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un grain de sable pour secouer la poussière...

Deux quinquennats, dix de der, donc ?

Mercredi 28 Février 2018 - 00:46

Avant cela, la rebelote est, incontestablement, déjà dans la poche de Jeune Afrique qui vient de remettre le couvert à sa complaisance sonnante et trébuchante. J’ai d’ailleurs de bonnes raisons de douter que Justine, mon estimée consœur en charge de signer « l’entretien » avec Ould Abdel Aziz, soit réellement venue à Nouakchott. L’aurait-elle été que j’en serais navré pour elle, tant obséquieusement le questionnaire rampe sur le tapis présidentiel. Une pseudo-interview, donc, livrée, clés en main, par le service de propagande azizien ? Quoiqu’il en soit, il me faut tout de même me livrer à une petite analyse de texte. Je dis bien « petite ». Il y aurait trop à pourfendre dans le rusé et pourtant faible « argumentaire » de notre raïs…
 

A-t-il un dauphin ? Il n’est pas devin, ça on le savait, et lui qui ne vit qu’au présent – Ah, l’opportunisme mauritanien ! – nous exhorte, donc, à nous fier à l’avenir. Voilà la guerre des prétendants ouverte, histoire de maintenir la pression sur ses troupes et… sur l’opposition. Qui ne sait plus sur quel pied danser. Belle occasion, pour le questionnaire, de glisser sur Ould Ghadda. Sa détention en prison serait plus que justifiée, nous apprend le maître ès-démocratie rectifiée, tant la justice mauritanienne détient de documents, enregistrements vocaux et tout le tintouin. Qui prouvent quoi, au juste ? Le financement de partis d’opposition ? De syndicats de travailleurs indociles ? De journalistes de la presse libre ? Des libertés, je présume, hautement répréhensibles, voire criminelles, en Azizanie, ne nous dit pas et pour cause, l’Aziz suprême. Qui se met, à l’occasion, dans la posture du procureur, balayant d’un revers de main et la présomption d’innocence et l’indépendance de la justice.
 

Après Ould Ghadda, Bouamatou, bien sûr, puisqu’il va  naturellement de soi dans la logique azizienne que ce dernier n’a toujours eu pour seul objectif que de « semer la pagaille ». Et des preuves, il n’en manque pas,  notre rectificateur en chef ! Président, en 2005, du Patronat mauritanien et grand Manitou, en conséquence, de ces « hommes d’affaires à l’origine de la décadence du pays », Bouamatou  n’a-t-il pas financé avec ces ‘’pillards’’, le soutien logistique de l’armée désemparée par l’attaque de Lemgheïty ? Et notre Général défroqué de balbutier un : « Ce n’est pas normal ! », sous-entendant que ce soutien suspect n’entretenait que le sombre projet de mettre la main sur les forces de sécurité et, partant, du pays tout entier. Voilà la thèse du complot contre la Nation bien assise…

Petit rappel : en 2010, Ould Abdel Aziz, lui-même, n’a-t-il pas insisté auprès de ce même Bouamatou pour que son second, Mohamed ould Debagh, mette à la disposition de l’Armée deux avions de la compagnie Mauritania Airways pour transporter 150 commandos paras d’Atar à Néma afin de soutenir les troupes après la débandade de Hassi Sidi (entre 2 heures et 5 heures du matin) et acheminer du carburant aux avions de l’armée de l’air cloués au sol à Tombouctou ? Deux aéroports pourtant non homologués mais l’urgence pouvait bien justifier quelques entorses à la sécurité. Ould Debagh a obtenu quoi en échange ? Un emprisonnement de plus de trois mois en 2013, un harcèlement continu et un mandat d’arrêt international. La reconnaissance n’est apparemment  pas le fort de certains.
 

Mais à vouloir tout et son inverse démontrer, même le singe se mord la queue. L’invétéré putschiste aurait, en 2009, réuni ces ‘’brigands’’ d’hommes d’affaires pour, d’une part, les implorer de financer sa campagne et, d’autre part, les avertir qu’une fois élu, « les choses allaient changer ». C’est vrai, ce n’est pas bien malin, un homme d’affaires, mais tout de même, payer le bâton pour se faire battre, ça, c’est un comble ! Renseignement pris auprès d’hommes d’affaires présents : Aziz n’a jamais fait de déclaration en ce sens. Enfin, bref, Bouamatou finance et, bientôt harcelé par le fisc, comme promis, émigre au Maroc d’où notre Robespierre de service s’acharnera, à le déloger, sept ans durant. CQFD ? Non, « l’interview » veut enfoncer le clou.
 

Plus exactement, étrangler le cou de l’association Sherpa qui ose « soudain » prétendre que la corruption, en Mauritanie, n’a jamais été aussi florissante que sous la botte de celui qui s’en est annoncé le pourfendeur intransigeant. Si d’autres, et non des moindres, abondent dans le même sens, preuves à l’appui et à gogo – n’en jetez plus, la cour est pleine ! – Georges Soros, principal mécène de ladite association française, serait, ici, bien inspiré de mettre les points sur les i.
 

La propagande convoque maintenant  Chafii à la barre, financier, lui, du terrorisme, on comprend bien le fil du réquisitoire, par sa complaisance à monnayer la libération du moindre otage. Mais le gentlemen agreement passé entre Aziz et AQMI, récupéré par les Américains dans les papiers de Ben Laden, en maintenant la Mauritanie chez elle, dans sa lutte contre les salafistes, relève-t-il du principe azizien de ne jamais traiter avec les terroristes ? Ou, encore, la libération d’Omar Sahraoui ? Certes, une décision d’Ould Abel Aziz n’est jamais « définitive que… pour le moment », comme il le dit si bien lui-même. Alors, ses principes, hein, ça va, ça vient, inutile de nous faire un dessin…
 

Un de ses proches nous informe, à ce sujet, que Sa Majesté Girouette aurait demandé, à sa garde rapprochée  –  discrètement, bien sûr, comme il convient à un homme si « discret », ainsi que s’est plu à le souligner Jeune Afrique –  de convoquer le peuple aux grilles du Palais, au lendemain même de la publication de l’interview, pour exiger, encore et toujours, le fameux troisième mandat. Las, à peine une centaine de quidams ont répondu à l’appel enfiévré  des PM, ministres et président de l’UPR réunis.

Retour donc à la case dauphin… pour le moment : ce n’est pas celui de se tromper d’erreur.

Hé oui, elle est humaine, monsieur le Président qui peinez à vous projeter dans l’avenir. Mais tranquillisez-vous : instruit par vos soins contraires, le peuple commence, lui, à regarder un peu plus loin que le bout de son nez. Il rebat déjà les cartes, avant même que vous rafliez le dix de der. Peut-être vous laissera-t-il  en empocher les gains, c’est son droit, il est souverain.
 

Ahmed ould Cheikh  
source lecalame.info

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