À quelques mois des prochaines élections, le principal parti de la majorité présidentielle semble se préoccuper de mettre de l’ordre dans ses nombreuses troupes. Ses responsables et ceux du gouvernement ont tenu, la semaine passée, une importante réunion au premier ministère, en présence du ministre secrétaire général de la présidence de la République, du directeur de cabinet du Raïs, du ministre de l’Intérieur et du président de l’INSAF. L’ordre du jour portait sur les prochaines étapes de la préparation des élections. Mais le parti n’en a pas moins manqué de débattre de l’urgence et de la nécessité impérieuse de faire respecter la discipline en son sein, avec la publication, la veille, d’une déclaration relative à cette quadrature du cercle. De nombreuses initiatives de soutien au président de la République poussent comme des champions, leurs manifestations et thématiques échappent à la direction du parti qui s’est fixée comme challenge sa restructuration, miné qu’il est par les tendances, le régionalisme et le tribalisme.
Depuis que les élections sont annoncées pour imminentes, tous les loups accourent à la bergerie. Qui pour soutenir tel ou tel acteur politique en réclamant son investiture par le parti, qui pour vanter les réalisations du président de la République. Une sorte de cacophonie assourdit le landerneau de la majorité. Le parti voudrait y mettre fin. Comment ? Voilà la grande question. Cette préoccupation des hauts responsables d’INSAF semble donc d’abord s’expliquer par des problèmes internes. Avec l’homme de confiance que le président de la République a placé à sa tête, on pressentait la décision du Palais de reprendre en main le parti mais celui-ci traîne toujours ses tares congénitales, malgré son tonitruant congrès, la mise en place d’un nouveau directoire et l’affichage d’une volonté de réforme concrétisée par la mise en place d’une structure dédiée à cette fin. Certains des choix opérés lors de la formation des coordinations interrégionales, régionales, départementales et les cellules sectorielles n’ont pas manqué de susciter de vifs débats. Comme toujours ! À l’instar du gouvernement, l’INSAF s’entête à recycler les pontes de l’ex-Président, peinant à concrétiser dans les faits les espoirs suscités par l’élection de son successeur.
Anxiété
Le parti semble aussi préoccupé par la multiplication des missions et meetings de la Coordination nationale des amis de Ghazwani, une espèce de concurrent sur le terrain. Celle-ci enchaîne visite sur visite à l'intérieur du pays et à Nouakchott. À en croire certaines sources, cette structure qui fait tant accourir hauts cadres et notabilités ne répondrait que de la Présidence et de quelques hauts officiers. N’obéissant pas à l’INSAF, elle organise ses missions et ses manifestations à l’intérieur indépendamment de celui-ci. D’une manière plus générale, le parti invite dans son communiqué tous les promoteurs d’initiatives à se soumettre à ses instructions et à accorder, lors de leurs manifestations, une place prépondérante à ses représentants locaux. Que feront leurs responsables après cette sortie du parti et du gouvernement ? Wait and see !
Outre le rappel à l’ordre de ses troupes, on perçoit également comme une anxiété de l’INSAF devant certaines manœuvres de l’opposition. Les alliances supposées entre plusieurs des acteurs de celle-ci et divers mouvements de la Société civile inquiètent le gouvernement et son parti qui peinent, il faut le reconnaître, à vendre les « réalisations » du président de la République. Un constat empiré par la mauvaise gestion du « Dossier de la décennie » et les récentes sorties de l’ex-Président depuis l’Europe. Ould Abdel Aziz a annoncé son retour sur l’arène politique et sa détermination à désigner des candidats aux prochaines élections. Une alerte ajoutant désordre au désordre. Les responsables du parti qui couraient derrière Ould Abdel Aziz – certains le vénérant même… – savent à quoi s’attendre : frileux, les Mauritaniens sont également très opportunistes…
Dalay Lam
lecalame