L’opposition dite radicale est vent debout, depuis que le gouvernement a décidé de faire adopter, par le Parlement, les amendements constitutionnels décidés par le dernier « dialogue national inclusif ». Elle multiplie des réunions pour préparer sa réplique contre l’agenda du gouvernement.
Au cahier des actions de masse qu’elle entend mettre en œuvre, on note déjà le sit-in organisé, par sa jeunesse, devant l’Assemblée nationale, le jour de l’ouverture de la session extraordinaire. Depuis, les forces de l’ordre pointent devant la Chambre basse, pour veiller au grain et permettre, ainsi, à la commission des lois, de statuer sur le texte du gouvernement. Les membres de cette commission ont démarré leur activité le 26 Février. Une fois achevé son travail, la Chambre basse se réunira en plénière, pour se prononcer sur le principe de la modification de la Constitution. Et c’est seulement après que le texte sera envoyé à la commission des lois qui décidera de la voie choisie, pour voter les amendements.
Déterminée à barrer ce chemin, le FNDU et le RFD ont établi des contacts, via les députés de l’opposition au Parlement, visant à obtenir un maximum d’abstentions de vote. Où en sont-ils ? Leur tâche ne sera certainement pas facile dans la mesure où le pouvoir dispose, sur le papier, d’une large majorité : 110 députés sur 147. Mais tous les parlementaires ont les yeux rivés sur les législatives anticipées et pourraient faire fausse route, en cas de vote secret. Le président de la coalition de la majorité présidentielle, lui-même député de son état, aurait avoué ses craintes d’un tel désastre. Hé oui : les députés s’inquiètent, eux aussi, de leur avenir. L’accord politique du 20 Octobre dernier prévoit bel et bien des élections législatives et municipales anticipées. Si les conditions de la participation de l’opposition dite radicale sont réunies, combien de ceux-là risquent-ils de se retrouver au chômage ?
Du côté de la Chambre haute, la situation semble encore moins acquise pour le gouvernement. Le mécontentement des sénateurs de voir disparaître leur gagne-pain et, donc, leurs privilèges, n’est pas anecdotique. Le simple fait que le président du Sénat ait omis d’évoquer les amendements constitutionnels, dans son discours d’ouverture de session, mercredi 22 Février, prouve combien la grogne des cheikhs demeure tangible. Les terrains que le gouvernement leur a « aimablement » offerts n’auraient-ils pas réussi à la dompter ? De là, à voter contre le texte du gouvernement, la pente est glissante...
Quoiqu’il en soit, il est évident que le gouvernement n’a ménagé aucun effort pour convaincre ses troupes à voter son texte. Et que l’opposition fera tout pour s’y opposer. Elle prévoit d’occuper les alentours de l’Assemblée nationale pour peser sur le scrutin. Pour éviter tout débordement, les forces de l’ordre ont investi et bouclé tôt, hier mardi 7 Mars, les axes menant à l’Assemblée. La tension est vive et le recours à la violence, par les forces anti-émeutes lourdement armées, est d’autant moins exclu qu’on ne voit guère comment le gouvernement pourrait-il faire marche arrière sans perdre la face. La tenue de la plénière, ce mercredi, nous édifiera sous peu.