Réunies les 22 et 23 Février dernier à Bagodine, point de mire de toute la Vallée et, au-delà, de la Mauritanie entière et du Sénégal, les populations du département de M’Bagne ont rendu un vibrant hommage à l’ancien ministre et homme politique, M. Bâ Bocar Soulé. Le chapiteau dressé au pied de la montagne Deklé a refusé du monde. Placé sous le sceau de l’unité nationale et de la cohésion sociale, cette grandiose cérémonie a réuni toutes les composantes ethniques du pays. Un vrai brassage culturel pétri d’un manifeste souci de renforcer le vivre ensemble, relevé et magnifié par l’hôte de la cérémonie et de nombreux témoignages.
Prenant la parole, Bocar Soulé déclarait, après avoir remercié le nombreux public accouru de tous les coins du pays et du Sénégal voisin : « cette cérémonie d'hommage illustre à merveille le brassage culturel à renforcer et à promouvoir, avec une claire volonté de mieux faire connaître nos spécificités culturelles et les supports de notre identité nationale fondée sur la justice, l'égalité et la fraternité entre tous les citoyens. » Et Satigui de poursuivre : « La réalisation de cette Mauritanie des valeurs que nous appelons de tous nos vœux sera fonction de notre capacité à nous accepter mutuellement, à faire de nos spécificités des sources d'enrichissement et de complémentarité ; elle sera aussi et surtout fonction de notre volonté à tout mettre en commun pour servir les intérêts supérieurs de nos populations, ceux de la Nation et de l'État. » Et pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, il préconise la mise en place d’un Réseau National Citoyen dont les modalités pratiques d'organisation et de mise en œuvre seraient confiées à une équipe restreinte.
Bagodine sur la liste des Cités du Patrimoine
Revenant sur l’histoire de Bagodine, sa ville natale fondée avant 1512, BBS demande l’inscription de celle-ci sur la liste des Cités du Patrimoine et justifie : « Elle compte parmi les acteurs témoins des hauts faits de l’épopée Deniyankobé et caresse l'espoir de rejoindre le peloton des cités anciennes du Patrimoine mauritanien. Ce millénaire territoire des Deniyanké est la seule contrée de Hebiya à avoir connu le règne des Farba, des Satigui et des Almamy », renseigne Bocar Soulé, descendant du fondateur et unificateur du Foula historique, Koly Téguella que notre orateur du jour demande à la Nation d’honorer, en baptisant de son nom une rue de Nouakchott.
Concert de témoignages unanimes
L’ancien président de l’Assemblée nationale et président du Conseil économique, social et environnemental, monsieurMessaoud Boulkheïr, les amis de longue date, Kane Abdoul Wahab, N’Gaidé Alassane, Diallo Daouda, président de TabitalPulaagu ; le général Dia Adama, chef traditionnel des Halaybé, les anciens ministres, Bâ Diyé Mamoudou et Kane Ousmane, l’ancien maire de Nouakchott, Mohamed Mahmoud Aghrabat ; le maire de Maghtaa Lahjaar, Baba Moustapha, ceux de Bagodine, de M’Bagne et de Kaédi, le député de Bababé, ont rendu, tour à tour, un hommage appuyé à l’hôte de la cérémonie. Tous ont loué son patriotisme, ses relations diverses et multiculturelles, sa générosité, son combat pour l’unité nationale et la cohésion sociale. Monsieur Kane Ousmne a magnifié son patriotisme et sa fierté de foutanké, tandis que la députée nationale de l’UDP, native de Bagodine a parlé de la bonne école politique et de la référence que demeure Bocar Soulé. Tous ont unanimement reconnu combien l’homme est généreux, rend service à tous les Mauritaniens, blancs ou noirs, maures, pulaaren, soninkés ou wolofs. Pour eux, l’hommage rendu en ce jour, est plus que mérité pour cette personnalité qui a consacré sa vie entière au service de ses compatriotes. Quant aux jeunes du département, ils ont rappelé son attention à affermir leurs premiers pas politiques et assuré qu’ils ne manqueraient pas de suivre ses traces pour assurer une relève honorable.
L’ombre de la glorieuse épopée Samba Guéladio Diégui
Venue clôturer cette impressionnante litanie de louanges, madame Diyé Mamoudou Bâ, ancienne ministre et elle aussi descendante de Koly Teguella, a évoqué, très émue, ses relations personnelles avec son frère et cousin Bocar Soulé de Bagodine, avant de rappeler les attaches de celui-ci dans le département de Maghama, précisément à Wali, Sagué, Sinthiane Padalal, village-phare, Boguel et Fimbo. Elle a ensuite lu une motion de reconnaissance adressée au gouvernement appelant à établir l’épopée Samba Guéladio au rang de patrimoine culturel immatériel national. Appelée traditionnellement Dewal Sawalamou (reine), la descendante du chef des Déniyanké est enfin brièvement revenue sur le rôle unificateur de son aïeul pour rappeler que celui-ci avait contacté des alliances avec ses voisins pour défendre et élargir son territoire et représente ainsi, de fait, un trait d’union entre les différentes communautés mauritaniennes. On pourrait ici ajouter que l’homme est aussi l’aïeul de beaucoup de pères fondateurs de la Mauritanie moderne.
Auparavant, le maire de Bagodine, Bâ Samba Bocar, avait souhaité, au nom de toute sa commune, la bienvenue à l’ensemble des participants et salué l’initiative des populations du département de M’Bagne de rendre hommage à l’un de ses dignes fils qui a consacré toute sa vie au service, non seulement, de ses proches mais aussi à celui de tous les Mauritaniens. Quant au comité de pilotage de Bagodine, il a décoré Bocar Soulé d’un collier en argent et d’une bague. « C’est notre modeste contribution à cet homme de dimension nationale », dixit son président Mamadou Guisset et l’on a remarqué que ledit collier ressemble à celui porté au cou des présidents de la République lors de leur prestation de serment. Cette parure lui a été placée conjointement par le président du conseil régional du Brakna, Mouhamed El Moustapha ould Mohamed Mahmoud et le maire de Bagodine.
Quant aux jeunes de Sorimalé conduits par le colonel des douanes, Sarr Alassane, après leur démonstration dans leur pirogue, sur le fleuve, à l’accueil de l’artiste Baba Maal à M’Bagne, ils ont transporté leur embarcation richement décorée des couleurs nationales jusqu’à l’entrée du chapiteau abritant la cérémonie à Bagodine. Le maître de cérémonie a parlé d’une « pirogue roulant sur le bitume », grâce à la magie des maîtres du Fleuve (Subalbé). Sur place, ils en ont remis une petite pirogue à Bocar Soulé en présence de Baba Maal, pour marquer l’évènement.
De l’utile à l’agréable
La cérémonie d’hommage pilotée par le président de la commission d’organisation a été marquée par une grande soirée artistique et culturelle (nuit de Gundabii). Par le passé, ce gala était l’occasion de revisiter et magnifier des hauts faits de guerre des terroirs, avec moult chants. Cette veillée s’est poursuivie jusqu’aux aurores sous la présidence de Baba Maal, accueilli à M’Bagne par une grande foule, avec force pirogues décorées de drapeaux mauritaniens et sénégalais, comme pendant les régates, et accompagné par un cortège de dizaines de voitures et de chevaux jusqu’à Bagodine.
Forte mobilisation des élus et cadres
Les élus et cadres du département de M’Bagne ont fait preuve de grande mobilisation et d’homogénéité. Ils ont ainsi prouvé, au-delà de leurs ambitions personnelles, leur capacité à relever le défi de l’unité et de la relève. Les dernières élections locales et présidentielles avaient en effet laissé apparaître quelques frictions qui ont été gérées et dépassés à cette grande occasion d’hommage. Les députés Niang Mamadou Younouss et Baboye Kébé ; El Hadj Hamadi Sidi Ba, maire de la commune de Niabina Garlol ; Mamadou Guisset, directeur des infrastructures à la ZFN et président, comme dit tantôt, de la commission d’organisation ; l’ex-DG de la SNDE, Hamzatou Thiam ; le président de la commission de la logistique, le docteur Hampaté Ba, DG de l’IMRSP ; le président de la commission de communication, monsieur Hassan Seck ; le maire de M’Bagne, coordinateur de l’évènement et DGA de la société de la pisciculture et de la pêche continentale, Aliou Thiofi Diop ; le président de la commission des Finances, Bâ Bocar Abdoulaye, attaché à la Présidence, et Abou Yéro Sarr, membre de la commission de communication, tous présents sur le terrain, avaient pris l’ampleur de l’évènement. Ainsi ont-ils pleinement assumé leur obligation de relever le défi de l’organisation, du reste très fastidieux.
Dalay Lam
Envoyé spécial