Il ne faut pas être « né du vendredi », recommandent les Mauritaniens : c'est au plus proche puis au plus proche que tout ce que tu as ou peux avoir doit d’abord revenir. Et ce n’est pas nouveau, avant même que la Mauritanie existe, du temps déjà de la « Seïba », les émirs, les Almamy et autres Alboury, c’était comme ça. Fils, proche, serviteur, esclave, griot ou forgeron du chef général, ce n’est pas n’importe qui que personne ne connaît, sans parent « quelqu’un », influence, interférence, ni omnipotence. Soyons réalistes. Un frère, ce n’est pas n’importe qui, ce n’est pas n’importe quoi. Entre ton « même père et même mère » et tout autre, le parti ne compte pas.
Même les cousins les plus proches. Même les femmes, les enfants, les amis. La fratrie, c’est sacré. Comment choisir un autre que son frère, pour un poste si juteux ? « Voir cela sur » quelqu’un, c’est vouloir « voir quelque chose sur lui ». Ne pas être « né » du vendredi. Ne nous sommes-nous pas des musulmans ?« Le meilleur d’entre vous est le plus regardant et dont les biens est pour ses parents ». Vous oubliez tout ça et vous nous dites patati, patata, patatras. Cette fois, le frère est passé. Si le parti trouve autre chose, ce sera la sœur, avant le neveu ou le cousin, eux-mêmes avant quelqu’un de la tribu puis de la communauté puis des autres membres du parti, selon leur rang. C’est tout comme le neveu fils de la sœur bien-aimée. L’oncle ou la tante, c’est comme le père ou la mère. Impossible qu’un oncle présidant un parti de la majorité fasse rater une aussi belle opportunité de salaire confortable à son neveu, dites-vous ? Que me chantez-vous là ? Mettez-vous à leur place !
Accepteriez-vous, vous, d’être un « makhlooug El Joumou’a ». Vous savez, chez nous, oh,lalalalala, être le beau-frère de quelqu’un, c’est très complexe. Tu peux faire ce que tu veux : du plus simple au plus compliqué. Un beau-frère peut porter le boubou, le pantalon ou la chemise ; arriver en retard et manger ton repas ; rentrer dans ta chambre, dormir sur ton lit, prendre, au réveil, la monnaie de ton armoire et s’en aller, sans rien dire à personne. On ne reproche rien à son beau-frère. Il peut même vendre ta maison. C’est très exceptionnellement qu’on dit, chez nous : « Ton gendre, s’il ne te respecte pas, prends-lui ton gros bâton ».
Comment donc ne pas penser à lui, quand il ya une commission en vue ou quoi que ce soit qui puisse l’aider à régler certains problèmes, contribuer ainsi grandement à ne pas fâcher Madame. Adieu, donc, boubou, pantalon, repas et petite monnaie ! Le temps d’une commission électorale. Cette fois, quand même, personne ne peut dire que son Excellence Monsieur le Président a mis quelqu’un dans l’affaire. Parole du ministre porte-parole du gouvernement en qui nous ne « connaissons pas le mensonge » ! Pas un homme. Ni une femme. Ni un cousin. Ni un homme d’affaires. Pas rien ni personne. PM, ministres, Généraux, de ceux-là, le porte-parole n’a dit s’ils ont mis quelqu’un ou pas. « Chaque main efface sa figure »... Le beau-frère du cousin du Président n’est pas le beau-frère du Président. Il ne faut pas tout confondre. Et puis, c’est bon de n’avoir choisi que des gens que tout le monde connaît. On ne sait jamais.
S’il faut les rechercher, un jour, au moins, ça ira vite : un cousin par-ci, un beau-frère par-là, un frère de père et de mère de là- bas, le beau-frère d’un cousin au Président, le neveu d’un chef de parti de la majorité. Deux gens du bord du Fleuve. Un harratine et un nationaliste. C’est facile d’assembler les gens de la nouvelle commission électorale nationale indépendante ! Qui sème le vent ne récolte généralement pas une place à la CENI. Il faut bien que les gens du FNDU le sachent : les absents ont toujours tort ! Salut.
Sneiba el Kory
source lecalame.info