L’autorité de régulation du transport a organisé, le vendredi dernier, une journée de sensibilisation sur la circulation routière en Mauritanie. Une décision importante mais loin de suffire à limiter le désordre et l’indiscipline des conducteurs mauritaniens, tous âges et niveau de responsabilité confondus. Les populations de Nouakchott qui empruntent les différents de la ville ne cessent de constater et de déplorer, chaque jour que Dieu fait, combien il est difficile de circuler dans la capitale particulièrement dans les quartiers de la banlieue et les alentours des marchés. Non seulement à des heures de pointe, mais à tout moment de la journée et presque pour tout le monde ; ceux qui ont des véhicules personnels et ceux qui empruntent différents moyens de transports (Taxis, vieux cars ou nouveaux bus de la STP, Tuk Tuk,). A quelques heures de la fin du mois béni du Ramadan, circuler au centre-ville de la capitale relève de l’exploit.
Monter de Riyad, Arafat, Toujounine, Dar Naim, Sebka et Elmina vers le centre-ville est un véritable calvaire pour les banlieusards qui doivent patienter, de très longs moments, à bord des routes ou ce qui en tient lieu pour décrocher l’un des moyens de transports. Ces longues attentes mettent à rude épreuve les nerfs des citoyens prêts à bondir sur n’importe quelle occasion. Parfois sur les Pickup, des Hilux. L’essentiel étant d’arriver à destination.
Chaque jour, on rencontre sur nos pistes des passagers sur les toits de vieux bus. Les conducteurs font ce qu’ils veulent, doublent par la gauche, la droite et bouchent les allées de sens opposés, ils se donnent le droit d’augmenter les tarifs comme en cette période de veille de fête. Les tarifs sont rapidement doublés sans que les autorités ne pipent mot. Les alentours des marchés sont devenus un véritable casse-tête. Pour se garer ou pour sortir. La fermeture des axes traversant les grands marchés ne règle point la situation. La course à l’argent pousse les automobilistes à créer des embouteillages injustifiés et épouvantables. Les deux axes aller et retour sont bouchés par les plus pressés et cela devant les forces de police qui sont, soit dépassés soit laissent faire. Parfois on se demande où elles sont passées. La fermeture du carrefour Madrid et l’absence de feu de signalisation (Poteau 3, carrefour Nancy, carrefour foire, marché de bois) n’a fait qu’accentuer le calvaire des citoyens.
L’indiscipline d’un seul chauffeur peut immobiliser des dizaines de véhicules dont de gros porteurs et créer du coup de longs bouchons. Avec le mois de Ramadan, les esprits s’échauffent et des chocs interviennent. L’annonce, il y a des mois déjà de la DGSN de régler la circulation urbaine demeure pour le moment, comme un vœu pieux. L’intégration de l’ancien GSSR dans la polices n’a pas soulagé la ville de Nouakchott. Leur présence ne dissuade pas les mauvais conducteurs à semer le désordre, ils sont souvent nargués par certains conducteurs à bord de luxueuses voitures. Les caméras que les policiers exhibent quand ils arrêtent un conducteur en infraction ne servent pas grand-chose.
Dans certains goulots d’étranglements, ce sont de simples citoyens qui se chargent de réguler la circulation, avec sifflet et bâton. Quelques conducteurs leur offrent des jetons.
L’augmentation du nombre de bus de la société de transport public (STP) pour desservir les quartiers de la banlieue est certes louable mais elle se heurte à de nombreux obstacles. L’état dégradé de certaines pistes, leur exiguïté, l’absence d’arrêts et d’abribus clairement identifiés –ceux des nouveaux axes Bamako – Madrid posent des questions de sécurité, il faut traverser la piste pour s’y installer. Les bus peuvent s’arrêter, comme des taxis, pour prendre les passagers et l’indiscipline des conducteurs de petits et gros véhicules leur pose un sérieux problème. Il reste que ces bus doivent permettre aux citoyens de se déplacer à des horaires fixes.
La normalisation du transport urbain passe par les départs et arrivées bien précis, sans gros retard par rapport à l’heure d’arrivée au travail. C’est le seul moyen d’amener certains à laisser leur véhicule à la maison même si chez nous la voiture n’est pas une nécessité mais un signe extérieur d’un certain prestige. On imagine mal les gros bonnets de Tevragh Zeina et de Soukouk… laisser leur bolide à la maison et emprunter, demain le tramway de Nouakchott. Dans ces quartiers huppés, on a comme l’impression d’assister à un défilé de belles voitures les après-midi, chacun sort avec sa voiture pour se balader dans les rues et artères comme pour se faire voir des autres. En Mauritanie, tout celui qui s’assoit derrière un volant se croit investi de pouvoir et de droits que les autres n’ont pas.
Il faudrait enfin pour mettre un peu de l’ordre dans cette jungle urbaine, non seulement faire sévir les forces de police mais aussi imposer, pourquoi pas une circulation alternée, selon les numéros d’immatriculation. Il faudra aussi revenir à la décision de l’autorité de régulation du transport d’il y a quelques années interdisant les camions et autre gros porteurs à certaines heures de la journée. Non seulement ils accentuent les embouteillages mais aussi font peser de gros risques aux petits véhicules et donc à ceux qui les empruntent.
Entrée en vigueur, la décision a vite été enterrée à cause des gros commerçants dont les magasins se situent au centre-ville.
lecalame