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Rencontre d’échanges sur les violences faîtes aux femmes/filles : briser le silence et mettre en place des stratégies concrètes d’intervention

Mardi 25 Février 2025 - 12:06

En Mauritanie, les statistiques concernant les violences faites aux femmes sont alarmantes, a déploré Mme Sy Lalla Aiché, présidente  du Comité de Solidarité avec les Victimes de Violations  des Droits Humains en Mauritanie (CSVVDH) citant le rapport bilan commun de pays (BCP) pour la Mauritanie en 2020. 9,6 % des femmes ont déclaré être victimes de violences depuis l’âge de15 ans dont 4,5% de façon récurrente. 3,9% des femmes déclarent avoir été victimes de violence sexuelle au cours  du douze derniers mois. Ces taux atteignent 5,2% en milieu rural contre 2,5% en milieu urbain.

’’Malheureusement, les pratiques préjudiciables continuent également à être une problématique majeure en Mauritanie et ceci en dépit de l’adoption des lois et textes’’, s’alarme Mme Sy qui supervisait,  lundi après-midi, une rencontre d’échanges sur les violences faîtes aux femmes/filles, dans le cadre de son projet Sawt El Marra RiiVia (voix de la femme rurale), financé par l’Agence Française de Développement et Expertise France, dans un réceptif hôtelier nouakchottois.

Cette rencontre était placée sous le thème : ‘’les violences faites aux Femmes/filles en Mauritanie, quelles stratégies d’intervention ?’’

Pour Mme Sy, « ce sujet n’est pas seulement une préoccupation pour les acteurs de la société civile, mais c’est une question sociétale qui touche la dignité humaine, la justice sociale, et les droits fondamentaux des êtres que nous sommes. »
 

Les chiffres sont effrayants et font froid dans le dos.15,5% de femmes âgées de 20 à 24 ans étaient mariées avant l’âge de 15 ans et 36,6% avant 18 ans. 63,6% des femmes de 15-49 ans en Mauritanie ont subi une forme de mutilations génitales féminines. Ce taux est de 56% chez les femmes de 15-19 ans. ‘’Ces actes ignobles sont le reflet d’un système qui, parfois, renforce le silence et la honte au lieu de promouvoir la justice et la dignité, s’indigne la présidente du CSVVDH . ‘’Aujourd’hui, souligne Mme Sy,  nous ne pouvons pas rester passifs face à cette réalité. Il est temps de briser le silence et de mettre en place des stratégies concrètes d’intervention’’. Elle a appelé les organisations de la société civile et toute l’opinion à se mobiliser pour sensibiliser la population, des jeunes aux adultes, en passant par nos institutions privées et étatiques, à faire prendre conscience à la société sur les conséquences désastreuses des violences faites aux femmes et aux filles. ’’Ce qui est, dit-elle, une étape essentielle. Cela commence par les écoles, les communautés, et même les médias’’.
 

De l’avis de la présidente du CSVVDH, ‘’la sensibilisation ne suffit pas. Nous avons également besoin de politiques fortes et de mesures légales adaptées’’. C’est ainsi qu’elle appelle les acteurs des organisations de la société civile et tous les mauritaniens à  ‘’soutenir et à renforcer les lois existantes contre les violences basées sur le genre. Il est important, cependant de renforcer et d'accroître les sanctions pour les coupables mais aussi de garantir un accès facilité à la justice pour les victimes. ’’Chaque femme qui subit une violence doit pouvoir se tourner vers les autorités et être écoutée, soutenue et protégée’. Pour garantir cette écoute et cet appui, les organisations de la société civile jouent un rôle crucial, estime-t-elle. ’’Nous devons unir nos forces, partager nos expériences et nos ressources pour maximiser notre impact et mener les formations et les campagnes de sensibilisation. Ensemble, nous pouvons développer des programmes d’accompagnement pour les victimes, leur offrant la possibilité de reconstruire leur vie’’.

Cette table ronde a été une occasion de réfléchir aux stratégies d’intervention qui peuvent changer la donne. Mais aussi pour les dirigeantes des associations  de voir comment elles peuvent ensemble mettre en place des mécanismes efficaces pour protéger les victimes et prévenir les violences.
 

Pour Mme Sy Lalla Aîché, ‘’la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles en Mauritanie est un combat que nous devons mener ensemble. Ce n’est qu’en unissant nos forces, en partageant nos ressources et en adoptant une approche coordonnée que nous pourrons créer un environnement où chaque femme et chaque fille peut vivre librement, sans crainte de violence’’. Elle dit apprécier l’engagement des hommes dans ce combat avant d’inviter  tout le monde à s’engager aujourd’hui à faire de la Mauritanie un lieu où les droits de toutes les femmes et toutes les filles sont respectés et protégés, à travers la prise de conscience, la prévention et la  protection.
 

Pistes de réflexion
 

Quatre panels ont permis aux participants de mesurer l’ampleur du problème et des défis à relever. La présidente de l’AMSME (l’Association Mauritanienne pour la Santé de la Mère et de l’Enfant), Mme Zeïnabou Taleb Moussa a abordé les violences basées sur le genre : quels impacts ?

Mme Houlèye Kane, journaliste, s'est focalisée sur l'autonomisation des filles. Quant à Mme Mariem Sidibé, elle s’est penchée sur  les violences sur les lieux de travail

Dr Youssouf Ba, juriste, a exposé sur  la législation nationale de protection des femmes et des filles .

Enfin, Mme Malika Diagana, photographe et entrepreneure culturelle,  a évoqué Arts et cultures : lutte contre les inégalités hommes/femmes.

Par ailleurs, les participants à l’atelier ont dressé quelques pistes de réflexion pour les stratégies se déclinant à travers des composantes (éducation et sensibilisation, renforcement des lois et des politiques ; soutien psychologique et  social des victimes ; mobilisation communautaire ; signalement et référencement rapide des cas et collaboration avec les ONGS et les acteurs locaux.
 

Sur un autre plan, l’application numérique dénommée  ‘’La Sentinelle’’  a été présentée, par Amadou Sall, lors de la table ronde. Cette expérience pilote est mise en œuvre dans sept localités du Brakna.  Quatorze téléphones (en raison de deux par contrée) permettent  aux points focaux de signaler et de prendre en charge de manière rapide et efficace  les cas de violences faîtes aux femmes et filles. Un film sur la voix de la femme rurale, tourné à Bababé, Dar El Barka, Boghé, Ould Birom, réalisé par le comité en collaboration avec ATED a été projeté. Enfin, la slameuse Oumoyma n’a pas été en reste offrant à l’assistance une représentation forte de dénonciation des violences faites aux filles et femmes.

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