La disparition en avril dernier du chef de l’Etat Ely Ould Mohamed Vall, s’invite sur la scène sociopolitique nationale. Depuis la sortie la semaine dernière de l’un de ses plus fidèles lieutenants qui s’est dit étonné de cette mort, les questions sont nombreuses (surtout sur le comment) : Ely, est-il mort d’une mort naturelle ? A-t-il été tué ? Par qui ? Pourquoi ?
La mort de l’ancien chef d’Etat Ely Oud Mohamed Vall, refait surface ! Depuis quelques jours en effet, la question est sur toutes les lèvres et débattue dans tous les salons de Nouakchott. A l’origine, une interview de l’ancien chef d’état-major de l’armée nationale, ex-membre du Comité Militaire pour la Justice et la Démocratie (CMJD), le colonel Aberrahmane Ould Boubakar, qui s’est dit « surpris par la mort subite de son ancien compagnon, et très proche ami ».
Après avoir soutenu en substance qu’il avait toujours côtoyé l’homme, qui pour lui, n’avait aucun problème de santé, Ould Boubacar qui s’est dit ébranlé après qu’aucune enquête n’ait été ouverte à propos, devait par ailleurs, exprimer son étonnement face au traitement qui avait été réservé au corps du défunt, soulignant au passage : « ma surprise était grande devant l’enterrement à la hâte du corps ». Et d’affirmer : « l’homme (qu’Allah lui accorde sa miséricorde) avait des rivaux politiques, il était judicieux de chercher à savoir les circonstances et les conditions qui ont entrainé sa mort".
Ainsi, si Ould Boubacar se pose des questions sur cette disparition, c’est bien parce qu’il émet quelques doutes sur la version de la mort de son ancien compagnon de route. Et quand on sait que cet officier à la retraite est connu pour sa rectitude, son courage et son franc parler, on est bien en droit de nous poser ces mêmes questions.
Il faut dire que ces question n’ont jamais été posées sur la scène publique, même s’ils ont été nombreux ceux qui se les ont posées, intérieurement, en famille ou entre amis. En fait, à l’époque, rien n’avait circulé à propos de cette disparition. Les seuls enseignements disponibles provenaient des révélations de son berger qui se trouvait à ses côtés au moment de sa mort : « Ely a eu des vertiges, alors qu’il se trouvait entre ses chameaux » ; « je l’ai aidé à remonter dans sa voiture » ; « nous étions seuls… » ; « une fois installé sous la tente, nous lui avons administré des comprimés » : « il s’est éteint brusquement » ; « j’ai immédiatement appelé le président de la République »…
Mort naturelle, mort accidentelle ou mort provoquée ! On sait que juste après que cette mort fut déclarée, le corps -qui se trouvait aux confins nord du pays, aux frontières avec le Sahara- a été acheminé à Zoueratt et placé dans un avion spécial en direction de Nouakchott. De l’aéroport, il a directement été acheminé à son domicile auprès de sa famille qui s’est chargée de la toilette mortuaire. Moins de cinq heures plus tard, il était sous terre aux cimetières du Ksar ! La famille fera le deuil. Rideau.
Ely Ould Mohamed Vall était très populaire et plein d’ambitions. Très puissant, il était craint. Ancien DGSN, ses relations se comptaient aussi bien dans les hauts cercles du pouvoir, que dans les rangs des forces armées et de sécurité, au sein de l’opposition, dans le monde des affaires, dans la diaspora...
Ayant mené avec succès la première transition militaire après le départ de Ould Taya en 2005, l’homme avait fait le serment de quitter, par la suite, l’arène politique et espérait voir les officiers de l’armée nationale prendre le même chemin. Hélas !
Alors qu’il se préparait à se lancer dans l’arène internationale en usant d’un imposant carnet d’adresses qu’il s’était procuré, l’homme va changer de direction en se projetant dans la scène politique nationale. Est-ce pour bouter ses frères d’armes qui lui avaient faussé compagnie ? Pour « sauver la démocratie et le pays » ? (comme il aimait à le dire). Pour se faire une nouvelle place au soleil ? Pour se faire de plus d’argent aux côtés des hommes d’affaires ?
Ely est parti. Brutalement. Prématurément, laissant derrière lui un vide. Mort naturelle ou mort accidentelle ? Son compagnon d’armes cherche réponse. L’opinion aussi.