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un grain de sable pour secouer la poussière...

Après l’indépendance

Vendredi 30 Novembre 2018 - 17:00

Après l’indépendance
Effectivement, monsieur le président « vive la Mauritanie indépendante et prospère », comme vous en avez fait si joliment la conclusion de votre discours.
Inchalla ! vive la Mauritanie indépendante et prospère.
La dernière fois, je vous ai dit que je ne vous entretiendrai plus de ces remarques. Je tiens parole. Ceci n’est qu’un au revoir et une occasion de vous souhaiter bonne fête.  
Vous avez évoqué la justice. Vous avez raison ! Un pays bâti sur la justice et la transparence ne tombe jamais. Et s’il arrive qu’il chute, il est reçu avant le choc par les amortisseurs fidèles vrais et solides.
Justice !

Monsieur le président vous avez gouverné ce pays, environs 5184000 minutes. Personnellement je sens que vous ne m’avez même pas accordée une seconde. Ma part de ce butin gratuit.
Pourtant je suis citoyens, administré et sensé avoir un petit morceau de justice. Vous saviez que je ne vous demandais rien, sauf l’entretient de cette unité que toutes les bouches clament et que tous les cœurs blâment malmènent ou condamnent.
Je ne vous ai demandé que de me permettre d’être mauritanien et de pouvoir regarder les autres en face ou les contrecarrer quand ils me reprochent ces choses qui me collent à la renommée nationale.

Monsieur le président Mohamed Ould  Abd Al Aziz, moi je vous respecte. Je n’ai pas été élevé dans les draps de l’impolitesse, ni dans les camps du mal et du vulgaire. Mais je trouve que certain points de votre honorable discours, m’ont laissé perplexe, voire dubitatif.
Chaque année, cette indépendance nationale est fêtée sous deux bannières, diamétralement opposées : la manifestation de liesse chez certains et le deuil chez les autres.

La nouveauté de cette année était cette image choquante de drapeaux mauritaniens, emballés en linceuls en Europe et autour desquels des groupes, en procession presque religieuses, scandaient : « Non au racisme d’état en Mauritanie. ».
Dites-nous, monsieur le président, sommes-nous réellement racistes ?
Et pourquoi  tout cet appareil étatique, qui vit sur le dos et la dignité du citoyen est-il incapable de répondre, de prouver le contraire ?
Sommes-nous racistes monsieur le président ? Cette fois je ne demande que le droit d’avoir honte et de me cacher le visage.
Si ce qui se raconte est vrai, mon peuple et moi, sommes en droit de prétendre être le vingt-neuvième pendu. Et nous avons le droit de savoir…comme tout condamné.

Le discours stéréotypé est politiquement adapté et adaptable aux circonstances. Mais quand il y a situation grave, ou urgente, la priorité se déplace vers les points où les séismes menacent la nation.
Pour l’enseignement, monsieur le président, je vous donne juste une remarque : l’exemple d’un étudiant mauritanien qui ayant obtenu son Bac, mention excellent et 97%  félicité par notre ambassadeur de cette époque, fut refoulé de toute insertion dans son pays. De hauts responsables en sont témoins. Il n’eut de droit ni dans l’armée, ni dans la police, ni même autorisé à une continuation à l’étranger sous la bannière de son pays. Son père dû payer les voies tortueuses, rien que  pour lui permettre d’être enregistré dans un pays étranger. Cette année-là, il était le seul admis au master, parmi tous les fils à papas, qui l’accompagnaient, et était le seul à qui ce pays-là offrit de continuer son doctorat. On devait lui permettre au moins d’être fier de chez lui.

L’enseignement de l’excellence est une injustice et une exclusion manifeste. Car certaines franges, même douées et talentueuses, n’auront même pas la possibilité de connaitre la porte de ces écoles.
Savez-vous, monsieur le président que des nombres incalculables de malades dans ce pays, sont laissés à nos jours à la merci de charlatans, qui prétendent être servis par les djinns et les diables et qui poussent licitement les ignorants atteints de maladies infectieuses à se soigner par les simples crachats d’un malade mental, qui s’est investi Dieu, au nez et à la barbe de la justice de notre pays.

Ce ne sont là que deux exemples de ce dont j’ai essayé, depuis votre investiture de vous exposer, pour que quelque chose se « positivise » dans le quotidien de ceux qui n’ont pas de quotidien.
Vous avez écouté, sans entendre, ou entendu sans écouter. Dieu est le Juge dans tout cela.
Qu’Il nous prenne tous dans sous Sa Miséricorde. Sinon, nous sommes réellement en danger.   
5184000 minutes, divisées par non pas 3 mais 2 millions de mauritaniens à l’âge de raisonner. J’aurais dû avoir quelques minutes. Ma part de ce patrimoine national, qui ne se met pas dans la poche. 4 ou 5 minutes, pour méditer sur de graves anomalies, des aberrations, parfois des anomies qui défigurent la nation ou menacent son existence, et qu’un président ne peut voir, s’étant surprotégé, pour sauver sa vie ou assourdi par ceux qui ne veulent pas qu’il entende.

Quand on fait la fête, c’est pour montrer ses ornements à l’extérieur. Or nous nous focalisons toujours sur le sous vêtement et laissons les haillons flotter pour l’extérieur.
Vous avez juste perdu l’occasion de profiter d’un conseiller qui ne vous soutire aucun sou, ne vous sert aucun mensonge et ne demande même pas à vous rencontrer en personne.
Quand je pense que toutes les fois que je vous ai parlé de ces problèmes, j’étais rempli de l’espoir que quelque part quelque chose va changer et que la Mauritanie se portera mieux.

Quand je ressasse toute les fois où j’ai mesuré la distance incroyable entre ma parole chevrotante et volatile sur les feuilles du net, et l’oreille d’un président, occupé à être président au détriment de sa « présidence » à la vie et à la mort de centaines de milliers de ses administrés, je cherche à vous imaginer une excuse auprès de nous et de Dieu et je ne trouve rien. J’espère que je calcule mal. Peut-être ai-je mal calculé. Une probabilité parmi tant d’autres.
Je vous souhaite tout le bien.

Mohamed Hanefi. Koweït.
 
  
 
 
  
 
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