Des centaines de milliers d'Espagnols de Catalogne et d'ailleurs ont envahi dimanche les rues de Barcelone pour manifester leur hostilité à l'indépendance de la région, une semaine après le référendum d'autodétermination interdit qui a déclenché une crise politique sans précédent en Espagne depuis 40 ans.
"Vive la Catalogne ! Vive l'Espagne !", scandait la foule qui brandissait des milliers de drapeaux espagnols, du jamais vu dans le pays depuis la fin du régime de Francisco Franco.
C'était aussi la première grande manifestation anti-indépendantiste à Barcelone depuis le début de la crise, avec pour mot d'ordre "Ca suffit! Retrouvons la sagesse!". Selon la police municipale, 350.000 personnes ont participé à la manifestation, 930 à 950.000 selon les organisateurs.
"La démocratie espagnole est là pour rester et aucune conjuration indépendantiste ne la détruira", a lancé à la foule le prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa, qui a les nationalités espagnole et péruvienne.
Les manifestants, arborant aussi des drapeaux catalans ou européens, se voient comme la "majorité silencieuse" qui n'a pas eu voix au chapitre depuis que les autorités indépendantistes ont organisé le scrutin, le 1er octobre.
"C'est très important pour nous de montrer que nous aussi, nous sommes nombreux. On n'entend que les autres", expliquait à l'AFP, vêtu du maillot de l'équipe d'Espagne et des drapeaux espagnol et catalan, Santiago Martin, 37 ans, venu en voiture de Tarragone, à 100 kilomètres au sud-ouest.
Estimant avoir remporté le référendum avec 90% de "oui" à l'indépendance, les séparatistes envisagent de faire sécession dans les jours qui viennent.
Car, selon les sondages, si la majorité des Catalans réclament un référendum en bonne et due forme, un peu plus de la moitié sont opposés à l'indépendance de leur région.
Pour l'heure, l'impasse est totale entre le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy et les autorités séparatistes.
Le leader catalan Carles Puigdemont réclame une "médiation internationale". Mais Mariano Rajoy n'envisage pas de dialogue tant que les séparatistes n'auront pas retiré leur menace de rupture.
"On ne peut rien construire si la menace contre l'unité nationale ne disparaît pas", a déclaré M. Rajoy à El Pais dimanche.
- 'Tous unis' -
De nombreuses personnes venaient d'autres régions d'Espagne, y compris de Madrid où deux manifestations avaient déjà rassemblé samedi des dizaines de milliers d'Espagnols, l'une pour "l'unité" de l'Espagne, l'autre pour le "dialogue" entre les Catalans et le reste du pays.
"Cette atteinte si flagrante à la loi a fait mal à tous les Espagnols. Nous devons tous être unis", estimait Juan Gil-Casares, employé d'une compagnie d'assurances venu de Madrid pour l'occasion.
Des manifestations contre l'indépendance de la Catalogne ont aussi eu lieu dans plusieurs capitales européennes. A Bruxelles, ils étaient plusieurs centaines sur l'esplanade du Parlement européen, selon l'agence Belga.
Mariano Rajoy a de son côté brandi la menace d'une suspension de l'autonomie de la région, une mesure jamais appliquée dans cette monarchie parlementaire extrêmement décentralisée, qui pourrait aussi provoquer des troubles en Catalogne.
"Je n'écarte rien", dit-il au journal qui l'interroge sur l'application de l'article 155 de la Constitution permettant cette suspension.
- Départ d'entreprises -
L'appel coïncide avec le départ de plusieurs grandes entreprises catalanes, qui pourrait aussi semer le doute chez certains nationalistes conservateurs dont elles sont proches.
Une quinzaine de sociétés, dont les banques CaixaBank et Banco de Sabadell et le groupe de gestion d'eau Agbar, filiale du français Suez Environnement, ont décidé depuis jeudi de transférer leurs sièges sociaux hors de Catalogne, qui représente 19% du PIB espagnol.
Et le groupe autoroutier Abertis pourrait leur emboîter le pas: son conseil d'administration doit étudier lundi la question, selon une source proche du dossier.
Les entreprises basées en Catalogne "sont très inquiètes, terriblement inquiètes. Jamais nous n'aurions cru qu'on en arriverait à ce point", déclarait au quotidien conservateur ABC Juan Rosell, président de la CEOE, principale organisation patronale espagnole.
L'indépendantisme a gagné du terrain en Catalogne depuis 2010, alimenté par la crise économique et l'annulation partielle d'un statut d'autonomie qui conférait d'encore plus larges compétences à la région, qui gére sa police, son système de santé, son éducation.
La crise a pris une intensité sans précédent depuis l'organisation par les dirigeants séparatistes de Catalogne de cette consultation interdite par la justice, un scrutin qui a été émaillé de violences policières dont les images ont fait le tour du monde.
Selon l'exécutif catalan, 2,04 millions de personnes ont voté "oui" à l'indépendance le 1er octobre, avec une participation de 43%, en vertu de résultats invérifiables vu l'absence de commission électorale neutre.
Les séparatistes envisagent de prononcer une déclaration d'indépendance unilatérale, peut-être lors de la séance du parlement régional mardi à 18h00 locales (16h00 GMT), lors de laquelle le président régional Carles Puigdemont doit intervenir.
(©AFP / 08 octobre 2017 17h16)
"Vive la Catalogne ! Vive l'Espagne !", scandait la foule qui brandissait des milliers de drapeaux espagnols, du jamais vu dans le pays depuis la fin du régime de Francisco Franco.
C'était aussi la première grande manifestation anti-indépendantiste à Barcelone depuis le début de la crise, avec pour mot d'ordre "Ca suffit! Retrouvons la sagesse!". Selon la police municipale, 350.000 personnes ont participé à la manifestation, 930 à 950.000 selon les organisateurs.
"La démocratie espagnole est là pour rester et aucune conjuration indépendantiste ne la détruira", a lancé à la foule le prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa, qui a les nationalités espagnole et péruvienne.
Les manifestants, arborant aussi des drapeaux catalans ou européens, se voient comme la "majorité silencieuse" qui n'a pas eu voix au chapitre depuis que les autorités indépendantistes ont organisé le scrutin, le 1er octobre.
"C'est très important pour nous de montrer que nous aussi, nous sommes nombreux. On n'entend que les autres", expliquait à l'AFP, vêtu du maillot de l'équipe d'Espagne et des drapeaux espagnol et catalan, Santiago Martin, 37 ans, venu en voiture de Tarragone, à 100 kilomètres au sud-ouest.
Estimant avoir remporté le référendum avec 90% de "oui" à l'indépendance, les séparatistes envisagent de faire sécession dans les jours qui viennent.
Car, selon les sondages, si la majorité des Catalans réclament un référendum en bonne et due forme, un peu plus de la moitié sont opposés à l'indépendance de leur région.
Pour l'heure, l'impasse est totale entre le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy et les autorités séparatistes.
Le leader catalan Carles Puigdemont réclame une "médiation internationale". Mais Mariano Rajoy n'envisage pas de dialogue tant que les séparatistes n'auront pas retiré leur menace de rupture.
"On ne peut rien construire si la menace contre l'unité nationale ne disparaît pas", a déclaré M. Rajoy à El Pais dimanche.
- 'Tous unis' -
De nombreuses personnes venaient d'autres régions d'Espagne, y compris de Madrid où deux manifestations avaient déjà rassemblé samedi des dizaines de milliers d'Espagnols, l'une pour "l'unité" de l'Espagne, l'autre pour le "dialogue" entre les Catalans et le reste du pays.
"Cette atteinte si flagrante à la loi a fait mal à tous les Espagnols. Nous devons tous être unis", estimait Juan Gil-Casares, employé d'une compagnie d'assurances venu de Madrid pour l'occasion.
Des manifestations contre l'indépendance de la Catalogne ont aussi eu lieu dans plusieurs capitales européennes. A Bruxelles, ils étaient plusieurs centaines sur l'esplanade du Parlement européen, selon l'agence Belga.
Mariano Rajoy a de son côté brandi la menace d'une suspension de l'autonomie de la région, une mesure jamais appliquée dans cette monarchie parlementaire extrêmement décentralisée, qui pourrait aussi provoquer des troubles en Catalogne.
"Je n'écarte rien", dit-il au journal qui l'interroge sur l'application de l'article 155 de la Constitution permettant cette suspension.
- Départ d'entreprises -
L'appel coïncide avec le départ de plusieurs grandes entreprises catalanes, qui pourrait aussi semer le doute chez certains nationalistes conservateurs dont elles sont proches.
Une quinzaine de sociétés, dont les banques CaixaBank et Banco de Sabadell et le groupe de gestion d'eau Agbar, filiale du français Suez Environnement, ont décidé depuis jeudi de transférer leurs sièges sociaux hors de Catalogne, qui représente 19% du PIB espagnol.
Et le groupe autoroutier Abertis pourrait leur emboîter le pas: son conseil d'administration doit étudier lundi la question, selon une source proche du dossier.
Les entreprises basées en Catalogne "sont très inquiètes, terriblement inquiètes. Jamais nous n'aurions cru qu'on en arriverait à ce point", déclarait au quotidien conservateur ABC Juan Rosell, président de la CEOE, principale organisation patronale espagnole.
L'indépendantisme a gagné du terrain en Catalogne depuis 2010, alimenté par la crise économique et l'annulation partielle d'un statut d'autonomie qui conférait d'encore plus larges compétences à la région, qui gére sa police, son système de santé, son éducation.
La crise a pris une intensité sans précédent depuis l'organisation par les dirigeants séparatistes de Catalogne de cette consultation interdite par la justice, un scrutin qui a été émaillé de violences policières dont les images ont fait le tour du monde.
Selon l'exécutif catalan, 2,04 millions de personnes ont voté "oui" à l'indépendance le 1er octobre, avec une participation de 43%, en vertu de résultats invérifiables vu l'absence de commission électorale neutre.
Les séparatistes envisagent de prononcer une déclaration d'indépendance unilatérale, peut-être lors de la séance du parlement régional mardi à 18h00 locales (16h00 GMT), lors de laquelle le président régional Carles Puigdemont doit intervenir.
(©AFP / 08 octobre 2017 17h16)