En rejetant l’accord sur l’exportation de «bonnes» vers l’Arabie Saoudite, l’ex-ministre énumère ce que son pays attend du royaume saoudien : des investissements dans l’enseignement supérieur et la recherche pour atteindre un haut niveau de qualité similaire au niveau de l’université Roi-Abdelaziz ; le financement d’un programme complet pour la réforme de l’enseignement primaire et secondaire afin de résoudre le problème de la déperdition scolaire dans les banlieues et les bidonvilles qui se trouvent à la périphérie des grandes villes.
Le docteur Bakay évoque les pertes financières de son pays à la suite de la rupture des relations avec le Qatar décidée par suivisme aveugle et irréfléchi pour plaire à l’Arabie Saoudite, en contrepartie de quelques millions de dollars promis par les Saoudiens au gouvernement mauritanien, mais qui sont sans rapport avec ce que rapportaient non seulement les investissements du Qatar en Mauritanie, mais aussi les centaines de fonctionnaires mauritaniens, magistrats, imams et enseignants qui travaillaient au Qatar.
L’annulation de la convention que l’ex-ministre revendique est, officiellement, motivée par le souci de protéger les Mauritaniennes contre les abus dont elles étaient victimes et contre les atteintes à leur dignité. Le texte définit les travaux domestiques concernés et offre des garanties pour les femmes qui désirent profiter des opportunités d’emploi en Arabie Saoudite.
En réalité, c’est une forme d’hypocrisie dont le but est de tromper l’opinion publique en Mauritanie où les organisations de défense des droits des femmes ne cessent de protester contre le véritable esclavagisme auquel les Mauritaniennes sont soumises en Arabie Saoudite. Il y a deux ans, l’Association de femmes chefs de famille de Mauritanie avait révélé un scandale de traite massive de femmes impliquant l’Arabie Saoudite où des centaines de Mauritaniennes se sont retrouvées «séquestrées dans des cours de maison, victimes de toutes les formes de maltraitances physiques, psychologiques et sexuelles». L’ONG dénonçait alors «une forme aberrante d’esclavage contemporain et une traite sexuelle». Ce trafic était facilité par les administrations mauritaniennes pour la délivrance de passeports et par les autorités saoudiennes pour ce qui est de l’octroi des visas.
Cette pratique d’un autre âge est aggravée par le fait qu’elle concerne les «harratine», qui font partie de la catégorie – 40% de la population, dit-on – d’esclaves ou descendants d’esclaves de Mauritanie. Ce sont ces femmes mauritaniennes qui sont exportées vers l’Arabie Saoudite comme «bonnes».
Houari Achouri
source algériepatriotique.com