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un grain de sable pour secouer la poussière...

Autour d’un thé : Ecoles

Jeudi 4 Octobre 2018 - 01:42

Aujourd’hui, Wallahi !, je ne parlerai de « pas rien », avant de parler l’école nationale ! Hé, c’est le jour de la rentrée, non ? Oui : les élèves vont reprendre la route de l’école. Des écoles, pour être plus précis puisqu’il y en a plusieurs. Celles des enfants de riches. Celles des enfants de moyens. Celles des enfants de pauvres. Les écoles françaises. Les écoles africaines. Les écoles nationales. Ha, voilà que mes souvenirs affluent !

Ceux du début des années soixante-dix dont le premier jour était réservé à nettoyer les salles et la cour de l’école, saluer les maîtres et les amis. Sauter par-dessus les murs et jouer, sous l’œil vigilant du surveillant. Souvenir de manuels scolaires :« Amis, lisons ensemble », avec ses beaux textes, comme la Guetna, et ses impeccables illustrations, supervisées par la délicate Marie-Françoise de Larozière, du Centre Culturel Français ; « Ton livre, mon enfant », en ses deux versions, arabe et française ; « Matin d’Afrique », avec la chanson « Connais-tu mon beau village/qui se mire au clair ruisseau/encadré dans le feuillage/on dirait un nid d’oiseau/ma maison parmi l’ombrage/me sourit comme un berceau » ;

Ou, encore, « Afrique, mon Afrique » évoquant l’émouvant poème de Birago Diop ; les classiques « Syllabaire », « Auriol » ; « Bled » ou « Le calcul quotidien »… Toute cette litanie pour dire, aux élèves d’aujourd’hui, que l’école d’hier, c’était une école et, aux thuriféraires des nouvelles méthodes pédagogiques novatrices basées sur les approches par les compétences (les fameuses APC) et autres savoirs, savoir-faire et OTI (objectif terminal intégré), que nos anciens Messieurs n’avaient rien à leur envier. Ils avaient leurs méthodes, basées sur la cravache, le par quatre et le debout/assis, oreilles bien tenues entre deux doigts croisés. Les « Croisez les bras, regardez au tableau, taisez-vous. Debout, je me lève.

Assis, je m’assoie. Levez les ardoises ! Monsieur, je me plains d’un tel ! Monsieur, j’ai un besoin ! De toutes les petites anecdotes dont je me souviens, une me fait encore sourire. Un jour, monsieur Bâ, un stagiaire de l’École Normale des Instituteurs, appelle Samba et lui donne cinq ouguiyas : « Va me chercher un cure-dents ! ». Grosse confusion de Samba qui passe toute la journée à demander, aux passants, où trouver un… turban. Après la récréation, il paiera cher son incompréhension par « un-par-quatre », orchestré, à cœur-joie, par quatre gaillards de la classe. Qui n’a pas ânonné sa leçon de grammaire ou d’orthographe, ses tables de multiplication ou sa récitation ? Souvenir du calcul mental. Souvenir des leçons à réciter par cœur.

Allez, hop, « Le laboureur et ses enfants » : « Un riche laboureur sentant sa mort prochaine fit venir ses enfants, leur parla sans témoins. « Gardez-vous », leur dit-il, « de vendre l’héritage que nous ont laissé nos parents… » ; Ndeyssane, « La mort du loup » : « Le loup vient et s’assied, les deux jambes dressées… » ; « Le Corbeau et le Renard » : « Maître Corbeau sur un arbre perché tenait en son bec un fromage… » Les Messieurs Koné, Diallo, Lab, Zemmour, Monsieur Taki, Madame Doumbia, Monsieur Chemseddine, Monsieur Aouta, Monsieur Bah….Tous ces monuments, devenus anonymes mais certains encore vivants que personne ne connaît ni ne reconnaît. Les cahiers de devoirs. Les cahiers de roulement. Les cahiers de leçons. Les chefs de classe.

Les symboles. Les encriers. Les porte-plumes. Les buvards. Les moniteurs : tout ça, c’est fini. Aujourd’hui, là, ce sont des instituteurs façon titulaires de baccalauréat, maîtrise et doctorat en quelque chose, souvent en arabe parfois en français, bien que certains puissent lancer : « Je suis admis au l’ENI », « C’est moi qui a fait ceci ou cela », « l’accent complexe » ou « les enfants bondisseront ». Et, certes, quand le cri vient de la montagne, où faut-il courir ? Comme l’école, le Parlement devrait ouvrir ce premier Octobre, comme le prévoit, explicitement, l’article 52 de la Constitution. Une coïncidence symbolique, histoire de rappeler que les députés doivent aller à l’école de la conscience professionnelle et du devoir citoyen envers les populations qui les ont théoriquement élus. Salut et bonne rentrée à tous, donc !
 

Sneiba El Kory

source lecalame.info

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