Platon, de retour d'un enseignement prodigieux auprès des prêtres égyptiens, avait écrit sur les portiques de son académie: " que nul n'entre ici, s'il n'est géomètre ". C'est que la géométrie à l'époque des pharaons, bâtisseurs des inimitables pyramides, était une science analytique émanant toutefois d'un esprit éclairé. En effet, pour fréquenter l'école de Platon, il fallait être nanti d'un esprit critique, capable de forger une opinion épistémique, un domaine réservé, sans doute à des théoriciens de la connaissance. Ce qui n'est pas donné à tout le monde, même de nos jours. Demander à un marchand de bétail de Timbédra de vous parler de physique quantique serait une provocation; même si on dit souvent que l'habit ne fait pas le moine. Aussi un général de division sera incapable de tenir le cahier de charges d'un agent des eaux et forêts ou d'un fonctionnaire du fisc nouakchottois, surtout quand ce dernier est très peu habitué à l'orthodoxie financière... . Parce que ce n'est pas le domaine de formation d'un divisionnaire, à qui on a appris l'art de la guerre: à savoir tuer ou éviter de se faire tuer !!!.
Or il se trouve que depuis quelques temps des individus résidant outre atlantique ou ailleurs, parfois même au pays, s'affichent en spécialistes du renseignement militaire, ou en grands connaisseurs de l'Armée mauritanienne. Qui manipulent et encouragent ces oiseaux de mauvaise augure à distiller constamment des informations approximatives, qui à la longue émoussent le pouvoir de dissuasion de notre Armée Nationale? L'on constate que le pic de la désinformation cette fois se propage à chaque instant qu'un probable changement de commandement au sein de l'Armée pointe à l'horizon; comme le départ à la retraite cette année de l'actuel Cemga, le général de division Moktar Bollé Chaabane.
Son "éventuel remplacement" provoque déjà des fluctuations lexicales dignes des spéculations boursières. Ainsi ces "génies des Carpates", ces enchanteurs tenant Merlin par la barbe crachent la mantique, mais seulement leur mantique, puisque tout ce qu'ils publient sur les réseaux sociaux s'avère faux ou partiellement incohérent. Pourquoi ces manifestants de la démagogie, malgré leur relatif pouvoir de nuisance au dessein inavoué, ne baissent pas les bras? Sont-ils sous la coupe désobligeante de corbeaux, qui, toutefois semblent être des militaires haut gradés, cependant encore en service? Ces militaires, imbus de leur égoïsme étroit, se projetant en carriéristes avantageux, ne voient-ils pas à la longue le danger que représentent leurs nauséabonds calculs d'épiciers, au point de ternir l'image de la grande muette ?
A/ Touche pas à ma muette:
On ne le dira jamais assez. L'Armée mauritanienne est le dernier rempart au déchirement de notre fragile tissu social. Notre société, qui n'a pas grandi depuis plus de 60 ans, ne parvient pas encore à transcender les bégaiements de son éternelle et nuisible adolescence. La rivalité, qui traverse ses différentes communautés pour l'accaparement d'un leadership fantasmagorique, dénote d'abord du manque de lucidité de sa classe politique, dans toutes ses tendances. Car une société est toujours diligentée par ses élites intellectuelles, universitaires ou de professions libérales (avocats, médecins etc...).
Mais voilà que cette entité affiche sur son tableau de bord une carence totale de déontologie, une complicité décomplexée et souvent chaotique dans la gestion de la vie publique, depuis le milieu des "années 80". Mais "en attendant Godot", le seul remblai qui puisse nous soustraire du naufrage que beaucoup de nos voisins ont connu, c'est le pouvoir de dissuasion et d'efficacité de notre Armée Nationale. Elle a été toujours là à nous éviter des lendemains lugubres, puisque c'est la seule institution étatique qui supporte encore le fardeau de son emblème et affiche ses ambitions régaliennes.
Notre Armée a été forgée dans le sang aux milieux des années "70" pendant la guerre fratricide du Sahara; au moment où elle n'était qu'un embryon légué par le pouvoir colonial. Ses officiers pionniers dont certains sont encore en vie (Dieu merci) avaient le sens de la grandeur et surtout de la dignité absolue. Ils étaient tenus au droit de réserve et respectaient bien ce principe fondamental, noyau d'une autorité morale, sans laquelle le pouvoir de dissuasion va vite s'émousser. Ce qui commence à arriver de nos jours, quand l'intérêt particulier prend le dessus sur l'intérêt général. Les officiers de notre Armée sont issus du même moule, suite à des stages dans différentes académies militaires, de par le monde. En général ils sont tous nantis d'un professionnalisme irréprochable.
Mais ce qui différencie un officier d'un autre, c'est surtout le degré de déontologie et d'éthique que l'un ou l'autre peut dégager. Dans ce cas de figure, la palme d'or va à ces officiers pionniers qui se contentaient de peu tout en voulant coûte que coûte étoffer leur conduite quotidienne de principes fondamentaux de moralité et de probité. Heureusement que nos illustres pionniers ont fait des émules, allant dans le même sens de la grandeur de l'âme, du professionnalisme et de l'empathie à l'égard de leurs subordonnés, qu'ils soient militaires du rang, cadres sous-officiers ou officiers (le prochain article en parlera Incha'Allah).
B/ L'avancement des officiers est au choix du commandement suprême:
Les colporteurs, les thuriféraires, les marionnettistes ne devraient pas ignorer que c'est au chef de la magistrature suprême que reviennent le droit et le devoir de l'avancement des officiers subalternes, supérieurs ou officiers généraux, ainsi que leur affectation. Cette dernière peut être déléguée à ses grands subordonnés, à savoir le ministre de la Défense Nationale et surtout le CEMGA, qui est en contact direct avec les hommes. Alors pourquoi vouloir remuer ciel et terre afin attirer l'attention du haut commandement sur un sujet qui est son domaine de prédilection? Il est vrai qu'il arrive que le chef suprême des Armées, le président de la République, soit mal conseillé.
Comme du temps du pouvoir précédent auquel on a reproché une prolifération de généraux, ce qui a porté atteinte à la crédibilité de l'institution militaire, en banalisant la dimension du grade. Pour être au diapason du niveau de gouvernance militaire de la sous-région, le ministre de la Défense Nationale devrait conseiller au président Ghazwani l'évolution structurelle des Armées dans les pays voisins. Ne fallait-il pas depuis 2 ou 3 ans élever "aux rang et appellation" de généraux de corps d'Armée ou d'Armée, certains de nos divisionnaires? Ne serait-ce que se limiter au Chef d'Etat-Major Général (CEMGA) et à son adjoint (Cemgaa), à l'instar du Mali, du Sénégal, du Maroc et de l'Algérie.
Un général divisionnaire mauritanien aura du mal à prendre de l'ascendant sur ses collègues maliens ou Sénégalais, à plus forte raison ceux des voisins du Nord. Ce sont le ministre de la Défense et le chef d'Etat-Major particulier qui doivent conseiller le président de la république sur les affaires de géopolitique, de géostratégie, de l'évolution structurelle de notre Armée, par rapport à nos voisins et partout dans le monde. Le choix du ministre de la Défense est primordial et doit répondre à des critères de professionnalisme et de rigueur morale, surtout si ce dernier est un militaire retraité, travaillant avec des généraux encore sur les rangs. Entre lui et son Cemga, entre lui et ses subordonnés, il ne doit avoir point de frictions. La collaboration doit être saine et ne doit souffrir d'aucun dol. C'est une condition sine qua non à la bonne marche de sa mission ministérielle.
D'autre part il ne faut pas que la politique politicienne, ou l'échafaudage d'une prétendue démocratie fasse oublier au président de la République sa sécurité personnelle. Car le multilatéralisme dont l'ébauche s'esquisse sur la scène internationale depuis que la Russie a pris la tête de la fronde contre l'ancien ordre mondial, engendre des ambitions de toutes sortes. La lutte à mort que se livrent les grandes puissances étrangères les poussent au recrutement de taupes, d'agents secrets à leurs soldes ou mieux encore, des prétendants au pouvoir tous à leur dévotion. Les exemples du Mali, du Burkina et du Niger ne sont que le début de la conquête. Quant aux marionnettistes qui polluent les réseaux sociaux d'informations divinatoires, ils oublient qu'ils s'adressent à un fils de grand marabout, et grand connaisseur de son Armée. Je ne doute pas un seul instant que le président Ghazwani ne sache qui de ses soldats il faut placer, quand et comment...Laissons seulement la clepsydre se vider./.
Ely Ould Krombelé
KROMBELE
lecalame