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un grain de sable pour secouer la poussière...

Civil ou militaire ?

Mardi 27 Mars 2018 - 15:27

La république islamique de Mauritanie oscille entre pouvoir civil et militaire depuis sa naissance. Elle a d’abord vécu 18 ans de pouvoir civil sous le parti unique, puis les militaires ont pris le pouvoir dans l’intention de le rendre aux civils. Mais les conditions propices de cette remise du pouvoir aux  civils ne se présentent pas toujours au moment opportun :
 

_16 Mars 1981  M. Haidalla avait déjà remis le pouvoir au gouvernement civil de Feu Bneijara. Mais à la suite du coup de force les militaires ont repris le pouvoir.

_1992  M.Taya quoiqu’ancien militaire instaure un pouvoir civil et démocratique qui dura jusqu’à 2005.Mais comme ce pouvoir semblait s’éterniser, et n’offrait pas de perspectives d’alternance à ses adversaires, des coups de force (probablement bénis par des civils) ont fini par avoir raison de M. Taya.


_2007 Remise du pouvoir à M. Sidi ould Cheikh Abdallahi premier président civil démocratiquement élu avec formation d’un gouvernement et élection  d’un parlement. Mais une fronde parlementaire et un limogeage de généraux finirent par mettre hors-jeu ce pouvoir civil.

_2009 le président actuel M.Aziz quitte l’armée et brigue avec succès deux mandats consécutifs en civil. Sa décennie n’est certainement pas la plus mauvaise des six décennies déjà vécues par notre jeune république.
 

L’été  2019 sera probablement le moment de savoir si la Mauritanie sera présidée par un militaire ou par un civil étant entendu qu’un ancien militaire est bien sûr un civil. La question qui se posera à l’électeur sera : civil ou militaire ? Lequel choisir pour la Mauritanie de demain ?  Pour y voir plus clair posons-nous trois questions « pour » et trois questions « contre » :
 

_L’armée n’est-elle pas la seule institution capable de  garantir la sécurité et la stabilité d’un pays ?

_L’armée n’a-t-elle pas dirigé des pays dans la prospérité depuis leur création jusqu’à nos jours?

_Un pouvoir militaire, même autoritaire, ne vaut-il pas mieux qu’une révolution anarchique ?

_La préservation d’une armée forte et structurée n’est-elle pas voulue par les colons pour les remplacer et préserver leurs intérêts ?

_Pourquoi devons-nous lutter tout le temps pour remplacer une botte par une autre botte ?

_Pourquoi l’armée se présente-t-elle comme un rempart idéal contre le printemps arabe ?
 

A la lumière des six questions précédentes il apparait clairement que les défenseurs du « pour » et ceux du « contre » s’accordent sur un point et divergent sur les autres points. En effet tout le monde admet que l’armée est la seule institution pouvant garantir la sécurité intérieure et extérieure d’un pays. Cette caractéristique fait de l’armée une composante incontournable dans la vie de toute nation. Mais attention ! qui dit armée dit danger potentiel pour le pays et pour ses voisins.


La divergence entre les tenants des deux thèses contradictoires réside surtout dans les champs où cette institution doit s’impliquer. Certains lui donnent tous les droits pendant que d’autres ne lui donnent que le droit de défendre la nation contre une menace extérieure. Certains trouvent anormal l’enrichissement excessif des hauts gradés de l’armée alors qu’ils tolèrent volontiers l’opulence dans laquelle évoluent les agents de la fonction publique.

Si l’on considère l’exemple du Japon et de l’Allemagne où l’armée est quasiment absente on remarque aisément que cette absence n’a pas été dramatique pour leur développement vertigineux. En revanche la faiblesse de certaines armées a été fatale pour d’autres pays, qui sont devenus des proies faciles aux terroristes et aux révoltes internes souvent commanditées par l’extérieur. La Turquie reste l’exemple du juste milieu : un gouvernement civil avec une forte armée républicaine.  La bonne santé économique de ce pays devrait inciter les autres pays à suivre son exemple.


Au terme de cette rétrospective, il convient de se demander en tant qu’électeur quel président choisir pour la nouvelle Mauritanie ? Ne perdons pas de vue que ce nouveau chef de l’exécutif trouvera devant lui un parlement flambant neuf, des conseils régionaux de premier usage et des conseils municipaux fraichement renouvelés. C’est dire combien le futur président devrait faire preuve d’agilité politique, de capacité de camouflage et d’utilisation des profils du terrain afin d’évoluer dans le nouveau paysage.

Alors qui choisir ? Un civil ou un militaire ? Tout dépendra des candidats en lice à ce moment là. L’idéal serait de choisir un militaire avec un vice-président civil ou vice-versa. Mais notre constitution ne nous permet pas un tel choix. Il ne nous restera donc plus qu’à choisir, parmi ceux qui veulent bien se présenter à nos suffrages, le meilleur militaire assisté par un bon civil.  Ou le meilleur civil assisté par un bon militaire.

Elbouss

source adrar-info.net

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