estimé que c’était illégal. Mais la Loi et les tribunaux c’est Aziz. L’entendre avec sa clique remettre en cause une véritable enquête conduite par d’honorables parlementaires et contester l’autorité des magistrats est tout simplement surréaliste et offensant.

Comble du ridicule, on nous sort, sous le chapeau du prestidigitateur politique, qu’une œuvre programmée d’assassinat de l’Ex-président est en cours. Evidemment, on ne peut juger les intentions des autres qu’à l’aune de ses propres forfaits. Il faudra bien l’admettre, les méthodes de « voyou » érigées en méthode de gouvernement se sont arrêtées avec Aziz. Qui n’a pas en mémoire l’image du Sénateur Ould Ghada, en détention préventive illégale, menotté pour aller en consultation ? Et bis repetita, un autre leader politique qui aura subi le même pitoyable sort. Non ! L’Etat de droit dans la Mauritanie post-Aziz est une autre réalité tangible.

Contrairement au sort qu’il a fait subir à tous ses opposants, l’Ex-président a été consulté et traité par les médecins de son choix et tout le plateau médical mis à leur disposition. L’Ex-président Aziz jouit de très bonnes conditions de détention, strictement encadrées par les lois et règlements, en dépit de l’extrême gravité des faits qui lui sont reprochés et de ses attitudes méprisantes à l’endroit du système judicaire, notamment en violant systématiquement et délibérément les conditions de sa mise sous contrôle judiciaire. Et c’est cela l’Etat de droit. Personne n’est au-dessus des lois. C’est le sens de l’action des pouvoirs publics actuels et c’est aussi le sens de l’histoire.

Hamet Fall, Enseignant Retraité  taqadoumy.net
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