Un bouc fit irruption dans la salle à manger d’une famille, en plein déjeuner.
Craignant d’être piétinés par l’animal, ou de le voir renverser la précieuse nourriture, le père cria à l’intention de son fils.
-Hamoud maitrise cette bête et attache-la.
Le garçon, craignant en première priorité pour son propre plat, sursauta en catastrophe. Dans la précipitation, il heurta la lampe, plongeant la salle dans le noir. Son pieds atterri sur les mets fumants, il le retira précipitamment et lança son genou endolori dans le visage de son père. La mère tâtonnant pour sauver un quelque chose, vit sa main écrasée par le talon du fils affolé.
C’est alors qu’on entendit la voix du père déchirant l’obscurité et la douleur :
-Les enfants ligotez Hamoud et laissez le bouc.
Il avait presque crié ligotez : le peuple et collez la paix aux dirigeants.
On dit que Pharaon n’a été « pharaonisé » que par ses sujets.
Il y a les tyrans et les dictateurs. Ce sont des despotes, qui s’imposent par la violence du tort et par le domptage des peuples à leur volonté inique, oppressive et injuste.
Mais plus grave que ceux-ci et plus dangereux que ceux-là, plus malicieux et malveillant, plus venimeux et plus indéracinable, ce sont les systèmes où le pauvre guide, n’est qu’une patère nationale, sur laquelle les lobbies du tort et de l’injustice accrochent leurs déchets tout en restant dans l’ombre.
Muawiya ould Sid Ahmed Taya ( معاك ذا الشعب بكد محال يتغير وعدو).
Promesses infidèles.
n’est qu’un exemple. Avant lui Haidalla, ( يا الي تجول و تسول عن كيف الرجال حال, راعي محمد خونا ول هيدالة كيف الرجال).
Hippopotamo-crisie.
Et maintenant Ould Abd Aziz. ( عزيييييز عزيييز عزووووز).
Le corps-beau et le re-narre.
Ces hommes ne sont que des produits nationaux, frappés du seau d’un monde, qui n’a pas su conserver ses constantes. Un peuple qui les a aveuglés par la flagornerie, les louanges « prêts à porter ».
Un entourage qui, se dévêtant de ses principes, à aider Satan à perdre ses dirigeants.
Une société qui, à la première salve des canons de l’artillerie moderne, a lâché la bride de ses repères et n’a pas su tenir le volant de la nouvelle monture.
Un pays qui pédale dans le vide, pensant, ou espérant gagner un marathon, qui n’existe que dans son esprit.
Un monde qui se leurre tout en jouissant de se mettre le doigt dans l’œil.
Quand la chine a voulu se protéger contre les dangers, elle a construit sa fameuse muraille.
Quelques années plus tard, la muraille était intacte, mais l’ennemi était entré quand même. Il a suffi de corrompre les gardiens. La chine avait construit les remparts, mais avait négligé de construire l’homme.
C’est un peu ce qui se passe chez nous.
Tout le monde a mesuré à sa survaleur la puissance de l’argent, mais personne n’a pris garde aux métamorphoses immorales et destructrices, que la ruée vers les « avoirs » et les « pouvoirs », cette fièvre morbide de tout sacrifier pour un bien, une influence ou un poste, allaient causer comme dégâts.
L’honneur, la dignité, la foi, la fraternité, la patrie, le présent et l’avenir, n’étaient plus que de vulgaires moyens pour « parvenir ».
Le peuple, telle une petite fille piégée dans un antre de bandits, se fera violer à des reprises violentes et régulières et suivant un processus légalisé par le règne d’une anarchie-monarchie aveugle, qui ne voit plus que ses lois et ses règles.
Nous sommes arrivés à un état avancé de décomposition.
Et nous l’avons voulu. Nous nous sommes euthanasiés en toute conscience et nous sommes les uniques responsables de ce qui nous arrive.
Inutile d’accuser qui que ce soit. Tous ceux qui sont ou ont été responsables, sont responsables…sont coupables. Pas besoin d’un juge.
Les démarches, les attitudes, les initiatives, les actes et les actions, sont là, dressés en menhirs nationaux, pour témoigner de la recherche fébrile de toutes causes de tout alibi de toute justification, pour exploiter ce peuple dans une destruction programmée, systématique, sans merci sans pitié de cette terre.
Personne n’a jamais défendu autre chose que ses intérêts ses convoitises et sa boulimie invétérée.
Sinon citez nous une seule fois où ce peuple a fêté dans la liesse une réalisation qui bonifie ses conditions de vie, fait avancer ses enfants, améliore son menu ou même le protège contre les dents prédatrices qui le rongent de toute part sans discontinuer.
Le peuple encourage sa destruction, sa perte et sa perdition. Il pense qu’en applaudissant tout nouveau venu, il s’approche de la manne du nouveau « dieu ».
Ils sont un peu comme ce fou qui pour s’acheter un chargeur a vendu son téléphone.
Le dirigeant grisé par les louanges et les mensonges se laissera glisser lentement, mais surement dans la suffisante arrogance de celui qui se croit éternel. Et c’est la catastrophe minutée et inévitable.
Toutes les causes sont bonnes pour être l’une des têtes multiples de cette méduse nationale avec « ses serpents qui sifflent sur les têtes ».
Ce qu’on oublie souvent, c’est que Dieu voit et entend.
Le lion avait un appétit, tel que pour avaler le petit lapin, il avait ouvert toutes ses vannes et ses soupapes.
Vous connaissez tous l’histoire et surtout par où est ressorti « le lapin du lion ».
L’histoire raconte et contera pour la postérité, le sort de rois de princes et de grands hommes, qui se sont privilégiés au détriment de la justice et de la juste mesure. Ils ont par la suite servi les leurs et leurs proches sans se gêner et sans partager avec personne.
Regardez combien de fils a destitué ou assassiné son père, pour lui ravir un règne bâtit sur l’injustice. Combien de frère d’armes a abattu son frère de combat pour prendre sa place, sur un trône construit sur les déséquilibres. Combien de frère a immolé son frère pour les vulgaires biens de ce monde.
Tout ce qui se construit sur les injustices est temporel et fugace.
Dieu n’aime pas les injustes. Ceux qui sont détestés par Dieu ne peuvent réussir un labour. Leur récolte est pourrie et moisie à l’avance.
Et si le dirigeant est un bouc, il y a certainement derrière lui un peuple Hamoudi qui par ses « moubadarrats » et ses applaudissements a renversé les lampes, plongé le logis dans une obscurité opaque et risque de renverser la soupe et le couscous avec elle.
Une conclusion qui fait froid dans le dos…et dans le ventre.
Mohamed Hanefi. Koweït.