Le 30 janvier 2021, nous nous sommes rendus au village de Feralla, auprès des populations. L’objectif de notre visite était de nous enquérir de la situation des terres du village pour lesquelles la communauté villageoise redoute une opération d’expropriation en cours par les autorités.
Historique
Suite aux évènements de 1989, le département de M’Bagne a accueilli des groupes de nos compatriotes rapatriés du Sénégal. Les autorités de l’époque ont fait aménager des terres de culture de décrue appartenant aux populations de Feralla pour les attribuer aux rapatriés. L’on se rappelle l’état d’exception qui prévalait malheureusement dans la vallée au moment des faits où les populations locales se souciaient plus de sauver leurs vies et protéger leur bétail face à la menace que constituaient les éléments des forces militaires et de police cantonnées dans la vallée et qui, se comportaient en véritables forces d’occupation.
Malheureusement les groupes de rapatriés qui ont bénéficié des parcelles pour la pratique de la riziculture n’avaient pas été préparés à leur nouvelle occupation. N’ayant pas la vocation de riziculteurs, les bénéficiaires ont vite abandonné les parcelles au bout de seulement trois années d’exploitation. Et depuis, ces terres sont restées en jachère jusqu’à ce que les autorités décident de réhabiliter le périmètre à travers les actions du PARIIS – MR (Projet d’Appui à l’Irrigation au Sahel). De l’avis des populations que nous avons rencontrées en assemblée villageoise lors de notre visite, le village a été mis devant les faits accomplis, il n’y a eu de concertation préalable comme cela se devait dans de tels projets.
Une première alerte donnée par les responsables du village a abouti à la mise en arrêt des travaux d’aménagement mais vite repris suite à des manœuvres malintentionnées effectuées par des individus connus dans le département pour désinformer les autorités.
Notre position
Au regard des informations à notre disposition et après analyse de la situation, nous avons compris que la démarche entreprise pour la conduite du projet l’a été avec beaucoup de légèreté et un manque de responsabilité manifeste. Une simple concertation avec les populations aurait permis de dissiper les soupçons et réaliser le projet sans aucune contrainte.
Aujourd’hui, au moment où les populations du village s’apprêtent à organiser une marche pacifique qui partira du village et se terminera sur le site, deux responsables de la jeunesse, Moussa Thiam et Moussa Sabirin, sont convoqués par le commissaire de police de M’Bagne.
Tout en dénonçant les méthodes cavalières des autorités dans leurs rapports avec le village, nous soutenons les populations de Feralla dans leur légitime revendication à savoir, la restitution de leurs terres ancestrales, tout en les appelant à plus de retenue et de responsabilité.
Fait à Nouakchott, le lundi 22 février 2021
Coumba Dada Kane
Députée à l’Assemblée nationale
Vice-présidente d’IRA - Mauritanie