Le président chinois Xi Jinping attend un nouveau sacre lors du congrès du Parti communiste chinois (PCC) qui s'ouvre mercredi à Pékin, lors duquel il devrait cimenter encore davantage son pouvoir au sommet de la deuxième puissance mondiale.
Drapeaux rouges, slogans patriotiques, sécurité renforcée, air pur... par la magie du plus grand parti politique du monde (89 millions de membres), qui peut fermer les usines pour garantir un ciel bleu lors de ses grandes manifestations dans une des villes les plus polluées du monde. Pékin reçoit près de 2.300 délégués pour sa grand-messe politique, qui se tient tous les cinq ans dans le cadre monumental du Palais du peuple, place Tiananmen.
Xi Jinping, 64 ans, est arrivé au pouvoir à l'automne 2012 lors du précédent congrès du parti, dont il était alors devenu secrétaire général, avant de devenir président de la République populaire début 2013. Il devrait sans coup férir obtenir un nouveau mandat de cinq ans à la tête du parti lors de ce XIXe congrès, mais les observateurs guetteront avant tout les nominations au sein du bureau politique, pour voir jusqu'à quel point Xi Jinping parvient à placer ses hommes au sein de l'instance de 25 membres qui dirige la Chine.
"Le congrès du parti nous révèlera l'extension exacte de la puissance de Xi", prévoit la sinologue basée à Shanghai Carly Ramsey, du cabinet britannique Control Risks.
Chef du parti, chef de l'Etat, commandant en chef des armées, culte de la personnalité, omniprésence médiatique... Xi Jinping a accumulé plus de pouvoir que ses deux prédécesseurs, Jiang Zemin et Hu Jintao, suscitant des comparaisons avec Mao Tsé-toung, le fondateur du régime en 1949, et Deng Xiaoping, dont les réformes à la fin des années 1970 ont fait de la Chine une grande puissance économique.
- Fermeté -
"Pour résumer, on peut dire qu'il y a eu trois époques: quand Mao était au pouvoir, puis l'ère Deng Xiaoping. Le XIXe congrès est en quelque sorte l'avènement de l'ère Xi Jinping", observe le politologue chinois Chen Daoyin.
L'homme fort de Pékin a mis à profit ses cinq premières années pour déclencher une guerre à la corruption qui a châtié plus de 1,3 million de cadres, selon une évaluation officielle. Les détracteurs du président le soupçonnent d'en avoir profité pour frapper des opposants internes liés à ses deux prédécesseurs.
Le régime n'a fait aucune concession à la société civile, arrêtant avocats et dissidents et refusant la clémence à l'opposant Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix, mort en juillet après huit ans de détention, malgré les appels des Occidentaux à le laisser quitter la Chine.
A l'extérieur, le président chinois a suivi une politique de fermeté, augmentant régulièrement le budget militaire et revendiquant la souveraineté de son pays sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale quand bien même un arbitrage international rejetait les prétentions de Pékin. Mais face aux velléités protectionnistes d'un Donald Trump, il a été acclamé en début d'année au forum économique de Davos (Suisse) en défendant le libre-échange et la mondialisation.
- Plus de limite d'âge? -
L'ère Xi Jinping durera-t-elle 15 ans? Les membres du bureau politique sont en principe astreints à une limite d'âge de 68 ans, un âge que M. Xi aura dépassé en 2022, lors du XXe congrès. Mais si jamais son bras droit Wang Qishan, 69 ans, devait obtenir un nouveau mandat en ce mois d'octobre, cela signifierait que la limite d'âge n'existe plus. La voie serait libre pour un troisième mandat de Xi Jinping dans cinq ans.
Ce faisant, "Xi risque d'affaiblir les fondations de la réussite et de la stabilité de la Chine en sapant des normes cruciales" du parti, avertit Mme Ramsey.
Les pékinologues guetteront aussi une possible inclusion du nom de Xi Jinping dans la charte du PCC, un honneur réservé à ce jour à Mao et Deng. "Cela serait le signe qu'il est vraiment entré au panthéon", prévoit Bill Bishop, auteur de la lettre d'information Sinocism China Newsletter.
(©AFP / 16 octobre 2017 10h26)
Drapeaux rouges, slogans patriotiques, sécurité renforcée, air pur... par la magie du plus grand parti politique du monde (89 millions de membres), qui peut fermer les usines pour garantir un ciel bleu lors de ses grandes manifestations dans une des villes les plus polluées du monde. Pékin reçoit près de 2.300 délégués pour sa grand-messe politique, qui se tient tous les cinq ans dans le cadre monumental du Palais du peuple, place Tiananmen.
Xi Jinping, 64 ans, est arrivé au pouvoir à l'automne 2012 lors du précédent congrès du parti, dont il était alors devenu secrétaire général, avant de devenir président de la République populaire début 2013. Il devrait sans coup férir obtenir un nouveau mandat de cinq ans à la tête du parti lors de ce XIXe congrès, mais les observateurs guetteront avant tout les nominations au sein du bureau politique, pour voir jusqu'à quel point Xi Jinping parvient à placer ses hommes au sein de l'instance de 25 membres qui dirige la Chine.
"Le congrès du parti nous révèlera l'extension exacte de la puissance de Xi", prévoit la sinologue basée à Shanghai Carly Ramsey, du cabinet britannique Control Risks.
Chef du parti, chef de l'Etat, commandant en chef des armées, culte de la personnalité, omniprésence médiatique... Xi Jinping a accumulé plus de pouvoir que ses deux prédécesseurs, Jiang Zemin et Hu Jintao, suscitant des comparaisons avec Mao Tsé-toung, le fondateur du régime en 1949, et Deng Xiaoping, dont les réformes à la fin des années 1970 ont fait de la Chine une grande puissance économique.
- Fermeté -
"Pour résumer, on peut dire qu'il y a eu trois époques: quand Mao était au pouvoir, puis l'ère Deng Xiaoping. Le XIXe congrès est en quelque sorte l'avènement de l'ère Xi Jinping", observe le politologue chinois Chen Daoyin.
L'homme fort de Pékin a mis à profit ses cinq premières années pour déclencher une guerre à la corruption qui a châtié plus de 1,3 million de cadres, selon une évaluation officielle. Les détracteurs du président le soupçonnent d'en avoir profité pour frapper des opposants internes liés à ses deux prédécesseurs.
Le régime n'a fait aucune concession à la société civile, arrêtant avocats et dissidents et refusant la clémence à l'opposant Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix, mort en juillet après huit ans de détention, malgré les appels des Occidentaux à le laisser quitter la Chine.
A l'extérieur, le président chinois a suivi une politique de fermeté, augmentant régulièrement le budget militaire et revendiquant la souveraineté de son pays sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale quand bien même un arbitrage international rejetait les prétentions de Pékin. Mais face aux velléités protectionnistes d'un Donald Trump, il a été acclamé en début d'année au forum économique de Davos (Suisse) en défendant le libre-échange et la mondialisation.
- Plus de limite d'âge? -
L'ère Xi Jinping durera-t-elle 15 ans? Les membres du bureau politique sont en principe astreints à une limite d'âge de 68 ans, un âge que M. Xi aura dépassé en 2022, lors du XXe congrès. Mais si jamais son bras droit Wang Qishan, 69 ans, devait obtenir un nouveau mandat en ce mois d'octobre, cela signifierait que la limite d'âge n'existe plus. La voie serait libre pour un troisième mandat de Xi Jinping dans cinq ans.
Ce faisant, "Xi risque d'affaiblir les fondations de la réussite et de la stabilité de la Chine en sapant des normes cruciales" du parti, avertit Mme Ramsey.
Les pékinologues guetteront aussi une possible inclusion du nom de Xi Jinping dans la charte du PCC, un honneur réservé à ce jour à Mao et Deng. "Cela serait le signe qu'il est vraiment entré au panthéon", prévoit Bill Bishop, auteur de la lettre d'information Sinocism China Newsletter.
(©AFP / 16 octobre 2017 10h26)