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un grain de sable pour secouer la poussière...

Contribution au débat sur l’Education en Mauritanie/Par Amadou Ousmane Diallo

Mercredi 10 Novembre 2021 - 10:01

Ma contribution s’inspire du discours prononcé le 27 juillet 2004 à Boston par Barack Obama candidat de la convention démocrate au Congrès américain qui disait : « Il n’y a pas une Amérique blanche une Amérique noire. Il y a Etats-Unis d’Amérique, nous sommes un seul peuple».
 

Cette posture supra raciale  nourrit ma réflexion. Ma conviction est qu’il n’y a pas une Mauritanie arabe, une Mauritanie  noire, il y a la Mauritanie. Une Mauritanie riche de sa diversité  qui devra  contribuer à la synthèse des cultures arabes et africaines. Nous sommes un même peuple. 

Nous avons certes vécu des processus historiques  qui ont  impacté différemment nos communautés pendant la période coloniale et de l’indépendance à nos jours.
 

On doit pouvoir comprendre  que chaque composante s’accroche à  un espace pour des raisons identitaires, cependant, j’en appelle à un dépassement des divergences résultant d’un processus historique subi  dont les effets perdurent encore  à une coconstruction inclusive de notre futur. C’est à ce projet que j’invite mes compatriotes.

Cette invite s’appuie sur des raisons d’espérer et se traduit par des propositions de refondation de la société mauritanienne,  notamment l’école mauritanienne à partir du préscolaire, et une éducation de base qui regroupe le fondamental et le premier cycle secondaire
 

Les Raisons d’espérer

1. Capitaliser l’héritage historique et les consensus établis

J’emprunte à notre frère Mohamed Vall Ould Bellal ses  propos relatifs à la pluralité ethnique qui disait dans le cadre du Salon : « Avant la colonisation, la pluralité ethnique n’a jamais posé de problème. Des pactes et des alliances de paix de solidarité et de défense mutuelle ont scellé l’unité de notre peuple, le Trarza était allié au Walo, l’Etat du Brakna au Toro, des tribus arabes ont combattu sous la bannière  de El Hadj Oumar Tall ainsi que l’intégration par milliers des négro-africains  dans l’épopée des Almoravides » et  de conclure pour dire qu’il existe de très bonnes  choses dans la mémoire qu’il faudra raviver et susciter afin d’éviter l’oubli et de clamer que l’évolution endogène de la société mauritanienne n’a jamais souffert de diversité raciale ethnique ou culturelle
 

Dans le même registre, le frère  Abdoulaye Ali OIGA écrivait dans un article  en date du 15 août 2016 : « La Mauritanie est un enfant métis dont le père est le monde arabe et la mère l’Afrique noire. Ce métissage de la Mauritanie trouve sa justification dans le fait qu’il n’existe aucune tribu maure qui n’a de sang négro-mauritanien qui circule dans ses veines et qu’il n’existe aucune communauté négro-mauritanienne qu’elle soit Peul, Soninké ou Wolof qui n’a de sang maure qui circule dans ses veines, et de citer à son tour des exemples, dont Cheikh Mohamed Vadel et Cheikh Melainine qui ont pour mère une peule qui s’appelle Khadijetou Bal, petite fille du grand marabout peul Thierno Souleymane Bal qui instaura l’Etat théocratique du Fouta et des Kane, Ehel Modi Nalla, qui sont d’origine maure, Lemtouna, etc.
 

 Parlant des fonctionnaires de la première heure, bâtisseurs de l’Etat moderne, mon ami et frère Feu Mohameden O Bah dans un article faisant un plaidoyer pour les fonctionnaires écrivait : « ces  soldats connus et inconnus. Du greffier au tribunal de Néma, à l’agent spécial de Kaédi en passant par l’instituteur ou l’infirmier, des administrateurs réalisant des audits complets des services publics, le sentiment de servir la collectivité nationale, de participer à la réalisation d’un grand défi, d’un grand projet, l’Etat mauritanien fut à l’origine de cette dynamique.»
 

Combien de relations  d’amitié qui ont résisté au temps  ont pris naissance dans les internats des collègues et des lycées et à l’occasion des activités scolaires de nature culturelle et sportive, lieux qui produisent la communication, favorisent la mixité sociale,  permettent le développement des valeurs personnelles et sociales que sont le travail d’équipe, l’esprit de cohésion, la solidarité, l’entraide, les contacts sociaux, avec autres, la convivialité.

Notre grand défi est raviver ces acquis, de les capitaliser et pour reprendre l’expression de  feu Mohameden, nous sommes encore capables de faire revivre ce sentiment et nous devons le faire, d’autant que les germes de changement que nous observons nous y invite.
 

2. Les germes de changement

On assiste de plus en plus à une émergence d’une jeunesse née après  les années de crise dont les membres entretiennent, au niveau urbain,  des relations de partage quelle que soit l’appartenance communautaire, favorisées  par les réseaux sociaux. Nous avons le devoir de les accompagner et de leur offrir un nouveau cadre de vie inclusif propice à la construction de l’unité nationale.
 

3. Mes propositions

Elles s’appuient d’abord  sur les décisions du CMSN  à l’issue  de sa réunion du 8 au 18 octobre 1979, qui « a recommandé au gouvernement d’élaborer un système éducatif basé sur nos langues nationales Arabe, Pulaar, Soninké et Wolof, assurant une indépendance culturelle véritable et renforçant l’unité nationale du peuple mauritanien.»
 

Ce système, qui entrera en vigueur dans un délai maximum de six ans, se fondera sur une officialisation de toutes nos langues nationales, la transcription en caractères latins et l’enseignement du Pulaar, Soninké et Wolof qui devront donner les mêmes débouchés que l’Arabe. 

Le Décret n° 81.072  fixant les alphabets des langues nationales Pulaar, Soninké et Wolof en caractères latins, fut adopté le 15 juillet 1981 

Pour atteindre ces objectifs généraux, le gouvernement a créé l’ILN  par décret 79.348/PG/MEFS/ en date du 12/12/79
 

a)Le préscolaire

Le préscolaire devrait  davantage retenir l’attention des pouvoirs publics et être la priorité  Pour l’heure, le taux des enfants inscrits au préscolaire est de 11%.

Les pouvoirs publics devraient accorder la priorité de leur action à ce niveau  d’éducation  de base en fixant comme objectif de couvrir toutes les wilayas.

 Au-delà des structures, il est préconisé de veiller :

         A ce que les jardins d’enfants  reflètent par la composition de leurs membres la diversité culturelle.

         Que l’encadrement  reflète cette même diversité  tout  comme les contenus des apprentissages qui seront tirés de nos traditions et nos cultures
 

2. Le fondamental et le premier cycle secondaire

Il est proposé à titre d’expérience pilote, un cycle de formation de base  de 10 ans basé sur un bilinguisme Arabe-Français  qui intègre l’enseignement des  langues nationales en tant que matière ou discipline, assise sur un enseignement  préscolaire élargi et de qualité.

Cette intégration se fera dans les régions selon l’usage dominant d’une langue dans une wilaya donnée. Ainsi la matière wolof sera enseignée au niveau du Trarza, le Soninké  au niveau du Guidimaka, le Pulaar au Gorgol et au Brakna

Elle pourra être élargie aux autres wilayas  tenant compte des résultats obtenus
 

3. Mesures d’accompagnement

Il est par ailleurs suggéré d’alphabétiser le personnel de l’administration en rapport avec les populations dans les langues nationales suivant le même principe de régionalisation.

Des mesures d’accompagnement seraient de réactiver l’institut des langues nationales en collaboration avec l’université de Nouakchott, pour accompagner cette réforme.

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