La salle de réunion de la Banque nationale de Mauritanie (BNM) a abrité, jeudi 1 novembre 2018, un cercle de réflexion, devenu de tradition, autour du Partenariat Public Privé (PPP).
Les participants à ce think tank avaient franchi un palier de plus dans la réflexion engagée, depuis deux ans, par le Club PPP Mauritanie sous l’impulsion de son Délégué Général, M. Mohamed Ould Noueigued, Président-Directeur-Général de la BNM.
Comme en 2017, l’édition 2018 organisée par le Club PPP Mauritanie a enregistré la présence de M. Michel Sapin (ministre de l’Economie et des finances, sous François Hollande), de membres du corps diplomatique accrédité à Nouakchott, dont les ambassadeurs de France et d’Espagne, du président de l’Union nationale du patronat de Mauritanie, M. Zeine El Abidine Ould Cheikh Ahmed, ainsi que de représentants du ministère de l’Economie et des finances et une bonne brochette d’hommes d’affaires mauritaniens, en sus de hauts responsables du Groupe Noueigued impliqués dans le processus PPP dès son enclenchement.
Ayant lancé le challenge, le PDG de la BNM se bat maintenant pour la survie de cette initiative que d’aucuns saluent, comme le montage qui permettrait aux secteurs public et privé en Mauritanie, à l’image de ce qui se passe en France et ailleurs, de « pacifier » leurs rapports. De passer même – pourquoi pas ? – à cette nouvelle conception stratégique qu’on appelle « coopétition », quand l’Etat, agissant comme une « entreprise », cesse de faire la concurrence à un secteur privé désireux de jouer, pleinement, son rôle d’appoint.
Fort de son expérience d’ancien ministre de l’économie et des finances, Miche Sapin précisera qu’il faut agir d’abord dans les PPP simples, l’objectif étant de mobiliser des IDE (Investissements directs étrangers) mais aussi l’épargne intérieure. Autre impératifs : « S’inscrire dans le long terme » et ne pas percevoir le PPP « comme une volonté de l’État de se débarrasser d’une mission régalienne. »
La concertation est la clé de voute des PPP
Pour le patronat mauritanien, notamment son président Zeine El Abidine Ould Cheikh Ahmed, et le président de la fédération des industries et des mines, Ahmed Ould Hamza, mais aussi pour le ministère de l’Economie et des finances, représentés par le Conseiller en charge du développement du secteur privé, M. Sid’Ahmed Ould Bouh, et Mohamed Salem Ould Nani, Directeur de la mobilisation des ressources, on s’accorde pour dire que la concertation est la clé de voute des PPP, parce que c’est un « bon risque ».
Dans sa présentation, Ould Bouh a remis le PPP dans son contexte juridique et précisé les attentes, à tous les niveaux, mais aussi les contraintes (dont la durée, encore longue, des délais).
Le débat a par la suite été déplacé sur la question des opportunités à saisir. Mais dans quels domaines ?
Si le PDG de la BNM, principal porteur de ce « projet » de partenariat public-privé, ne voit pas d’entraves pour que le modèle britannique, dans le domaine de l’éducation, et espagnole, dans celui de la santé, inspire la Mauritanie, d’autres affichent leur réserve, évoquant la mission régalienne de l’Etat dans les secteurs sociaux. Ce qui ne serait pas le cas dans la production de l’énergie (un domaine prometteur, selon le PDG de la BNM), surtout que le gouvernement affiche de grandes ambitions avec une interconnexion avec le Sénégal et le Mali. Le Groupe Nouegueid a de l’expérience à faire valoir puisque, dans le montage de l’aéroport international « Oum Tounsy », il avait mis sur la table une enveloppe de 80 millions de dollars US.
D’autres domaines d’activités, comme les mines, l’agriculture et la pêche, ouvre une brèche pour le PPP, mais il faut que le cadre règlementaire, mais surtout certaines pratiques, soient revus et corrigés. On parle de la fiscalité, des réformes de la justice et de la « taxe fixe » imposée par la Société mauritanienne d’électricité (Somelec) à des entreprises qui plient sous le poids des problèmes.
C’est encore au président de l’UNPM de rassurer. Il évoque la promesse faite par le président de la République, lors d’une rencontre avec le nouveau bureau du Patronat, de chercher des solutions au dossier énergétique. Une Commission ministérielle présidée par le Premier ministre a été mise en place et le patronat doit faire une proposition. Une façon de dire que la concertation paie et que, une fois de plus, elle est le socle sur lequel le PPP doit être bâti et évoluer pour fonctionner à plein régime.
Sneiba Mohamed
source lecourrierdunord.com