Notre pays sort d’un cycle électoral, ouvert le 1er et achevé le 15 septembre 2018. A ce stade, un constat s’impose. A l’exception significative du parti présidentiel et de ses satellites, les formations politiques parties aux récentes élections législative, régionale et municipale ont, en chœur, dénoncé les conditions de leur déroulement.Instruites par des précédents éloquents en la matière et par la nature intrinsèque du régime, les Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM) avaient anticipé ce qui s’est passé : un scrutin piège, perverti de bout en bout par une obsession : la victoire de ses instigateurs. Le rapport de force issu des élections atteste du résultat de la machination. Notre organisation avait pourtant alerté contre toute crédulité et recommandé une extrême vigilance.
Tout avait été établi pour que l’issue soit celle que nous observons:une CENI, censée arbitrer, en toute neutralité le déroulement des élections mais, en réalité aux ordres, composée d’affidés du pouvoir et excluant l’opposition,une confusion des genres qu’ illustrel’utilisation abusive par le président de la République des moyens, attributs et symboles de l’Etat au profit des candidats de son parti, le tripatouillage des résultats des bureaux de vote, le vote en dehors de tout contrôle d’électeurs contraints à l’image des militaires, l’achat de consciences et de suffrages, un clientélisme exacerbé doublé d’ethnicisme, l’absence voulue de scrutateurs, d’observateurscrédibles tant nationaux que d’organisations et de pays africains et autres.
A l’image de la politique à l’œuvre dans le pays depuis des décennies, ces élections auront été le reflet, un de plus, de l’entreprise d’exclusion systématique des citoyens négro-africains de la vie nationale. Loin de cicatriser, la plaie béante ouverte par la tragédie des années 1989 et des années de ténèbres qui ont suivi, est plus que jamais ouverte. Après la discrimination biométrique, les entraves aux inscriptions sur les listes électorales, les falsifications de celles-ci, les dernières élections amplifient l’entreprise de marginalisation à grande échelle de la communauté négro-africaine. En cela, le système électoral rejoint le système politique dont il découle.
Les manquements observés durant toute la séquence électorale ont été orchestrés par le pouvoir. Le but avoué était d’assurer au camp du président une victoire sans partage ou presque et de parvenir à un face à face calculé avec une formation politico-religieuse que le Chef de l’Etat s’est choisi, pour la circonstance, comme adversaire et qu’il pourra diaboliser à sa guise, le but ultime étant de se présenter au besoin en rempart de la démocratie et en parangon de la lutte contre l’extrémisme et, qui sait, contre le terrorisme.
Le Chef de l’Etat réaffirme régulièrement qu’il ne retouchera pas la constitution pour briguer un troisième mandat. Toutefois, cet engagement est tout aussi régulièrement contredit par des propos pour le moins ambivalents sur sa volonté de continuer à contrer à tout prix l’émergence ou le retour d’adversaires sur la scène politique sans compter une rhétorique instrumentalisant jusqu’à l’obsession la thématique du combat contre « les extrémismes ».
Dès le début du processus électoral, les Forces de Libération Africaines de Mauritanie ont décidé de ne pas y participer sans pour autant l’ignorer. Notre organisation avait considéré que les conditions à la tenue d’élections libres et transparentes n’étaient pas réunies. Les faits nous ont hélas donné raison.
Le temps des élections est clos. S’ouvre celui de l’espoir. L’espoir malgré tout. Je garde la ferme conviction que notre peuple est un grand peuple. Que nous devons être fiers de notre histoire, de la diversité de notre pays qui aurait dû et pourrait encore faire sa force, de notre capacité à trouver en nous et par nous des solutions à nos problème internes.
C’est, fort de ces convictions que notre mouvement a décidé, en dehors désormais de toutes contingences électorales et a fortiori électoralistes, de lancer un appel sincère et fort à la constitution d’un Front d’Union Nationale. Il s’agit ni plus ni moins de sauver la Mauritanie des démons qui la menacent depuis de si longues années. Nous entendons faire de cet appel un tournant décisif de l’histoire politique de notre pays.
Ensemble, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, joignons nos efforts pour la sauvegarde de la Mauritanie.
Monsieur Mamadou Sidy BA,
Président des Forces de Libération Africaines de Mauritanie (Flam)
Jacksonville, le 25 Septembre 2018
source lecalame.info