بسم الله الرحمن الرحيم
Le député Biram Dah Abeid, Président du Mouvement IRA Mauritanie, ancien candidat à l’élection présidentielle de 2014 et 2019
Tout observateur des bizarreries de la politique en Mauritanie, finit par constater le triomphe, sans gloire du nomadisme, cet instinct de survie sur une terre, où les pouvoirs connaissent des mutations comparables aux changements de saison. Le même spectateur sait que l’opportunité a été offerte, au président de la République Mohamed Mohamd Cheikh Alghazouani et son gouvernement, de franchir des pas décisifs vers une voie de salut, autre que les politiques aventureuses, en vigueur depuis des décennies.
Pourtant, plusieurs facteurs d’insécurité contribuent à l’urgence d’une révision des politiques publiques. La gravité de la situation globale en Mauritanie affecte presque la totalité des chapitres de la gouvernance et, de ce fait même, dicte des mesures de riposte à une situation qui relève de la catastrophe naturelle. Les principaux obstacles à surmonter sont dus au faible niveau de réflexion stratégique des dirigeants mais aussi de leur degré d’enfermement dans les logiques de clientélisme, que caractérise, en premier, le refus de l’égalité. Evoluant dans un vase clos de repli sur soi et de ruses d’au jour le jour, la caste des gouvernements déçoit autant qu’elle tâtonne, parce qu’elle ne porte ni idéal ni rêve.
Ce sentiment partagé à grande échelle parmi les protagonistes de la crise, en dépit de leurs différences d’appréciation, a nourri l’ambition d’un consensus en vue d’entamer une délibération collective, selon les critères de l’inclusion, de la bonne volonté et de l’imagination au service de l’audace. Or, il semble – compte-tenu des informations en provenance des cercles de la proximité du centre de décision – que le bloc de la conservation, de la fraude, du déni et du fait accompli manœuvre, manifestement, à contre-courant des intentions du Président de la république. Ainsi, ces éminences de l’ombre s’emploient-elles à contrecarrer l’alternance au sommet de l’Etat. Ces fonctionnaires réactionnaires, à mi-chemin de la dissimulation et de l’obscurantisme, agissent par réflexe chauvin, afin de retarder les réformes, du moins les vider de leur substance. L’étroitesse de leurs calculs découle de leur connexion, sur mesure, à des intérêts égoïstes et de terme très court. L’erreur consiste, ici, à diriger un pays suivant la dictée d’arrangements petits, avec, chacun, sa part de confusion, d’ambiguïté, voire d’indifférence à la critique. L’ouverture et les consultations revendiquées dans le discours officiel restent du domaine de l’affichage, pour ne pas dire des faux semblants.
Aussi, nous, au sein du parti de la Réforme et de l’Action Globale(RAG)- aile politique de l'Initiative de résurgence abolitionniste en Mauritanie (Ira-M)) - et au sein de cette dernière :
1. tenons à informer, l'opinion, des indices de confusion dans les discours et actes du gouvernement, suscitant ainsi notre inquiétude quant au devenir de la paix civile ;
2. disons notre indisponibilité aux tentatives d’ententes artisanales dont la volonté de domestiquer ou d’exclure constitue l’unique motivation ;
3. rappelons que cohésion sociale, dans n’importe quelle société, repose toujours sur contrat assurant, à ses membres, la liberté, la dignité et l’équité, à l’ombre du droit et non au titre de faveurs;
4. réitérons notre engagement à servir l’émergence de la Mauritanie réparée, grâce à la pratique du dialogue, de la franchise et des résolutions écrites. Oui, nous aspirons à un consensus autour de la vérité et de la justice, sans quoi la politique devient un exercice de brigandage.
5. Refusons de participer à la mise en œuvre des formules habituelles de vernis qui tendent à perpétuer la domination, au lieu de la déconstruire.
6. renouvelons le vœu de voir l’année 2021, constituer le rendez-vous de la rupture salutaire, après le temps perdu à couvrir le crime pendant des décennies, blanchir ses auteurs et consacrer l’oubli.
7. reformulons notre impatience de participer, sans contrepartie, au relèvement national, sous le signe de l’intégrité, de la compétence et du mérite, loin des privilèges habituels en fonction de la langue, de la naissance et de la notoriété religieuse.
8. Adressons le présent message, à l’ensemble de nos compatriotes, avec une attention insigne, au Président de la république.
Nouakchott, le 16 Décembre 2020
Biram Dah Abeid