Le manteau aux épaules prolongées de Richie Maya, l'exubérance classique de Zoe Eleng'Art... La mode se fraie un chemin avec les moyens du bord en République démocratique du Congo, pourtant le berceau des exubérances vestimentaires de la "Sape".
"Le Congo a du talent!". Tel était le cri de guerre des maîtres de cérémonie de la sixième "Congo fashion week". Organisée de jeudi à samedi dans un hôtel à Kinshasa, le grand rendez-vous annuel de la mode congolaise a mis en valeur la créativité d'une quinzaine de designers et de stylistes largement inconnus au-delà des neuf frontières de leur immense pays, dont ils ne sont jamais sortis pour certains d'entre eux.
Rien à voir avec la célébrité quasi-mondiale de la Société des ambianceurs et des personnes élégantes (Sape), l'une des marques de fabrique de Kinshasa, popularisée par feu la star de la rumba Papa Wemba avec ses tenues flamboyantes.
La notoriété internationale des "Sapeurs" n'a pas d'effet sur la renommée des créateurs congolais dans les capitales de la mode, New York, Paris, Milan, Tokyo... ni même en Afrique du Sud, à Lagos ou à Dakar.
"Tous ces sapeurs ne s'habillent pas made in Congo. Ils s'habillent en Jean-Paul Gaultier, en Dior, en Chanel. Ils sont complexés parce qu'ils préfèrent aller mettre des trucs qui sont fait ailleurs. Alors qu'à Kinshasa, il y a plein de bon designers", regrette Richie Maya, jeune styliste autodidacte de 27 ans.
"Nous sensibilisons nos frères et nos soeurs pour qu'ils nous prennent au sérieux, et qu'ils ne portent pas que des marques des Européens et des Américains", renchérit Zoe Eleng'Art, un créateur de Lubumbashi.
"Je rêve d'une marque d'origine congolaise qui serait achetée dans le monde entier", ajoute le jeune homme de 23 ans vêtu de l'une de ses créations, un costume trois pièces en satin coton avec des fermetures éclair.
- Vitrine annuelle -
"Je vends l'ensemble 200 dollars. Un ensemble comme ça, ce n'est pas moins de 5.000 euros en Europe", sourit-il, pas peu fier d'avoir déjà vendu une veste de smoking en pagne en Afrique du Sud, de vivre de sa passion et d'ouvrir la semaine prochaine une boutique à Lubumbashi.
Dans un pays où des millions de personnes vivent avec moins de deux dollars par jour, stylistes et designers se font connaître sur les réseaux sociaux ou des sites de vente en ligne. Congo Fashion week est leur seule vitrine annuelle.
Sous le chapiteau loué à un grand hôtel, le pagne africain et les tissus occidentaux mélangent leurs formes et leurs couleurs. "Backstage", les mannequins se changent à la va-vite dans un vestiaire improvisé à l'air libre, au péril parfois de leur intimité.
La Congo Fashion week est l'oeuvre de deux soeurs, Marie-Claire et Marie-France Idikayi, des Congolaises expatriées à Londres, qui ont jonglé avec les imprévus jusqu'à la dernière minute.
Un des sponsors a par exemple annoncé au dernier moment qu'il réduisait sa cotisation de 10.000 à 1.000 dollars, menaçant jusqu'au dernier moment la location du chapiteau donc la manifestation elle-même, raconte l'une d'elle.
"A Kinshasa il n'y a pas assez d'événements mettant en valeur la mode", déplore Richie Maya, qui a enregistré un beau succès avec son manteau à col large et ses robes de soirée à même la peau portées par des créatures de rêve - mannequin professionnelle en agence, certes, mais à mi-temps et étudiantes pour la plupart.
Comme sur tous les podiums du monde, les tendances et les styles évoluent d'une année sur l'autre. "Lors de Congo Fashion Week 2015 et 2016, j'avais métissé du pagne aux tissus occidentaux. Cette année, je me suis dit qu'il était temps que je fasse voir au monde qu'en dehors du pagne, je sais manipuler plein d'autre matière", poursuit Richie Maya, qui rêve d'ouvrir une école de mode pour les autodidactes comme lui. Et de conquérir les podiums du monde entier.
(©AFP / 15 octobre 2017 10h11)
"Le Congo a du talent!". Tel était le cri de guerre des maîtres de cérémonie de la sixième "Congo fashion week". Organisée de jeudi à samedi dans un hôtel à Kinshasa, le grand rendez-vous annuel de la mode congolaise a mis en valeur la créativité d'une quinzaine de designers et de stylistes largement inconnus au-delà des neuf frontières de leur immense pays, dont ils ne sont jamais sortis pour certains d'entre eux.
Rien à voir avec la célébrité quasi-mondiale de la Société des ambianceurs et des personnes élégantes (Sape), l'une des marques de fabrique de Kinshasa, popularisée par feu la star de la rumba Papa Wemba avec ses tenues flamboyantes.
La notoriété internationale des "Sapeurs" n'a pas d'effet sur la renommée des créateurs congolais dans les capitales de la mode, New York, Paris, Milan, Tokyo... ni même en Afrique du Sud, à Lagos ou à Dakar.
"Tous ces sapeurs ne s'habillent pas made in Congo. Ils s'habillent en Jean-Paul Gaultier, en Dior, en Chanel. Ils sont complexés parce qu'ils préfèrent aller mettre des trucs qui sont fait ailleurs. Alors qu'à Kinshasa, il y a plein de bon designers", regrette Richie Maya, jeune styliste autodidacte de 27 ans.
"Nous sensibilisons nos frères et nos soeurs pour qu'ils nous prennent au sérieux, et qu'ils ne portent pas que des marques des Européens et des Américains", renchérit Zoe Eleng'Art, un créateur de Lubumbashi.
"Je rêve d'une marque d'origine congolaise qui serait achetée dans le monde entier", ajoute le jeune homme de 23 ans vêtu de l'une de ses créations, un costume trois pièces en satin coton avec des fermetures éclair.
- Vitrine annuelle -
"Je vends l'ensemble 200 dollars. Un ensemble comme ça, ce n'est pas moins de 5.000 euros en Europe", sourit-il, pas peu fier d'avoir déjà vendu une veste de smoking en pagne en Afrique du Sud, de vivre de sa passion et d'ouvrir la semaine prochaine une boutique à Lubumbashi.
Dans un pays où des millions de personnes vivent avec moins de deux dollars par jour, stylistes et designers se font connaître sur les réseaux sociaux ou des sites de vente en ligne. Congo Fashion week est leur seule vitrine annuelle.
Sous le chapiteau loué à un grand hôtel, le pagne africain et les tissus occidentaux mélangent leurs formes et leurs couleurs. "Backstage", les mannequins se changent à la va-vite dans un vestiaire improvisé à l'air libre, au péril parfois de leur intimité.
La Congo Fashion week est l'oeuvre de deux soeurs, Marie-Claire et Marie-France Idikayi, des Congolaises expatriées à Londres, qui ont jonglé avec les imprévus jusqu'à la dernière minute.
Un des sponsors a par exemple annoncé au dernier moment qu'il réduisait sa cotisation de 10.000 à 1.000 dollars, menaçant jusqu'au dernier moment la location du chapiteau donc la manifestation elle-même, raconte l'une d'elle.
"A Kinshasa il n'y a pas assez d'événements mettant en valeur la mode", déplore Richie Maya, qui a enregistré un beau succès avec son manteau à col large et ses robes de soirée à même la peau portées par des créatures de rêve - mannequin professionnelle en agence, certes, mais à mi-temps et étudiantes pour la plupart.
Comme sur tous les podiums du monde, les tendances et les styles évoluent d'une année sur l'autre. "Lors de Congo Fashion Week 2015 et 2016, j'avais métissé du pagne aux tissus occidentaux. Cette année, je me suis dit qu'il était temps que je fasse voir au monde qu'en dehors du pagne, je sais manipuler plein d'autre matière", poursuit Richie Maya, qui rêve d'ouvrir une école de mode pour les autodidactes comme lui. Et de conquérir les podiums du monde entier.
(©AFP / 15 octobre 2017 10h11)