Il fut un temps où un mouvement politique, plutôt marxisant, soutenait, sans la rejeter, que la lutte contre le racisme, devait émarger au registre des « contradictions secondaires », la priorité devant être la « lutte contre l’impérialisme » et ses relais internes: les « fantoches » et autres » compradores ». (mot portugais désignant des relais commerciaux d’intérêts étrangers). Mots d’un autre âge sur lesquels néanmoins il faut se garder de porter un regard rétrospectif condescendant. Ils portent l’empreinte de leur époque.
Il fut un temps où certains professaient-de bonne foi- qu’il importait peu qu’un gouvernement soit composé en totalité de membres de la communauté maure dès lors qu’il était au service de « l’ensemble du peuple mauritanien ». Comment était-ce possible?
Il fut un temps où la carte politique mauritanienne dessinait une ligne de démarcation séparant et renvoyant dos à dos les « chauvins » et les « nationalistes étroits ».
En gardien du temple patriotique et du donjon de l’unité nationale, trônait en surplomb le mythique MND ou Mouvement National Démocratique. Une « formation politique » au projet fort respectable au demeurant. On doit à l’honnêteté de reconnaître qu’à l’époque (avant que l’intégration de certains de ses membres au PPM ne le démonétise), appartenir au MND n’était pas une sinécure. Le prix à payer était salé : tortures, incarcérations, incorporation forcée à l’armée, exclusion de la fonction publique… Eh oui! Le pouvoir du « père de la nation » ne fut pas toujours et en tous points aussi charitable qu’un certain regard nostalgique pourrait laisser croire. Passons.
Les déclarations récentes, très recevables d’un acteur majeur de cette période, (et de la scène politique d’aujourd’hui), ne peuvent laisser indifférent. Moins d’ailleurs par ce qui est énoncé que par qui l’énonce. Le message est hélas récurrent. Le messager du jour est talentueux, apprécié et emblématique. Cela fait une différence. A chacun son dû.
Les FLAM n’ont eu de cesse de dénoncer et de documenter cette dénonciation au fil des ans, à longueur de déclarations et de publications au point d’être, par un curieux mais habituel retournement, taxées à leur tour de racisme. Le mouvement dirigé par Monsieur Ba Mamadou Sidi, qui vient de se positionner au centre du débat public par son appel au dialogue national pourrait jubiler sur le mode: vous voyez qu’on avait raison. Ce serait là forfanterie futile. Le principal n’est pas là. Il faut savoir résister à la tentation de l’autosatisfaction et passer outre les stigmatisations et la diabolisation d’antan. Autosatisfaction, non. Peut-être satisfaction d’avoir pointé, il y a plus de 30 ans, ce qui est devenu aujourd’hui un lieu commun du débat public mauritanien.
Enfin, on ne manquera pas de noter un de ces clins d’œil de l’histoire qui veut qu’au moment où les FLAM convient la classe politique et la société civile au dialogue et à la concertation, leurs contempteurs d’hier investissent le terrain de la » radicalité » anti-raciste et entonnent le discours qui va avec. Dommage que l’on ait perdu tant de temps!! Le principal est que les lignes bougent. Les chemins finiront bien par se croiser un jour. En attendant, « many rivers to cross » dit la chanson.
source flam-mauritanie.org
Il fut un temps où certains professaient-de bonne foi- qu’il importait peu qu’un gouvernement soit composé en totalité de membres de la communauté maure dès lors qu’il était au service de « l’ensemble du peuple mauritanien ». Comment était-ce possible?
Il fut un temps où la carte politique mauritanienne dessinait une ligne de démarcation séparant et renvoyant dos à dos les « chauvins » et les « nationalistes étroits ».
En gardien du temple patriotique et du donjon de l’unité nationale, trônait en surplomb le mythique MND ou Mouvement National Démocratique. Une « formation politique » au projet fort respectable au demeurant. On doit à l’honnêteté de reconnaître qu’à l’époque (avant que l’intégration de certains de ses membres au PPM ne le démonétise), appartenir au MND n’était pas une sinécure. Le prix à payer était salé : tortures, incarcérations, incorporation forcée à l’armée, exclusion de la fonction publique… Eh oui! Le pouvoir du « père de la nation » ne fut pas toujours et en tous points aussi charitable qu’un certain regard nostalgique pourrait laisser croire. Passons.
Les déclarations récentes, très recevables d’un acteur majeur de cette période, (et de la scène politique d’aujourd’hui), ne peuvent laisser indifférent. Moins d’ailleurs par ce qui est énoncé que par qui l’énonce. Le message est hélas récurrent. Le messager du jour est talentueux, apprécié et emblématique. Cela fait une différence. A chacun son dû.
Les FLAM n’ont eu de cesse de dénoncer et de documenter cette dénonciation au fil des ans, à longueur de déclarations et de publications au point d’être, par un curieux mais habituel retournement, taxées à leur tour de racisme. Le mouvement dirigé par Monsieur Ba Mamadou Sidi, qui vient de se positionner au centre du débat public par son appel au dialogue national pourrait jubiler sur le mode: vous voyez qu’on avait raison. Ce serait là forfanterie futile. Le principal n’est pas là. Il faut savoir résister à la tentation de l’autosatisfaction et passer outre les stigmatisations et la diabolisation d’antan. Autosatisfaction, non. Peut-être satisfaction d’avoir pointé, il y a plus de 30 ans, ce qui est devenu aujourd’hui un lieu commun du débat public mauritanien.
Enfin, on ne manquera pas de noter un de ces clins d’œil de l’histoire qui veut qu’au moment où les FLAM convient la classe politique et la société civile au dialogue et à la concertation, leurs contempteurs d’hier investissent le terrain de la » radicalité » anti-raciste et entonnent le discours qui va avec. Dommage que l’on ait perdu tant de temps!! Le principal est que les lignes bougent. Les chemins finiront bien par se croiser un jour. En attendant, « many rivers to cross » dit la chanson.
source flam-mauritanie.org