Ils ont de la classe, les méharistes de la Garde nationale mauritanienne ! Et de la bouteille, comme on dit. Le Groupement nomade de la Garde nationale, qui dépend du ministère de l’Intérieur mauritanien, a été créé en 1911, du temps où l’armée française tenait le désert et lançait ses patrouilles méharistes vers le Mali, l’Algérie et le Maroc.
Aujourd’hui, cette unité montée sur chameau (en réalité des dromadaires mais on parle de « chameau » en Mauritanie) n’a rien de folklorique. Elle est, au contraire, tout à fait opérationnelle, même si ses effectifs ont diminué et qu’une partie des militaires est actuellement affectée à la protection de la base aérienne de Néma. « Normalement, le Groupement comprend trois escadrons montés, explique son patron, le colonel Abderhamane Mohamed Saleh. Actuellement, je n’ai qu’un escadron sur chameaux et un escadron motorisé, soit une centaine d’hommes. Mais nous allons remonter en puissance. »
Coup de pouce de l’UE
Cette remontée en puissance va se faire grâce au soutien financier du Projet d’appui à la sécurité et au développement en Mauritanie auquel l’Union européenne a attribué une enveloppe de 13 millions d’euros. Une partie de cette enveloppe va permettre de lancer trois efforts au profit du Groupement nomade : l’un sur l’infrastructure, l’autre sur le recrutement et le dernier sur la dotation en montures.
Les infrastructures pour le commandement seront installées à Oualata, dans un ancien fort français où sera basé le PC du Groupement. « La rénovation du fort de 1921 permettra d’accueillir ce PC et un espace muséographique consacré à l’histoire des méharistes », explique François-Xavier Pons, le chef de mission du Projet d’appui à la sécurité et au développement en Mauritanie. D’autres infrastructures seront construites à Achemim (au sud de Oualata) : un centre d’instruction et un poste pour accueillir une partie de l’unité.
Un effort de recrutement s’impose puisque le Groupement est vieillissant et qu’il est actuellement en sous-effectifs. Le colonel Abderhamane Mohamed Saleh cite quelques qualités exigées des 200 recrues attendues : « De la volonté, une connaissance du désert et la vocation militaire ». Évidemment, le recrutement sera local, parmi les populations nomades de l’est et parmi l’aristocratie guerrière du Hodh Ech Chargui.
Enfin, l’UE va financer l’achat de 250 chameaux et de leur équipement. Généreuse (environ 300 000 €) mais tatillonne, elle impose un cahier des charges et des procédures contraignantes. « Ce n’est déjà pas facile lorsqu’il faut acheter des Toyota de série, mais imaginez le casse-tête pour des chameaux… ! », ironise un expert européen.
Une fois renforcé et équipé, le Groupement pourra intensifier les patrouilles de ses pelotons et escadrons et effectuer des missions de contrôle des populations, de renseignement, de police administrative, de curage des puits etc.
La Force du G5
Les méharistes ne seront pas seuls pour assurer la sécurité de l’immense Hodh Ech Chargui, rude contrée de l’est de la Mauritanie trop longtemps négligée par les autorités de Nouakchott et propice aux mouvements clandestins des trafiquants et des terroristes.
Un bataillon d’infanterie vient d’être implanté à Nbeiket Laouach, à deux douzaines de dunes du Mali. Sa mission : sécuriser la frontière et stabiliser la zone pour que la population nomade puisse s’y réinstaller avec ses troupeaux.
Pick-up Toyota et chameaux vont donc œuvrer de concert. Mais chacun à leur rythme.
source ouestfrance