Ahmed Ould Hamza, ancien président de la Communauté urbaine de Nouakchott, a démissionné avec fracas, il y a trois mois, du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), présidé par Ahmed Ould Daddah. Il en contestait la stratégie de boycott électoral et la gouvernance solitaire. Le piètre score du RFD lors des élections législatives (3 députés), régionales et municipales auxquelles il ne s’est pas présenté lui donne raison. Apparenté au président Mohamed Ould Abdelaziz tout comme à l’ennemi juré de celui-ci, le richissime homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou, il a tenté en vain de les rapprocher.
Il estime ici que le parti présidentiel a certes gagné, mais plus difficilement que les résultats des élections ne le laissent paraître. Il ne croit pas que ce succès ouvre la porte à un troisième mandat présidentiel, à ce jour inconstitutionnel.
Jeune Afrique : Comment expliquez-vous les résultats décevants de votre ancien parti, le RFD ?
Ahmed Ould Hamza : Après plusieurs boycotts électoraux et le refus de beaucoup de ses militants de participer aux scrutins de ce mois de septembre, il n’était pas préparé et n’a pas présenté de listes dans tout le pays comme il aurait fallu le faire pour avoir des chances de l’emporter.
LA MAJORITÉ A GAGNÉ, MAIS DIFFICILEMENT
Le succès de l’opposition au premier tour n’est-il pas davantage dû au parti islamiste Tawassoul ?
Oui, car il est l’un des partis de l’opposition qui a travaillé sur le terrain depuis cinq ans. Il en avait les moyens. Il était présent sur le plan politique et social. Il a su faire des alliances avec d’autres partis de l’opposition. Mais, au deuxième tour, on a constaté un mauvais report des voix de ses alliés sur ses candidats. Manifestement leurs électeurs ont refusé de voter Tawassoul.
…Ce qui a contribué à une large victoire du camp présidentiel ?
La majorité a gagné, mais difficilement. Par exemple, à Aïoun, malgré l’intervention publique de cinq généraux, elle a perdu. Si le président n’était pas sorti dans tout le pays pour faire campagne, s’il n’avait pas tapé sur la table, beaucoup de candidats indépendants ne se seraient pas retirés. Les risques d’une fuite de l’électorat de la majorité étaient bien réels. À l’évidence, Mohamed Ould Abdelaziz a remonté le score de son parti.
POUR LA DÉMOCRATIE, IL SERAIT SOUHAITABLE QU’UN CIVIL SUCCÈDE AU PRÉSIDENT
La victoire de la majorité sortante annonce-t-elle une révision constitutionnelle autorisant le président à se présenter une troisième fois ?
Beaucoup le pensent. Je n’en suis pas sûr, car il a pris beaucoup d’engagements dans le sens contraire. Mais c’est une décision qui appartient à la souveraineté du peuple mauritanien.
Qui lui succédera ?
On parle de plusieurs personnes mais, pour la démocratie, il serait souhaitable que ce soit un civil.
Ne pensez-vous pas que la donne politique mauritanienne a changé vis-à-vis de ses élections ?
Effectivement. Par exemple, pour la première fois, le Premier ministre doit être accepté par l’Assemblée nationale. Le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) s’est permis de prendre des libertés en critiquant la façon dont se sont déroulées les élections. C’est un début de changement. Reste que le président est toujours le seul maître à bord et que ses troupes ne peuvent rien sans lui…
source jeuneafrique
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