Dimanche 18 juillet 2021, une mission d’Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR), institution panafricaine basée à Dakar, a séjourné à Feralla, localité où un contentieux de longue date oppose les paysans propriétaires des terres de la cuvette de Koylal à l’État mauritanien.
A l’origine de ce litige, une décision prise par l’Etat dans le contexte de la crise politique de la période 1989-1991, et visant à attribuer à des compatriotes rapatriés du Sénégal (Musafiriin), sous la forme d’une coopérative dénommée pour la circonstance “Ibn Khaldoun”, des terres de culture appartenant aux populations de Feralla et d’autres villages Hebbiyabe & Yirlaabe.
Le “contentieux” de Koylal a refait surface depuis bientôt deux ans, à la faveur d’un nouveau projet d’aménagement financé par la Banque Mondiale sous la tutelle du programme PARIIS, sans concertation avec les propriétaires légitimes des terres.Face à cette situation, les populations se sont mobilisées pour réitérer leur refus, et leur détermination à lutter par tous les moyens légaux contre toute tentative d’entériner la forfaiture de 1989.
Alertée par cette campagne de dénonciation, la Banque Mondiale y dépêcha courant mars 2021 des experts pour s’enquérir de la situation. L’institution de Bretton Woods, après avoir rencontré toutes les parties, y compris les représentants de la coopérative “Ibn Khaldoun”, décida de suspendre son financement, ce qui eut pour effet collatéral l’arrêt des travaux de l’entreprise NAJED chargée de l’aménagement.
La Banque Mondiale, au regard de ses règles d’intervention relatives au respect de l’environnement et des droits des propriétaires des terres, a conditionné la reprise de son financement à une résolution du litige, qui passerait par une entente véritable entre l’État et les populations de Feralla & villages environnants. C’est dans cette perspective que IPAR -d’accord parties entre l’Etat mauritanien et la Banque mondiale- a été coopté comme “Médiateur”, aux fins d’aider à trouver une solution de sortie de crise.
La mission de IPAR, composée de son directeur exécutif et son représentant en Mauritanie, comprenait en outre Dr. Bachirou Barro, Expert indépendant, et le coordinateur régional de PARIS/Brakna. La visite, comme précisé par la délégation, a été entièrement dédiée à l’écoute des populations et au recueil des données pouvant rendre le travail de la mission plus efficace.
Ferralla s’est réjoui de la présence de cette délégation, tout en réaffirmant sa position de toujours: toute discussion étant subordonnée à la restitution de toutes leurs terres et exigent une indemnisation conséquente de la trentaine d’années au cours de laquelle elles ont été privées, par fait de prince, d’exploiter leurs terres ancestrale, leur principale source de revenue.
Tout au long de la rencontre, les représentants des propriétaires des terres de Koylal -dont l’imam ratib de Ferralla- ont pris tour à tour la parole pour rappeler le contexte de 1989 -origine du contentieux, la décision inique de l’État de les exproprier de leurs biens, au profit d’autres mauritaniens ayant leurs propres terres autour de leurs villages et campements d’origine. Les populations de Ferralla ont ainsi exprimé avec force qu’elles étaient en conflit avec l’Etat de Mauritanie, non avec une quelconque autre personne ou partie de la communauté nationale.
Pour la circonstance, fut aussi égrenée une longue liste d’humiliations subies, de tracasseries et autres atteintes à leurs droits et dignité depuis cette période 1989-1991, du fait des représentants locaux de l’Etat. Feralla a tenu aussi à souligner que de 1960 à ce jour, il n’a bénéficié d’aucun soutien de l’Etat mauritanien en termes d’infrastructures de base: ni école, ni dispensaire, ni forage, ni aménagement agricole.
Pour les représentants des propriétaires terriens de la cuvette de Koylal/Feralla, la seule sortie de crise envisageable est -et reste- la restitution par l’Etat mauritanien de leurs terres de culture.
Ils se sont dit convaincu que la volonté politique et le bon sens qui ont prévalu pour trouver une solution au contentieux foncier de Darel-Barka devraient permettre à ses populations de recouvrer leurs droits, afin de pouvoir s’inscrire sereinement et durablement dans une dynamique de valorisation de leur patrimoine foncier, dans tous les schémas envisageables, y compris celui récemment préconisé par le Ministre de l’Economie et des Investissements productifs.
L’État mauritanien a là une nouvelle opportunité de mettre en œuvre sa volonté exprimée de tenir compte des droits et de l’avis des populations dans ses politiques d’aménagement agricole, et de rompre définitivement avec l’inique pratique d’expropriation des terres.
22 juillet 2021
Chérif Ba
Cincinnati, Ohio
bamoctar20@gmail.com
A l’origine de ce litige, une décision prise par l’Etat dans le contexte de la crise politique de la période 1989-1991, et visant à attribuer à des compatriotes rapatriés du Sénégal (Musafiriin), sous la forme d’une coopérative dénommée pour la circonstance “Ibn Khaldoun”, des terres de culture appartenant aux populations de Feralla et d’autres villages Hebbiyabe & Yirlaabe.
Le “contentieux” de Koylal a refait surface depuis bientôt deux ans, à la faveur d’un nouveau projet d’aménagement financé par la Banque Mondiale sous la tutelle du programme PARIIS, sans concertation avec les propriétaires légitimes des terres.Face à cette situation, les populations se sont mobilisées pour réitérer leur refus, et leur détermination à lutter par tous les moyens légaux contre toute tentative d’entériner la forfaiture de 1989.
Alertée par cette campagne de dénonciation, la Banque Mondiale y dépêcha courant mars 2021 des experts pour s’enquérir de la situation. L’institution de Bretton Woods, après avoir rencontré toutes les parties, y compris les représentants de la coopérative “Ibn Khaldoun”, décida de suspendre son financement, ce qui eut pour effet collatéral l’arrêt des travaux de l’entreprise NAJED chargée de l’aménagement.
La Banque Mondiale, au regard de ses règles d’intervention relatives au respect de l’environnement et des droits des propriétaires des terres, a conditionné la reprise de son financement à une résolution du litige, qui passerait par une entente véritable entre l’État et les populations de Feralla & villages environnants. C’est dans cette perspective que IPAR -d’accord parties entre l’Etat mauritanien et la Banque mondiale- a été coopté comme “Médiateur”, aux fins d’aider à trouver une solution de sortie de crise.
La mission de IPAR, composée de son directeur exécutif et son représentant en Mauritanie, comprenait en outre Dr. Bachirou Barro, Expert indépendant, et le coordinateur régional de PARIS/Brakna. La visite, comme précisé par la délégation, a été entièrement dédiée à l’écoute des populations et au recueil des données pouvant rendre le travail de la mission plus efficace.
Ferralla s’est réjoui de la présence de cette délégation, tout en réaffirmant sa position de toujours: toute discussion étant subordonnée à la restitution de toutes leurs terres et exigent une indemnisation conséquente de la trentaine d’années au cours de laquelle elles ont été privées, par fait de prince, d’exploiter leurs terres ancestrale, leur principale source de revenue.
Tout au long de la rencontre, les représentants des propriétaires des terres de Koylal -dont l’imam ratib de Ferralla- ont pris tour à tour la parole pour rappeler le contexte de 1989 -origine du contentieux, la décision inique de l’État de les exproprier de leurs biens, au profit d’autres mauritaniens ayant leurs propres terres autour de leurs villages et campements d’origine. Les populations de Ferralla ont ainsi exprimé avec force qu’elles étaient en conflit avec l’Etat de Mauritanie, non avec une quelconque autre personne ou partie de la communauté nationale.
Pour la circonstance, fut aussi égrenée une longue liste d’humiliations subies, de tracasseries et autres atteintes à leurs droits et dignité depuis cette période 1989-1991, du fait des représentants locaux de l’Etat. Feralla a tenu aussi à souligner que de 1960 à ce jour, il n’a bénéficié d’aucun soutien de l’Etat mauritanien en termes d’infrastructures de base: ni école, ni dispensaire, ni forage, ni aménagement agricole.
Pour les représentants des propriétaires terriens de la cuvette de Koylal/Feralla, la seule sortie de crise envisageable est -et reste- la restitution par l’Etat mauritanien de leurs terres de culture.
Ils se sont dit convaincu que la volonté politique et le bon sens qui ont prévalu pour trouver une solution au contentieux foncier de Darel-Barka devraient permettre à ses populations de recouvrer leurs droits, afin de pouvoir s’inscrire sereinement et durablement dans une dynamique de valorisation de leur patrimoine foncier, dans tous les schémas envisageables, y compris celui récemment préconisé par le Ministre de l’Economie et des Investissements productifs.
L’État mauritanien a là une nouvelle opportunité de mettre en œuvre sa volonté exprimée de tenir compte des droits et de l’avis des populations dans ses politiques d’aménagement agricole, et de rompre définitivement avec l’inique pratique d’expropriation des terres.
22 juillet 2021
Chérif Ba
Cincinnati, Ohio
bamoctar20@gmail.com