ll y a quelques semaines déjà que des sources bien informées nous renseignaient sur l’organisation prochaine d’une campagne de réimplantation du parti au pouvoir, l’Union Pour la République (UPR). Nos sources avançaient, même, la fin-Octobre pour le démarrage de cette action qui devrait permettre de renouveler l’ensemble des instances et structures de base du parti, avec cette nouveauté que, désormais, toutes les instances seront élues, et non plus désignées, comme par le passé. Un gros challenge, pour le parti au pouvoir dont les structures étaient, tout simplement, laissées à la discrétion des généraux, ministres et autres députés ou sénateurs. Chacun de ces pontes plaçait les siens.
Si elles se déroulent comme annoncé, ces grandes manœuvres s’inscriront dans la précampagne électorale, pour les municipales et législatives de 2018. Une perspective synonyme de véritable foire d’empoignes ? Quoiqu’il en soit, le principal parti de la majorité présidentielle pourrait se retrouver fort de millions de membres. Rien d’étonnant dans la mesure où nombre de ses grands et hauts cadres sortent de l’école du PRDS, via, notamment, l’université de Kobenni.
Intervenant à la veille de la présidentielle de 2019, la campagne de réimplantation revêt également une signification particulière. L’enjeu est très important, pour le président de l’UPR. Donné partant, depuis quelque temps, maître Sidi Mohamed ould Maham pourrait réconforter sa position ou, tout au contraire, céder le fauteuil, comme l’ont laissé croire certaines sources, à Moulaye ould Mohamed Lagdhaf, ex-PM et ex-ministre secrétaire général de la Présidence, tombé en disgrâce. L’UPR est, certes, un grand parti mais un parti aux pieds d’argile. Ce fourre-tout connaît de nombreuses difficultés à asseoir sa position de leader, au sein de l’arène politique nationale. Ses campagnes d’implantation se sont toujours déroulées dans la douleur, comme, du reste, la désignation de ses candidats. On se rappelle la campagne, annoncée, puis reportée à une date sine die, des sénatoriales. La tenue d’un congrès national fut, également, systématiquement reportée. En lieu et place, les réunions du bureau exécutif sont transformées en congrès. Une manière d’éviter des interminables querelles de clocher.
Autre problème, les rapports du parti avec le Président et son gouvernement. Il n’est un secret pour personne qu’ils n’ont jamais été des meilleurs. L’UPR n’a eu de cesse de devoir avaler des couleuvres, à chaque grande échéance électorale. Lors des présidentielles de 2009 et 2013, ses cadres n’ont joué que les seconds rôles, le Président confiant l’essentiel des postes de confiance à des personnes extérieures au parti. Il en fut de même pour le referendum du 5 Août 2017. Ses directoires de campagne ont été surtout confiés aux membres du gouvernement et à l’administration territoriale.
Les rapports avec les autres partis de la majorité présidentielle, ce géant aux pieds d’argile sont aussi loin d’être sains. L’UPR regarde, de très haut, ces structures à qui il reproche de grignoter, pour rien, sa part au gouvernement. Plusieurs leaders de ces « petits » partis de la majorité présidentielle se plaignent de leur marginalisation, systématiquement entretenue par leur principal partenaire. En off, ils n’hésitent pas de parler de « mépris », de la part de l’UPR qui prend des décisions sans leur avis et sans les informer. Les difficultés de parvenir à des listes communes ou à des désistements, au profit des uns et des autres, lors des élections municipales et législatives, est une illustration parfaite de ces rapports « nuancés », entre les membres de la coalition de la majorité présidentielle.
Enfin, il faut noter qu’en dépit de son « ancrage » ou « maillage » du pays, l’UPR manque cruellement de discipline interne. Le parti du Président n’a pas vu venir la fronde des sénateurs de leur propre camp ni levé le moindre petit doigt. Il faut dire que, plus royalistes que le roi, les cadres et militants de l’UPR avaient, en relayant ou en vulgarisant le discours du Président à Néma, en 2014, tiré à boulets rouges sur les honorables. Une erreur monumentale, payée cash, par le pouvoir, avec le rejet sénatorial des amendements constitutionnels. Au cours de la campagne référendaire qui a suivi, campagne où s’est fortement investi le Président, parce que, dit-il, « si je ne le fais pas, personne d’autre ne le fera », l’UPR a brillé par son inefficacité sur le terrain. Il porte une lourde part de responsabilité, dans les résultats, très peu satisfaisants, de la consultation. Si les meetings du Président ont drainé du monde, dans toutes les capitales régionales et à Nouakchott, la participation au scrutin n’a pas suivi. L’absence ou le manque de maîtrise et d’encadrement des militants réputés membres actifs du parti prouve que celui-ci a, quelque part, failli à sa mission.